La consommation mondiale de carburants pour les véhicules particuliers peut-elle diminuer dans les années à venir?

                      La croissance de la population mondiale, l’accès de certains citoyens des pays en développement au confort et à la voiture individuelle, font prédire à beaucoup que les consommations d’énergie vont croître et que la demande mondiale en carburant va poursuivre inexorablement son ascension. Je voudrais montrer ici par un calcul très simple que la croissance de la consommation mondiale de pétrole n’est pas une fatalité, mais qu’elle va aussi dépendre des gains en efficacité énergétique réalisés sur les nouveaux véhicules, sur les infrastructures routières évitant les embouteillages et sur les progrès des moyens d’éco conduite mis à la disposition des conducteurs.

DELTA consommation = (N x CN – S x CS) Tm/100

                         L’approche la plus simple, comme dans les études démographiques, est de raisonner sur une année entre les ventes de nouvelles voitures et les mises en déchet. L’année 2009 ne sera pas une grande année pour la production automobile. Sur les 5 premiers mois, un peu plus de 24 millions de véhicules ont été produits, on peut donc estimer qu’en année pleine la production mondiale de véhicules neufs (N) sera d’environ 60 millions de véhicules. Leur consommation moyenne CN (en litres aux cent kilomètres) va dépendre du mix décidé à la fois par les constructeurs au travers de l’offre commerciale et les consommateurs au travers de leurs choix plus ou moins infléchis par des mesures de relance ou les  diverses taxes gouvernementales. La prime à la casse dans divers pays européens par exemple pousse la consommation moyenne des voitures neuves commercialisées vers le bas. Parmi les taxes et autres bonus-malus rappelons-nous de la vignette, impôt écolo avant l’heure, malheureusement supprimée. Le gouvernement chinois incite financièrement à l’achat de véhicules à faible consommation, etc.

                       Pour la mise en déchet des véhicules dans le monde, en estimant un parc mondial il y a 15 ou 20 ans à 500 millions de véhicules et un taux de mise au scrap de 6% on peut estimer le nombre de véhicules supprimés S à 30 millions d’unités. Ces véhicules de 15 à 20 ans d’âge présentent une consommation moyenne CS bien supérieure à celle des voitures modernes. Si l’on appelle Tm le trajet moyen en km de chaque véhicule durant l’année considérée, le DELTA de consommation résultant de la mise sur le marché de véhicules neufs et la mise au scrap de véhicules hors d’âge obéira à l’équation:

DELTA consommation = (N x CN – S x CS) Tm/100

            Cette variation de consommation sera nulle ou négative si :

 CN/CS et inférieur ou égal à S/N.

                  En 2009 le rapport S/N entre nombre de voiture scrapées et nombre de voitures neuves est environ égal à 1/2, la contribution à la consommation du parc automobile les entrées et sorties de 2009 sera donc nulle si la consommation moyenne des véhicules neufs CN est égale à la moitié de celle des véhicules mis à la casse CS. Pour une consommation moyenne estimée de 12 à 14 litres aux cent km pour les vieux véhicules américains, il faudrait les remplacer par des véhicules consommant entre 6 et 7 litres aux cent.

                   Ce calcul simple montre que si les progrès en efficacité énergétique sont importants sur les nouveaux modèles, l’économie de consommation alors réalisée peu aller jusqu’à compenser l’accroissement mondial du parc de véhicules. Aux Etats-Unis le remplacement d’une Cadillac modèle 1989 par une Prius permet à un Chinois de s’acheter la voiture de ses rêves, sans que les consommations de pétrole n’explosent.

                     Il apparaît donc que les progrès à accomplir dans les quelques années de chamboulement de l’industrie automobile que nous allons vivre vont être d’une très grande importance sur la demande mondiale de pétrole. Le monde va profiter pour cela d’un avantage majeur: le formidable gaspillage actuel qui se concrétise par les millions de 4X4 américains et européens qu’il va falloir mettre au scrap.

                      Les autorités gouvernementales ont un objectif simple à fixer aux constructeurs: que les consommations moyennes des nouveaux véhicules soient inférieures à la moitié des consommations des véhicules mis en déchet. L’objectif américain d’autonomie moyenne de 35,5 miles au gallon (soit 235/35.5= 6,6 litres/cent km de consommation) pour 2016 est un peu juste (FIG.), l’objectif européen de 130 g de CO2 au km ou 5,6 litres d’essence aux cent pour 2015 est un peu plus ambitieux. Mais tout cela n’est pas très important, parce que ce sont les constructeurs qui vont se bagarrer pour faire baisser la consommation moyenne de leur offre, en effet, leur avenir en dépend.

