C’est une nouvelle qui n’a pas fait grand bruit, le CEA ou mieux, le CEAA, comme « énergies atomique et alternatives », va étudier la possibilité de construire un pilote de conversion de la biomasse en carburants et autres naphtas sur le site de Bure-Saudron, lieu où il étudie par ailleurs les problèmes d’enfouissement de déchets radioactifs. Son choix, de façon assez incompréhensible, se porterait sur un procédé de type Fischer-Tropsch avec addition d’hydrogène. Pour cela il se ferait aider par Air Liquide et sa filiale Lurgi (LIRE), par Choren le spécialiste allemand de la gazéification de la biomasse et que Shell vient de laisser tomber (LIRE), et par certains autres industriels des procédés. Ce pilote affirme le CEA devrait consommer dans les 75000 tonnes de matières sèches par an, pour produire 23000 tonnes de produits raffinés. Ne vous laissez pas impressionner par de tels chiffres annuels. Avec 340 jours opérationnels par an et une densité moyenne des produits raffinés de 0,85 ce pilote produira 500 barils par jour. De tels volumes représentent 1% de ce que produit une raffinerie de pétrole de taille modeste. Il a été longuement été expliqué ici qu’un tel procédé, trop complexe, trop dangereux ne pourrait se justifier que pour des installations de grandes tailles. Mais une unité 100 fois plus importante se heurterait aux problèmes d’approvisionnement en matière première qui demanderaient 22000 tonnes de bois par jour soit plus de 50 mille mètres-cube de taillis ou de paille. Une telle logistique n’est pas à la taille de l’Europe, même en passant par le bio-oil comme le préconise Lurgi.
C’est la raison pour laquelle les équipes les plus en pointe sur le sujet ont compris qu’il fallait développer des procédés plus rustiques, à la taille du canton. C’est le cas par exemple des procédés de pyrolyse catalytique rapide qui possèdent un niveau de rusticité « agricole » suffisant pour être développés au plus près de la ressource (LIRE).
Que le CEA étudie, avec l’argent du contribuable, les futurs procédés de conversion de la biomasse en liquides énergétiques est à la rigueur acceptable, mais à une condition: qu’il choisisse des procédés qui aient une petite chance d’être plus tard industrialisés… ce serait la moindre des choses.
LIRE le communiqué du CEA.
Le 29 Décembre 2009


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