Et si la dernière hausse des cours du brut n’était qu’une simple cuisine de spéculateurs

 Les cours du brut WTI à New York, sur un Marché tendanciellement et logiquement baissier depuis le début du mois d’Août, ont gagné 3 dollars par baril cette semaine pour terminer aux alentours des 70 dollars d’équilibre du moment (FIG.). Le Brent plus éloigné du temple de la spéculation qu’est le Nymex, a suivi en renâclant et ne s’est valorisé pour sa part que de deux dollars. Cette hausse ne repose apparemment sur rien. Les chiffres d’accroissement des consommations d’essence aux Etats Unis ne voulant rien dire, en raison d’une base un an auparavant distordue par les ouragans dans le Golfe du Mexique. Le raffermissement du dollar aurait, au contraire, dû faire replier le cours du baril. Alors il faut jeter un regard dans la cuisine, là où la spéculation mitonne ses hausses ou ses baisses, sous l’oeil endormi et bienveillant de la CFTC (Commodity Futures Trading Commission). Cette dernière, sur la demande expresse du Président Obama, est en pleines discussions avec la SEC (Securities and Exchange Commission) pour qu’ensemble elles proposent de nouvelles règles de régulation des Marchés et tout particulièrement des OTC (over-the-counter) qui on coûté pour l’instant 1600 milliards de dollars de write-off aux diverses institutions financières de la planète. Le rapport était attendu pour la fin du mois de Septembre. Mais Lundi dernier un sobre communiqué de la CFTC annonça que le rapport n’était pas prêt et qu’il faudrait encore deux semaines pour le peaufiner.

 Tout cela peut signifier que les points de vue entre les durs de la règlementation et les laxistes du laisser-faire le Marché s’affrontent et ont du mal à trouver un juste milieu qui doit bien sûr obtenir l’aval de l’Administration et des Commissions du Congrès. Ces hésitations ne peuvent que plaire aux lobbies des opérateurs qui espèrent toujours un simple faux-semblant de règlementation qui ne changerait rien ou pas grand-chose aux habitudes du moment. A suivre donc…

Cours-BRENT-WTI-2009-10

LIRE le dernier communiqué de la CFTC.

Le 3 Octobre 2009

Commentaires

5 réponses à “Et si la dernière hausse des cours du brut n’était qu’une simple cuisine de spéculateurs”

  1. Avatar de bonnaterre
    bonnaterre

    mon papa que j aime, ton article est très interessant….!!

  2. Avatar de ray
    ray

    Oui JP, le taux de change du dollar est un des moteurs de fond des cours du pétrole en ce moment, nous en avons déjà largement discuté sur ce blog.
    http://www.leblogenergie.com/2009/07/les-cours-du-p%C3%A9trole-wti-se-replient-sur-une-valorisation-du-dollar.html
    Mais durant la semaine considérée ici le pétrole s’est évalué avec un dollar en progression ce qui est l’inverse de l’effet attendu. Depuis le dollar a chuté et le baril s’apprécie. Mais tout cela est très fragile et bien artificiel.

  3. Avatar de Pif le chien
    Pif le chien

    Salut Raymond et merci pour tes post pétrole toujours tres instructifs. Je souhaiterais comprendre la raison des écarts entre cours WTI et Brent / dans un monde parfais, les arbitragistes devraient niveler assez rapidement les cours sur une moyenne pondérée WTI/Brent (in gros je vends le pétrole cher US et j’achete le pétrole pas cher UE, en tenant compte des couts additionnels de transport UE-US) / Pourquoi ce n’est pas le cas ? les 2 marchés sont totalement distincts (clients/fournisseurs/cotations) ?
    Merci de m’indiquer les pistes à suivre pour piger ce point et l’interpreter (car je trade pétrole …)
    Autre question : une explication a-t-elle été trouvée pour l’accroisseemnt anormalement elevé des stocks US d’il y a 15 jours (+ 11 Mb) ? (hormis les stocks flottants fantome) / Merci pour tes lumieres / cordialement / Pif le chien …

  4. Avatar de ray
    ray

    Mon cher Pif, la différence des cours entre WTI à New York et le Brent à Londres est un phénomène complexe à comprendre pour un observateur lambda comme moi qui ne fréquente pas les salles de marché. Ce dont je me suis aperçu c’est que généralement le Brent suit le WTI mais avec parfois un certain retard si la spéculation américaine s’emballe. Le Brent amortit généralement la spéculation. Il existe cependant des fenêtres de plusieurs semaines durant lesquelles le Brent prend le leadership: c’est le cas lorsque les stocks à Cushing, Oklahoma sont saturés (vers 35 millions de barils. On a connu un tel épisode aux mois de Juillet/Août par exemple. J’interprète ce phénomène par l’arrêt des échanges physiques qui entrave le Marché new-yorkais, la spéculation se reporte alors à Londres. Lorsque les stocks de Cushing reviennent à des niveaux plus normaux, la spéculation revient à New York et le WTI repasse au dessus du Brent, ce que l’on voit très bien sur la courbe illustrant le papier, vers le 24 Août.
    Il se dit beaucoup de bêtises sur les variations de stocks aux USA dans la presse. Tout d’abord parce que certains ne regardent que les stocks de brut ou d’essence alors que les professionnels regardent les stocks totaux et même les stocks fantômes, ceux qui flottent et qui ne sont pas publiés par l’EIA. Aujourd’hui il y a 120 millions de barils de trop dans les stocks officiels américains et peut être 200 millions si l’on intègre les stocks flottants (tout le monde avait stocké en attendant les ouragans qui ne sont jamais arrivés). Mais cela n’empêche pas le pétrole de se valoriser. Le Marché SE MOQUE EPERDUMENT DES STOCKS parce qu’il est totalement manipulé par la spéculation financière qui a décidé de mettre quelques milliards de dollars sur les commodities pour se protéger contre la dévaluation du dollar. Arbitrer sur le brut rapporte des milliards, alors toutes les institutions financières viennent participer à la fête…jusqu’à ce qu’un coup de sifflet vienne dire que la récréation est finie et que la bulle dégonfle.
    A propos Pif, donne le bonjour de ma part à Placid et Muzo si tu les rencontre un jour.

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