Que de bêtises avons nous lues, sur bien des blogs et autres rapports d’officines, sur les méchants paysans américains affamant les populations des pays en voie de développement pour égoïstement produire du maïs destiné à la production d’éthanol. La galette de maïs mexicaine devint hors de prix. Une large bouffée d’antiaméricanisme primaire, rendue possible par une spéculation tous azimuts, durant le printemps et l’été 2008, se répandit dans les milieux anarcho-écolos. José le destructeur des Mc Donalds l’avait bien dit! Que de bêtises sur un soi-disant peak-oil, que de courbes de consommations d’énergie à la croissance parabolique annonçant la pénurie inéluctable et imminente. Puis soudain, vint la crise! Financière, incomprise, tout d’abord, puis économique, beaucoup plus profonde, fortement liée à une demande de consommation de biens moins obséquieux, à la mise en évidence d’un pouvoir d’achat dégradé pour un large pan des populations laborieuses et vieillissantes subitement sevrées de prêts à la consommation, besoin de biens plus basiques, rejet des Marques affabulatrices, sensibilité des nouvelles générations à l’impact de leurs choix sur le monde. Ensemble détonant, conduisant à une pénurie d’offre de produits plus simples, plus dépouillés, correspondant à une demande nouvelle, indicatrice de l’élargissement du phénomène de Seconde Transition Démographique.
Mais l’appât du gain de certains n’a bien sûr pas disparu, les mécanismes d’avant la crise sont toujours aussi vivaces. Alors au mois de Mai, dans un climat de demande déprimée, les cours des commodities sont repartis à la hausse. Le CRB Reuters-Jefferies index, panier de la ménagère de commodities, s’est apprécié de 20% en cinq semaines, portant le baril de pétrole à 72$ le baril, l’essence à New York à 86$ le baril et le maïs à 450 dollars les 5000 boisseaux sur le Chicago Board Of Trade. Mais à partir de la mi-juin ce mouvement de hausse purement spéculatif, sur une amorce de stabilisation du dollar s’est essoufflé et les cours des commodities se sont repliés, le pétrole revenant vers les 60$/baril. Depuis la mi-juillet les chemins entre produits pétroliers et maïs ont divergé (FIG.). Les cours du maïs, abandonnés par la spéculation sur des nouvelles de récoltes record, ont poursuivi leur baisse, perdant 25% de leur cote en un mois. Par contre, les cours des produits pétroliers repris en main par les financiers sont repartis sur une tendance haussière. Défiance envers le Président Obama dont l’idéologie irait parfois à l’encontre des profits de ces milieux et favoriserait l’affaiblissement du dollar?
Ce désintérêt de la spéculation pour le maïs, tout comme son désintérêt pour le gaz naturel devant des volumes de production importants, entraînent une baisse des cours des commodities favorables aux producteurs d’éthanol. On a vu ainsi le cours d’Archer Daniels (ADM) se valoriser de plus de 5% à plus de 30$ en fin de semaine dernière. De plus en plus de personnes raisonnables affirment vouloir juger les biocarburants sur leurs performances mesurées économiques et écologiques réelles et non pas sur des chiffres faux qui circulent dans les salons écolos. Réaction contre cette tentation de vouloir brûler les Dieux encensés la veille et contre cette démarche irrationnelle faite d’émotions et animée par des gourous souvent incultes.
Le 27 Juillet 2009.
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