Il est possible de lire ce matin dans des dépêches et diverses revues renommées à la fibre économique que les cours du pétrole se seraient repliés en raison de la montée des stocks hedomadaires de brut américain de 5 millions de barils en fin de semaine dernière. Ce genre d’interprétation qui tendrait à faire penser que le marché du pétrole est un marché normal évoluant avec le niveau des stocks, est de toute évidence erroné. En effet, plusieurs raisons militent pour réfuter cette interprétation assez simpliste:
- les stocks de pétrole américains, alimentés par la spéculation, connaissent une hausse continue depuis le début de l’année. L’excès de stock peut être évalué à 150 millions de barils et n’a aucun impact sur les cours du pétrole,
- cette poursuite de la montée des stocks, alimentée par la spéculation, était attendue par le marché en raison d’une courbe des cours à terme en fort contango. Les ouragans de l’été sur le Golfe sont attendus.
- les stocks à Cushing à 32 millions de barils proches de la saturation limitent les échanges physiques sur le marché new-yorkais, la conséquence est une prise de relai du leadership par le Brent à Londres qui devance le WTI
Par contre depuis deux jours le dollar a amorcé un mouvement de reprise vis à vis de l’euro et les cours du pétrole WTI hier à New York ont suivi l’évolution de l’indice USDX, panier des taux de change du dollar avec les principales monnaies, reflet symétrique habituel de la spéculation sur le pétrole en relation avec les taux de change du dollar (FIG.).
Depuis belle lurette le marché financier du pétrole et de ses dérivés se moque éperdument de l’état des stocks, des échanges physiques et des conditions économiques du moment. Tant que la puissance politique n’aura pas bridé un tant soit peu ce marché, la spéculation pourra s’exprimer en toute liberté. Pour l’instant elle joue à moyen terme la baisse du dollar, la baisse de crédibilité de l’Administration Obama et l’hostilité des milieux industriels et financiers envers cette dernière. Les projets de Taxe Carbone (Cap & Trade) et de Sécurité Sociale ont du mal à séduire les milieux dirigeants américains.
Le 30 Juillet 2009


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