Les cours du pétrole dopés par la FED et douchés par la demande

 Les cours du pétrole à New York sont tirés à hu et à dia. D’un côté la spéculation qui emprunte du dollar en monnaie de singe, à des taux quasi nuls, joue à bon compte au casino des produits pétroliers. Il faut avouer que depuis les 35$/baril du printemps certains traders ont bien gagné leur faramineux bonus. Pour les encourager, la FED vient de leur signaler que les taux allaient demeurer toujours aussi faibles pendant quelques mois encore, tournée générale gratuite pour une assemblée d’ivrognes. Les bateleurs de la spéculation ne rechignent devant aucune compromission pour faire monter encore les cours. N’a-t-on pas lu avec étonnement les déclarations du célèbre Jeffrey Currie de Goldman Sachs, affirmer sans vergogne que ce n’est pas la faiblesse du dollar qui fait monter les cours du brut. C’est l’inverse, c’est la montée des cours du brut qui affaiblit le dollar. Il faut oser le dire! Tout cela pour annoncer un 85$/baril à la fin de l’année et un 95$/baril d’ici à un an. La fête continue! Mais il est bien certain que toute cette gouaille repose sur de bien fragiles bases. La demande n’est pas là. L’effet des prix des carburants aux Etats-Unis bride la consommation. Certains achètent même des voitures diesel allemandes, c’est vous dire! Et puis il y a eu la gifle de l’Arabie Saoudite qui ne veut plus indexer son pétrole sur les cours du WTI. L’Aramco va utiliser l’Argus Sour Crude Index (ASCI), indice spot de pétroles du golfe du Mexique, pour indexer ses prix. Le symbole de défiance vis à vis de la spéculation newyorkaise est très fort. Alors le Marché est nerveux, à la moindre mauvaise nouvelle le WTI plonge. Hier par exemple sur l’annonce d’un taux de chômage américain au dessus de 10% le WTI a perdu 3$/baril en quelques heures (FIG.). Pour accrocher le brut à 80$/baril il va falloir que Jeffrey Currie raconte beaucoup de salades.

Cours-2009-11-6

LIRE les propos rapportés de Currie sur Bloomberg.

Le 7 Novembre 2009

Commentaires

7 réponses à “Les cours du pétrole dopés par la FED et douchés par la demande”

  1. Avatar de jeffrey currie
    jeffrey currie

    Dear Mister Bonnaterre,
    As you probably know, the USA imports yearly around 4 billions oil barrils. When its price jump from 30 $us to 80 $us, this adds to the trade deficit for 200$us billions. That is a 50% increase of this deficit.
    Whatever economics education one person could have got, not one would deny that a 50% trade deficit increase will strongly push down the dollar value.
    Sincerely yours,
    Jeffrey Currie.

  2. Avatar de ray
    ray

    Dear Mr Currie,
    If we follow your explanation, with a dollar price strongly linked to oil imports, we may be sure to be very close to a new oil price runaway. It’s not 95$/barrel you must predict within one year but something around 195 bugs/barrel, with 2 dollars for one euro.
    I understand your very difficult job to get sustainable a barrel price above 80 dollars, with US declining oil consumption.

  3. Avatar de jeffrey currie
    jeffrey currie

    Dear Mr. Bonnaterre,
    That declining US oil consumption is precisely what puts a limit on the oil price increase.
    Sincerely yours,
    Jeffrey Currie

  4. Avatar de grau rené

    Bjr à tous,
    c’est tjrs avec une grande attention que je lis ( et relis) les posts de M. Bonnaterre, tellements ils sont éclectiques et sacréments bien documentés.
    J’ai l’impression qu’il est agacé par la hausse du baril et j’en reste perplexe: la ressource étant appelée à se raréfier un jour, un prix élevé par anticipation conduit à décarboner dès maintenant les économies occidentales.
    Mieux vaut le faire pendant que la ressource est abondante que soudain contraint par une production insuffisante: les économies régissent fort mal aux à-coups.
    Pour ma part, plus le baril augmente tranquillement et plus je m’en réjouis !
    Nb: mes 2 modèles prédisent chacuns un baril autour de 110 $ à la fin 2010.
    Bien cordialement,
    RG.

