Un exemple des limites des rapports parlementaires: celui du Député Poignant sur l’énergie photovoltaïque

                   Nos parlementaires dans un souci de rendre plus efficace leur fonction élective ont décidé de mener des enquêtes relatives à l’implication des organismes financés ou contrôlés par l’Etat dans le domaine des technologies innovantes. Il avait été reporté ici le considérable travail des parlementaires Bataille et Biraux sur les problèmes du captage et de la séquestration du CO2 (LIRE). Mais voila que le Député Poignant vient de présenter à la Commission des Affaires Economiques un rapport sur l’état de l’industrie photovoltaïque française, sur les divers programmes de recherches la concernant et sur la partie législative et règlementaire qui régit cette industrie et ses applications. Ce travail approfondi qui prend en exemple deux politiques européennes voisines  dans le photovoltaïque, l’une allemande réussie et l’autre espagnole complètement ratée, analyse assez lucidement la position de la France dans le domaine. Ce travail présente cependant d’importantes lacunes par une méconnaissance de ce qui se passe dans le domaine au plan mondial et par l’inexistence de toute approche marketing. On y détecte des contre-sens comme « Un marché atomisé qui permet l’insertion des nouveaux entrants »? Oui mais les plus faibles vont disparaître, laminés par la crise de surproduction. Des tableaux qui montrent les 10 plus gros acteurs mondiaux (4 chinois, 2 taïwanais, 2 américains, 1 allemand, 1 japonais) perdre des parts de marché entre 2009 et 2011?? Une ignorance des technologies modernes de production des wafers comme le procédé « string ribbon » d’Evergreen (FIG.), etc.

Evergreen-string-ribbon-process 

                      Bien sûr, dans sa conclusion le rapport préconise de mener une politique de totale intégration du Silicium aux systèmes clés en main, en passant par des phases pilotes de plusieurs années, en toute ignorance des contraintes économiques de surproduction provoquées par la formidable accélération chinoise et de l’incongruité des rythmes pénards de développement industriels à la française.

                      Il est dommage que le Député Poignant n’ait pas pu se rendre au Japon, à Taïwan et en Chine pour mener à fond son enquête. Pour la partie Marketing il aurait pu commander un travail prospectif auprès de quelque grand Groupe Mondial d’étude de marché qui aurait mis en perspective la complexité du problème et aurait sûrement infléchi ses positions.

                      Après la lecture de ce Rapport d’Information je demeure persuadé que l’avenir de notre industrie dans le domaine du photovoltaïque est dans l’Aval de la filière, au delà de la production des modules, à l’interface entre production d’électricité, sa distribution, son stockage et l’intégration architecturale des modules au sein des paysages français. Le prix des modules asiatiques qui ne va cesser de baisser, ne constituera alors, pour les ensembles domestiques, qu’une faible partie (15 à 30%) du prix de revient.

LIRE le Rapport d’Information du 16 Juillet 2009.

Le 18 Juillet 2009.

Commentaires

2 réponses à “Un exemple des limites des rapports parlementaires: celui du Député Poignant sur l’énergie photovoltaïque”

  1. Avatar de xav
    xav

    yen a marre des gens qui ne cessent de preconiser la delocalisation de l’industrie!
    en gros le reve de certains se resume à
    1 pays peuplé d’artisan et petits commercant (entrepeneurs soit disant!)
    quelques groupes giga size dans la bancassurance et l’agroalimentaire
    NON!
    la fabrication de cellule photovoltaique est un process hautement automatisé
    le cout de la main d’oeuvre dans un panneau est ridiculement bas
    pourquoi refuser en europe ces industries?
    vive l’allemagne qui a compris l’interet de l’industrie dans une economie developpée?
    ya qu’à voir comment resistent les economies européennes en fonction du % de l’industrie dans le PIB
    c’est du tout cuit
    Tcho

  2. Avatar de ray
    ray

    Et oui mon vieux Xav, les carottes sont cuites. Etre le 32ème fabricant d’un composant qui est un produit mondial avec quelques millièmes de part de marché n’a aucun sens. Il faut donc aller encore plus près du marché pour devenir le leader national de l’intégration de ce composant dans le network électrique local et cela demande beaucoup de travail, d’intelligence et et de lobbying. Les déboires rencontrés pour raccorder les installations au réseau, les problèmes fonciers, l’hostilité aux modules surimposés, les obstacles fiscaux et autres avanies administratives ou législatives racontés par Poignant illustrent la nature des multiples obstacles à franchir.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *