Pétrole: les cours de replient sur la crainte de règlements plus sévères des Marchés

                   Après un mois de Mai limpide où les cours du pétrole croissaient, avec un important effet de levier, au rythme de la dépréciation quasi monotone du dollar, la spéculation s’est mécaniquement poursuivie au début du mois de Juin jusqu’à 72 dollars le baril, pour finalement s’apercevoir que le support monétaire avait disparu. La chute du dollar était interrompue, faute de devise alternative. « Monde multipolaire et donc multimonétaire » font parties des pseudos postulats sans réelle signification opérationnelle. Les monnaies autres que le dollar ne présentent pas l’assise politique ou la convertibilité nécessaire à supplanter le billet vert. L’euro en particulier souffre d’une Europe économiquement affaiblie par la crise et politiquement désunie jusque dans ses instances bancaires centrales. Ce seul constat a enrayé la chute du dollar et provoqué la baisse du baril de brut vers les 60 dollars prévus (FIG.).

Cours-USA-récents-2009-07 

                 Mais d’autres menaces pèsent sur le cours du baril. L’Administration Obama voudrait limiter les mises sur le Casino qu’est le NYMEX. Gary Gensler, le patron de la CFTC (Commodity Futures Trading Commission), le gendarme des marchés tels que le NYMEX ou le CBOT (Chicago Board of Trade) qui sont des Sociétés cotées en Bourse, a informé les milieux professionnels qu’il allait procéder à des auditions cet été pour essayer de déterminer de nouvelles règles tendant à limiter le poids de la spéculation sur les marchés des commodities.

               La « big question » repose sur l’exemption de toutes limites des deux grandes banques que sont Morgan Stanley et Goldman Sachs. Elles peuvent aujourd’hui, intervenir sans limite sur ces marchés des commodities. Ce sont des intervenants financiers qui sont traités comme des intervenants commerciaux bien qu’ils n’aient jamais acheté physiquement un seul baril de pétrole. Ces banques gèrent en particulier les « index investment » des fonds de pensions ou des très riches Universités américaines qui achètent des futures adossées aux commodities comme elles achètent des actions: pour dégager un profit. Ce sont ces achats qui font grimper à la fois les cours du pétrole, du maïs, du coton, du cuivre et des porcs maigres, composantes hétéroclites du panier de commodities du parfait spéculateur (FIG.II).

CRB-Index-2009-07

                  La spéculation est indispensable à la fluidité d’un marché, mais toute la question repose sur la taille respective de cette spéculation par rapport à celle du marché physique d’une ressource limitée. Dans le cas du pétrole, il est clair que les échanges commerciaux sont devenus largement minoritaires. Là réside le coeur du débat, de la recherche d’un juste équilibre qui jusqu’à présent n’a pas trouvé de solution.

                  Dans le climat économique déprimé actuel, une menace sérieuse de limitation des échanges par un nouveau règlement des marchés, pourrait faire dégringoler les cours du pétrole en dessous des 50 dollars le baril qui semblent pour certains (CERA) un point d’équilibre pour la fin de 2009. Faire redescendre le baril en dessous de 50$ est également une bonne façon de redonner du pouvoir d’achat aux économies occidentales en difficultés, aux dépens de pays producteurs tels que la Russie, l’Iran ou le Venezuela qui ne sont pas de grands supporters de la démocratie américaine.

Le 12 Juillet 2009

Commentaires

Une réponse à “Pétrole: les cours de replient sur la crainte de règlements plus sévères des Marchés”

  1. Avatar de Visiteur
    Visiteur

    Merci pour l’article.
    Mais cette affirmation assennée urbi et orbi depuis des années par les grosses banques d’affaires US reste encore à prouver :  » La spéculation est indispensable à la fluidité d’un marché ».
    La réalité semble plutôt être :  » La spéculation est indispensable aux bénéfices trimestriels des market makers de Wall Street « .

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