Nouriel Roubini: un nouveau crash est en cours de formation

Roubini  Nouriel Roubini, Professeur d’économie à la Stern School of Business de l’Université de New York, doit sa célébrité dans le monde de la finance à sa prévision du crash de 2008. Une interview récente le décrit toujours aussi pessimiste sur la formation d’une nouvelle bulle spéculative sur le pétrole et autres commodities. Pour lui après la chute vers les 30$ le baril, les cours du pétrole, sur les signes d’un rétablissement de l’économie, auraient du remonter vers les 50 dollars. Il y a donc aujourd’hui par rapport aux fondamentaux, 30$ de trop dans les cours. Poussé par les acteurs qui empruntent à bon compte du dollar pour spéculer (carry-back) le pétrole risque d’atteindre les 100 $ le baril ce qui, dans le contexte économique très fragile actuel, sera aussi dramatique qu’ont été les 145$ en 2008 dans une économie en croissance. Pour Roubini, ce sont ces prix délirants du pétrole en Juin 2008 qui ont été la principale raison de la crise économique. Outre les taux administrés proches de zéro qui permettent aux institutions financières de trouver le cash à bon compte pour spéculer, Roubini condamne la passivité des régulateurs qui croient aux « laissez faire markets ».

L’analyse de cet économiste distingué est bien sûr fort pertinente. Cependant, dans cette interview, il oublie d’évoquer les mécanismes d’adaptation de l’économie à une ressource énergétique chère. On le voit aujourd’hui dans l’industrie automobile où la sobriété énergétique des nouveaux modèles est devenue le principal argument de vente. Le transport aérien américain a fortement rationnalisé son offre de vols, la consommation de gasoil par les transporteurs routiers s’est elle aussi fortement réduite. L’Amérique brûle moins de pétrole, elle en brûlera moins encore l’an prochain.

La vraie question est donc quel est le seuil critique des cours du brut au-delà duquel l’économie américaine est en péril? 100$ dit Roubini, par analogie avec 2008. Il n’est pas impossible que ce seuil soit plus élevé maintenant. 

LIRE l’interview de Roubini

Le 26 Octobre 2009

Commentaires

3 réponses à “Nouriel Roubini: un nouveau crash est en cours de formation”

  1. Avatar de JP
    JP

    Je ne suis pas enthousiasmé par l’analyse de Roubini.
    S’il est vrai que nous serions au niveau de 2005 pour l’offre/demande de pétrole, la surcote du baril par rapport à cette référence en 2005 s’explique en grande partie par la dévaluation du dollar.
    Donc: encore un crash, oui c’est possible, mais limité à la zone dollar, et amorti dans cette zone par la meilleure santé économique à l’extérieur.
    On ne peut certes pas dire de Roubini qu’il est incapable de penser en dehors des schémas mainstream. C’est donc d’autant plus marrant de voir cet américain qui n’arrive pas à intégrer l’idée que le dollar n’est plus une référence absolue.

  2. Avatar de ray
    ray

    Le dollar n’est peut-être plus une référence absolue dans votre vision du monde JP, mais pour l’instant c’est lui qui détermine le prix des commodities et qui drive le taux de change du Yuan son poisson pilote. La toute puissance du dollar fait peut-être grincer les dents des Chavez et autres Hama dine déjà, mais objectivement où est la monnaie internationale alternative? Un méli-mélo de monnaies à la gomme, sorte d’Espéranto financier mondial? Plaisanterie.

  3. Avatar de JP
    JP

    Ah lala, comme c’est triste de voir un Français bien de chez nous comme ray réagir comme un américain.
    Bon, taquinerie mise à part, ce que je voulais dire, c’est que le dollar n’est plus l’unité étalon avec lequel on mesure la valeur. Vous savez autant que moi que depuis quelques mois, le cours exprimé en dollar de plusieurs matières ne reflète plus tellement leur valeur, mais surtout celle du dollar par rapport aux autres grandes monnaies.
    Autrement dit, c’est un panier (informel, certes) des autres devises importantes, qui en pratique sert d’unité de référence aux intervenants du marché mondial lorsqu’ils évaluent une commodity. Vous pouvez ne pas y croire, mézalors comment allez-vous expliquer que le cours des commodities est plus stable en euros (par exemple) qu’en dollars?
    Après, oui, la technologie des marchés en temps réel permet de continuer à utiliser cette unité de valeur très volatile, le dollar, au moment de la transaction, en traduisant les prix selon la valeur du dollar à ce moment. C’est déjà plus embétant pour les transactions à terme, et il ne faut pas s’étonner si il y a une explosion du volume des contrats assurant le risque de change lié au dollar.

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