Exploitation de la biomasse à des fins énergétiques: les grands Groupes entrent dans la danse

 A ce jour, 8% de la consommation d’essence américaine est assurée par de l’éthanol essentiellement américain provenant des champs de maïs locaux. Demain, avec l’homologation attendue du mélange E15, à 15% d’éthanol, par l’EPA, ce sont 13 à 14% de l’essence américaine qui proviendront d’éthanol local ou éventuellement importé. Pour l’instant, la production d’alcool américain est encouragée par une subvention fédérale de 45 cents/gallon et protégée par une taxe à l’importation de 54 cents/gallon. De ce fait le Brésil, deuxième producteur mondial exporte très peu vers les Etats-Unis. Le premier grand pétrolier américain qui a concrètement pris conscience de l’importance croissante de l’alcool, est le grand raffineur américain Valero. Ce dernier, au printemps 2009, a mis la main sur la plupart des grandes usines d’éthanol de VeraSun alors en faillite pour avoir spéculé sur les cours du maïs. Vient de tomber l’annonce de l’alliance de Shell avec le troisième mondial producteur de sucre, le brésilien Cosan. Ensemble les deux Groupes voudraient pousser les productions au-delà des 2 milliards de litres d’alcool produits par Cosan aujourd’hui et utiliser le réseau Shell en Europe et aux Etats-Unis pour distribuer le produit. Bien sûr une telle menace effraie les producteurs de bioéthanol US qui demandent à grands cris le renouvellement des subventions et des taxes protectionnistes qui ne sont actées pour l’instant que jusqu’à la fin de l’année.

Pellets La production d’éthanol cellulosique à prix compétitif ne semblant pas être pour demain, il est dévoilé que le grand Mitsubishi Corp. voudrait s’allier au très grand du bois américain Weyerhaeuser pour développer une importante filière américaine biomass-to-energy. Cette activité produirait de grandes quantités de granulés (pellets) pour les applications industrielles telles que l’apport de biomasse dans les centrales au charbon et autres chaudières d’industries. Mitsubishi dispose déjà d’usines de production de pellets au Japon et est impliqué dans la gestion de l’allemand Vis Nova Trading.

L’électricien allemand RWE annonce également qu’il va construire pour 2011 une usine de production de pellets aux Etats-Unis, en Géorgie où des usines de papier ont cessé leur activité et ont libéré de larges capacités d’exploitation des forêts. Cette unité qui aura une capacité de production de 750 mille tonnes de granulés par an devra alimenter la centrale thermique de Amer aux Pays-Bas dont l’objectif est de porter de 30% à 50% le mix bois-charbon qu’elle consume. Remarque: cette production de bois représente une énergie de 3,7 TWh thermiques par an, soit dans les 1,4 TWh électriques.

La nouveauté dans ces diverses informations provient du fait que les grands Groupes semblent sortir des programmes à minima, subventionnant quelques PME innovantes impliquées dans la recherche de valorisation de la biomasse, pour entrer de plein pied dans un business à leur taille, au sein de filières éprouvées et pérennes. Les marchés de l’éthanol de maïs ou de cane à sucre, ceux des granulés de bois font partie de cette catégorie.

Le 4 Février 2010

Commentaires

3 réponses à “Exploitation de la biomasse à des fins énergétiques: les grands Groupes entrent dans la danse”

  1. Avatar de Axelle 142

    En matière de biomasse, le problème est souvent l’approvisionnement, une site de vente en ligne de pellet existe, il livre dans toute la france à des prix très compétitifs : http://www.energie-biomasse.fr, il recence aussi tous les acteurs de la filières bois (combustible, materiel de chauffage, materiel forestier et services)

  2. Avatar de autonomyorganic

    Le problème est l’approvisionnement, j’habite en zone rural et j’ai lu que l’énergie biomasse, le poêle à pellet est un bon moyen de se chauffer à moindre coût.

  3. Avatar de Ray
    Ray

    Notons sur ce thème de l’arrivée des grands groupes dans les industries des biocarburants la prise de contrôle (83%) annoncée le 11 Mars 2011 de BP dans le brésilien Companhia Nacional de açùcar y alcool (CNAA).
    http://www.bp.com/genericarticle.do?categoryId=2012968&contentId=7067592
    La transformation de cane à sucre en alcool atteint aujourd’hui au Brésil des rendements de 8000 litres/ha/an. Demain, en utilisant une fraction de la partie cellulosique de la plante, ces rendements pourront atteindre les 14000 litres à l’hectare.
    Vendre de l’éthanol dont les cours suivront peu ou prou ceux de l’essence, va devenir une activité très rentable.

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