Autonomie-normes-nationales

                     Bien entendu tout se qui permet de réduire les consommations par une amélioration du réseau routier, par la mise à disposition de moyens d’éco conduite (formation, aide au choix du trajet, limitation de l’accélération, etc.) ou par une politique dissuasive des prix des carburants (arrêt des subventions aux carburants, vérité des prix, taxes diverses et autres TIPP) participe à ces progrès dans l’efficacité énergétique. Le désamour des populations vieillissantes urbaines pour l’automobile comme c’est le cas actuellement au Japon, va également dans ce sens.

                    De telles considérations permettent d’avancer que les consommations mondiales de pétrole, malgré l’accroissement du Parc automobile mondial vont rester sensiblement stables durant les 15 ans à venir (LIRE). Les progrès en efficacité énergétique dans les transports réalisés dans les pays OCDE vont globalement compenser l’accroissement des consommations dans les pays en développement. Par la suite l’arrivée de véhicules électriques avec un CN=0 ou proche de zéro pour les hybrides rechargeables au réseau, se traduira par une baisse mondiale des consommations de pétrole.

Le 24 Juin 2009

Commentaires

7 réponses à “La consommation mondiale de carburants pour les véhicules particuliers peut-elle diminuer dans les années à venir?”

  1. Avatar de Olivier
    Olivier

    vous prenez un exemple extrême, voici mon cas : j’ai une 309 essence qui consomme 7l/100 , une voiture neuve de même dimension consommera à peu de choses près la même chose.

  2. Avatar de ray
    ray

    Olivier, votre cas démolit complètement ma théorie. Zut! Mais je suis sûr que vous regarderez la consommation de votre prochaine voiture avant de l’acheter. Vous verrez les constructeurs depuis la 309, ont fait quelques progrès.

  3. Avatar de Olivier
    Olivier

    oui ma nouvelle voiture consommera 1l de moins, ça va pas changer grand chose

  4. Avatar de karva
    karva

    Bonjour,
    On peut se tromper, mais j’ai tendance à penser que vous avez raison. Le prix de l’essence me semble devoir être supérieur à 60 dollars/bbl longtemps, car il reveint cher d’extraire les indispensables pétroles de l’Alberta et autres.
    Ensuite, on a eu ces dernières 5 années une diminution de la conso des voitures neuves en France, qui est annonceuse (de 155 à 130 gCO2/km) des mêmes diminutions en Europe, aux US et en Chine…Par exemple, on est près de deux fois moins consommateur au km qu’une voiture US. Les USA savent bien qu’ils ne peuvent continuer longtemps avec une telle gabegie.
    Donc j’ai tendance à penser que la consommation va rester de l’ordre de 85Mbbl/jour ces dix prochaines années, surtout si la voiture électrique perce.
    Sinon, les constructeurs sont menacés de ne plus vendre leurs tanks.

  5. Avatar de ray
    ray

    Mon cher Karva, affirmer des idées iconoclastes même si l’analyse montre que ce n’est pas idiot est toujours difficile. Je suis d’accord avec vous l’inéluctable montée des prix des carburants et des taxes écolo joueront sur le processus, mais il existe bien d’autres paramètres importants tels que le vieillissement des populations riches dans le monde et la baisse du nombre d’actifs d’ici à 2050 qui se concrétisera par une baisse des budgets transports. Citons également l’urbanisation des populations riches et pauvres (2/3 des populations seront urbaines en 2050) qui limitera la croissance des transports individuels. Les nouvelles générations urbanisées et souvent plus ou moins désargentées, considèrent souvent la bagnole comme une charge et une source d’ennuis. Des études au Japon par exemple montrent ce changement tout nouveau d’attitude des jeunes de 20 à 30 ans.

  6. Avatar de Animal Penseur

    Bonjour, est-il possible d’estimer la consommation annuelle mondiale de carburant ?

  7. Avatar de Raymond Bonnaterre
    Raymond Bonnaterre

    La décomposition par secteurs (transport, industrie, etc.) est assez rare. Vous la trouverez parfois dans des documents de synthèse de l’EIA américaine ou de l’IEA.
    Voir par exemple l’excellente FIG.5 dans:
    http://fr.slideshare.net/rrazaqkayode/the-role-of-renewable-energy-in-moving-towards-sustainable-transportation.
    Pour accéder aux consommations de l’OCDE par produits j’utilise les graphiques de l’iea.
    https://www.iea.org/oilmarketreport/omrpublic/charts/
    Une remarque importante: ce sont les transports qui tirent les consommations de produits pétroliers dans le monde.
    Elles sont donc liées à la croissance des effectifs des classes moyennes qui détermine le parc de véhicules légers et aux miles parcourus par véhicule, lié au développement du réseau routier dans les pays émergents.
    Le transport aérien, le transport ferroviaire et le commerce maritime apportent leur contribution positive.

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