Quelques nouvelles des constructeurs automobiles sur l’électromobilité

Chery-EV-S18                Il est maintenant admis par tous les constructeurs automobiles que l’introduction d’un moteur électrique sous le capot  est la voie d’avenir pour avancer sur le chemin de l’amélioration de l’efficacité énergétique des véhicules. C’est une des solutions indispensables pour répondre aux attentes des consommateurs de plus en plus urbanisés et sensibles à l’impact de leurs choix sur le monde. Cette conviction largement partagée est assez nouvelle, l’opiniâtreté des constructeurs japonais et la vulgarisation de la traction électrique en Chine ont totalement fait basculer les opinions des décideurs vers cette évidence. L’Asie, une fois de plus a compris et agi plus vite que les « stratèges occidentaux », empêtrés dans leurs obséquieux 4X4 chromés et fort rentables. Mais là où les divergences persistent entre constructeurs, c’est sur le moyen de basculer d’un marché de l’esbroufe statutaire à un marché de la bonne conscience écologique. Les deux grands japonais, Toyota et Honda, ont fait, depuis longtemps, le choix du véhicule hybride, minimum technique nécessaire pour récupérer l’énergie en phase de décélération et de freinage à l’aide de batteries de type Ni-MH de moins d’un kWh. En couplant cette technologie à des moteurs de très haute efficacité énergétique et en optimisant les divers paramètres du véhicule (traînée, frottement des roues, masse), il est possible d’arriver à définir des modèles de voitures très économes en carburant. C’est le cas par exemple de la Prius Gen. III qui annonce une consommation de 4,7 litres aux cent kilomètres avec un moteur de 1,8 litre de cylindrée. Toyota et Honda vont donc, tous les six mois environ, sortir un nouveau modèle hybride pour, peu à peu, étendre cette solution au sein de leur gamme. De nouveaux modèles plus petits et donc moins onéreux ont déjà été annoncés par Honda et Toyota. A l’autre extrémité il y a ceux qui ont choisi de sauter directement aux modèles tout électrique, choix beaucoup plus risqué, mais en avance sur une demande de consommateurs en pleine évolution. Le plus avancé dans cette stratégie semble être Mitsubishi Motors qui fait réaliser sa batterie lithium-Ion par GS-Yuasa, un grand professionnel des batteries. Le constructeur japonais va sortir sa i-MiEV sous diverses finitions dont un modèle pour Peugeot. Ce véhicule sera équipé d’une importante batterie Li-Ion de 16 kWh pour une autonomie de 160 km environ. L’Alliance Renault-Nissan suit derrière mais présente en France un mulet Kangoo, à deux ans du lancement commercial, non équipé de sa batterie définitive (LIRE), ce qui ne fait pas très sérieux et ouvre la voie à un certain questionnement sur la maîtrise technique est industrielle du projet. Les chinois Chery et BYD suivent tout cela avec intérêt et présentent leurs premiers modèles. Ils ont pour eux l’audace des nouveaux venus, une formidable industrie chinoise des batteries en pleine expansion, dont BYD est un des grands acteurs, et l’immense marché chinois quasiment captif.

                  Voila pour les protagonistes essentiels de l’électromobilité. Entre ces deux choix extrêmes, il existe un immense champ d’exercice et de progrès qui concerne les véhicules hybrides rechargeables au réseau, les Plug-In. Ce sont des versions hybrides qui disposeront d’une certaine autonomie en mode tout électrique. Toyota vient d’annoncer qu’il allait proposer un premier modèle en 2012 et qui présenterait une autonomie électrique de 20 à 30 km. Ce genre de véhicule compte tenu de la complexité technique et des contraintes de coûts devrait occuper un créneau haut de gamme dans un premier temps. Toyota se propose d’en commercialiser 20 à 30 mille unités durant la première année de lancement.

                 Parmi les grands constructeurs européens tout le monde rame pour rattraper le retard. Le patron de Volkswagen, le Dr Martin Winterkorn, déclare vouloir se consacrer au pur hybride dans un premier temps, puis vouloir prendre son temps pour évoluer vers les versions Plug-In. Pour le constructeur allemand les versions 100% électrique ne représenteront que 1 à 1,5% du marché, sauf dans les très grandes métropoles et en Chine ou la proportion pourrait être plus élevée. La position originale de la Chine justifie sûrement les discussions en cours de VW avec le chinois BYD. Quand à Peugeot, en s’approvisionnant auprès de Mitsubishi pour le petit modèle électrique, cela lui permettra d’occuper la scène médiatique avec un bon produit et de préparer ses futurs modèles hybrides. Il annonce timidement un 4X4 3008 diesel  hybride pour 2010 qui pourrait être suivi par d’autres modèles, éventuellement produits en Chine?

                     Ces anecdotes montrent combien la reconversion de l’industrie automobile vers des solutions plus respectueuses de l’environnement est un processus tortueux et aléatoire. Nous ne parlerons pas de l’industrie automobile américaine en plein marasme qui demandera de longues années pour sortir du gouffre technologique et financier dans lequel elle est plongée. Une activité humaine qui arrête de croire au progrès technique pendant quelques années se retrouve rapidement  profondément en retard, surtout durant les périodes de changement de modèles de choix de modes de vie et de consommation, comme celle que nous traversons actuellement. 

Le 5 Juillet 2009.

Commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *