Dans sa revue du « Nissan Green Program 2010 » le constructeur Japonais rappelle que pour atteindre une stabilisation des teneurs en CO2 dans l’atmosphère aux environs de 450 ppm (nous avons atteint 400 ppm cet hiver) il faudra que les émissions de CO2 des véhicules soient réduites de 90% d’ici à 2050. Cette conviction du management de Nissan l’a poussé à jumper au véhicule tout électrique avec l’aide de la technologie des batteries Lithium Polymère (laminated) de NEC, mise en production au sein de la filiale AESC. Nissan a pour l’instant fait l’impasse sur les véhicules full hybrides trop complexes et trop chers à développer et industrialiser, en face de la concurrence des deux leaders japonais Toyota et Honda. Mitsubishi Motors le quatrième japonais a d’ailleurs fait le même choix du contournement de l’obstacle, avec sa i-MiEV et les batteries GS-Yuasa. Les fabricants japonais, dans les faits, se partagent technologiquement, aujourd’hui, le marché avec les deux leaders très hybrides et les deux suivants très électriques
Dans le cadre d’une approche commerciale très futée, Nissan déclare avoir conclu à ce jour 27 alliances avec divers Etats ou Municipalités dans le monde pour promouvoir le lancement des futurs véhicules électriques. Ces accords avec des villes japonaises (Yokohama, base de Nissan) des Etats américains (Tennessee, Oregon), européens (Danemark, Portugal, UK, France, Monaco, etc.) et autres Etats ou localités (Israël, Hong-Kong, Singapour). Cette démarche présente pour Nissan un double intérêt: c’est une promotion gratuite pour ses futurs produits et cela assure un placement immédiat et garanti des productions des deux ou trois premières années. Parfait exemple de green business, mais basé sur un travail préalable de R&D et d’industrialisation de plus de dix ans.
On n’entre pas dans le green business comme dans un moulin, il faut avoir beaucoup travaillé et de façon soutenue au préalable. Peugeot qui va aller acheter ses véhicules électriques à Mitsubishi le sait bien. Certains théoriciens économistes fumeux américains parlent de « Transition de Phases », on tomberait subitement dans un nouveau monde, totalement différent, fait d’énergies renouvelables, annoncé par la crise économique. Non les évolutions technologiques sont des processus lents, décidées par des industriels il y a dix ou quinze ans, à partir de visions techniques et marketing audacieuses. Ces évolutions ne sont pas victimes de spéculation et ne sont pas soumises à des crashs boursiers. La substituabilité des sources d’énergies se décline sur des décennies et en fait, les nouvelles sources d’énergies se superposent aux anciennes qui elles mêmes se modernisent. Les moulins à vent existaient avant qu’on les nomme éoliennes et la découverte de l’énergie électrique. La lenteur du développement de l’énergie nucléaire, pourtant inéluctable si l’on veut pouvoir démolir quelques centrales au charbon, illustre la viscosité des processus de substituabilité. Le captage et le stockage du CO2 demandera de longues années de mise au point. L’énergie photovoltaïque s’imposera peu à peu en mode centralisé ou décentralisé au gré des réductions de coûts et de la mise à disposition de systèmes intégrés au sein de chaque foyer.
L’électrification du parc automobile mondial demandera un demi-siècle ou plus, le temps de s’affranchir du pétrole et de savoir produire et acheminer de l’énergie électrique à peu près proprement. Ne réussiront dans le green business que ceux qui auront longuement travaillé, avec acharnement, sur des processus et des systèmes complexes innovants. Les théories selon lesquelle toutes les données changeraient après un formidable RAZ sont de lourdes foutaises.
Il ne faut pas croire ceux qui annoncent que le green business va sauver notre pays, par on ne sait quel processus miraculeux. Ce qui relancera notre pays c’est le travail collectif et le désir de réussir ensemble. Mais il n’est pas sûr que cette certitude soit encore partagée par le plus grand nombre.
LIRE un résumé de la revue du « Nissan Green Program 2010 »
Le 23 Juin 2009.
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