Il est bien souvent souligné ici combien l’établissement des cours du pétrole ressortaient d’une alchimie complexe dans laquelle les fondamentaux du Marché physique, régis par l’offre, la demande et les stocks, n’avaient que peu d’impact. Mais il est un marché aux Etats-Unis et donc dans le monde, encore plus imprévisible: c’est celui de l’essence. En effet un paramètre spéculatif supplémentaire vient pimenter ce marché plus étroit que celui du pétrole, c’est le comportement présagé des grands raffineurs. Les résultats trimestriels des Compagnies Pétrolières en cours de publication montrent qu’elles ont énormément souffert de la conjoncture du raffinage durant ce troisième trimestre en raison de la faiblesse persistante de la demande en carburants et de la faiblesse des marges de raffinage, en particulier des marges sur l’essence (FIG.).
Alors que les cours du gasoil suivent sagement les cours du Brent à Londres avec un spread de 4 à 10 dollars par baril, dans le cas de l’essence les choses sont beaucoup plus sportives. A quelques semaines d’intervalles peuvent se succéder de fortes anticipations de pénuries pour un raffinage supposé en sous production, poussant le spread au dessus de 15 dollars le baril, suivies par des constatations de stocks pléthoriques ramenant le spread vers des valeurs proches de zéro, comme à la fin du mois de Septembre. Ces variations spéculatives amplifient celles du pétrole à la hausse et se répercutent sur les prix à la pompe.
Les raffineurs américains qui avaient dû jouer l’arrivée d’un ouragan dans le Golfe du Mexique et qui leur a fait faux bond, constatant la faiblesse structurelle de la demande, ne cachent pas qu’ils vont réduire leurs volumes de production pour essayer de rétablir leurs marges. Il n’est donc pas impossible de revoir les prix moyens de l’essence aux Etats-Unis, repasser rapidement au dessus des 3 dollars le gallon, seuil psychologique qui détermine les comportements d’achats vers des modèles plus économes en carburants. Les ventes de 4X4 avaient fortement chuté aux USA dès le printemps 2008, bien avant la crise, lors du passage de ce seuil des 3 dollars/gallon par l’essence (LIRE). Ce prix est d’ailleurs déjà franchi sur la Côte Ouest.
Anticiper une augmentation des consommations de carburants aux Etats-Unis, sur la base d’une timide reprise économique, semble être une erreur profonde de compréhension des comportements des consommateurs américains.
Le 30 Octobre 2009



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