  5. Avatar de ray
    ray

    René, que le cours du pétrole soit à 80$ ou 90$ le baril ne me dérange pas fondamentalement, effectivement cela incite à aller vers des voitures et des poids lourds moins polluants, et c’est une excellente chose. Ce qui m’horripile c’est la manipulation des marchés par des bateleurs qui annoncent des choses douteuses pour soutenir une spéculation totalement débridée par des taux d’intérêts américains proches de zéro et des autorités de marché à la myopie des plus complaisantes. Annoncer que la hausse du pétrole fait chuter le dollar est aussi stupide de dire que cette même hausse fait chuter l’euro ou le yen en sachant que l’Europe et le Japon importent eux aussi la quasi totalité de leur pétrole. Ce genre d’arguments oiseux est définitivement à condamner.
    Alors René, 110$/baril à la fin 2010 est tout à fait envisageable, l’offre et la demande physiques de pétrole dans le monde n’agissant que bien peu sur les cours. Il serait alors autour des 40 dollars de plus que ce que pourrait donner un marché spot non manipulé, mais ce serait globalement en ligne avec la faiblesse de l’Administration Obama et du dollar.
    Faites cependant attention à la conviction des marchés. L’Agence Internationale de l’Energie et l’Energy Information Administration vont arriver avec des prévisions de demandes mondiales en fort retrait pour les années à venir. Cela pourrait filer le bourdon à certains opérateurs qui jouent encore la hausse.

  6. Avatar de JP
    JP

    Justement à propos, cela me fait penser que alstom s’est récemment vanté d’avoir démarré une installation de capture et réenfouissement du co2, greffée sur une centrale à charbon, potentiellement d’une taille significative.
    http://www.scientificamerican.com/article.cfm?id=first-look-at-carbon-capture-and-storage
    Sinon, ce que je voulais dire, à propos des procès d’intention, c’est qu’il ne me parait pas que les peak-oilistes tels que ceux de theoildrum chercheraient à foutre la trouille, mais qu’ils sont sincères, ils ont eux même la trouille (peut-être aiment-ils se faire peur, autre débat).
    Oui, je crois que leur appréciation est biaisée, mais ca n’implique pas automatiquement que leurs conclusions sont systématiquement fausses. Après tout, ils furent les premiers à soulever ce problème, à raison selon moi car il n’était à l’époque absolument pas garanti que les solutions allaient apparaitre.
    Notez également qu’ils sont anglo-saxons pour la plupart. Leur civilisation est entrée dans la phase du déclin relatif. Ils ne peuvent le conceptualiser sous cette forme aussi choquante, mais les indices poussant au pessimisme ne leur échappent quand même pas, alors le pétrole fournit un schéma explicatif à leurs craintes.
    Ca m’est apparu après qu’un de leurs articles avait, partant du fait que la production pétrolière avait considérablement chuté autour du moment de l’effondrement de l’URSS, théorisé que cet « épuisement du pétrole russe » avait été la cause de l’effondrement politique. Et il leur avait fallu trois jours avant que quelqu’un ose questionner cette théorie….
    Quant à Goldman-Sachs, ce n’est là qu’une parmi d’autres de leurs manipulations du marché. S’ils n’avaient joué avec le baril, ils auraient joué avec autre chose. Par exemple, le joli V suivi par le Dow jones durant les premiers mois de l’année est leur ouvrage (avec la complicité de JP Morgan et Citigroup, c’est vrai), réalisé en distillant savamment les informations anxiogènes, puis rassurantes, sur la santé des banques, et en intervenant lourdement sur le NYSE ( à elle seule, Goldman Sachs y réalisait le quart des transactions ).

  7. Avatar de JP
    JP

    argh, je m’a gourai de thread
    enfin bon….

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