L’économie américaine semble avoir terminé son destockage au cours du dernier trimestre 2009

 Prise par surprise par la crise financière, l’économie américaine était entrée dans la crise économique avec d’immenses stocks de produits finis ou intermédiaires qu’il a fallu, par la suite, peu à peu éponger. La fugitive prime à la casse du mois d’Août 2009 avait par exemple participé à ce processus dans l’industrie automobile. Durant les trois premiers trimestres 2009 ce sont 360 milliards de valeurs en stocks non agricoles qui ont disparu, 40 milliards de dollars par mois en moyenne indique le BEA du Department of Commerce américain. Au cours du dernier trimestre ce déstockage s’est quasiment tari avec une baisse des stocks de 12 milliards de dollars seulement, soit 10 fois moins rapide qu’auparavant. Cette variation brusque de la vitesse de baisse des stocks apparaît dans le calcul du PIB chaîné américain au quatrième trimestre, comme un processus d’enrichissement de 130 milliards dollars 2005. Ce montant représente plus des 2/3 de la croissance du PIB de 188 milliards de dollars 2005. En d’autres termes dans la croissance annualisée du PIB américain de 5,93% du quatrième trimestre 2009, il y a 4,09 points qui proviennent de cette variation de la vitesse de déstockage non agricole. Il faut donc prendre cette croissance exceptionnelle du PIB comme la fin probable du processus. Il serait une erreur de sur-interpréter cette forte croissance de l’indicateur comme un signal de franche reprise économique (FIG.I, variation entre les deux derniers points).

PIB-USA-2005-2009q4

 Pour illustrer cette prudence, il est possible de mentionner que la génération nette américaine d’électricité au mois de Novembre 2009 s’est élevée à 283 TWh. Il faut remonter 9 ans en arrière, au mois de Novembre 2001, pour retrouver un chiffre aussi faible. La baisse de génération d’électricité cumulée sur 12 mois glissants, observée depuis Juillet 2008, se poursuivait gaillardement en Novembre (FIG.II). Elle est due à 65% à la baisse des consommations industrielles en énergie électrique, les 35% autres proviennent des consommations individuelles, publiques et commerciales. Ce seul exemple montre que le processus de reprise n’était pas encore enclenché au dernier trimestre 2009.

Generation-nette-USA-2003-2009-11

LIRE le communiqué du BEA du Department of Commerce américain

Le 27 Février 2010
 

Commentaires

2 réponses à “L’économie américaine semble avoir terminé son destockage au cours du dernier trimestre 2009”

  1. Avatar de JP
    JP

    Excellent post
    J’avais toujours eu la conviction que les chiffres de la chute avaient été aggravés par le déstockage, et que la terminaison de celui-ci expliquait cette apparence de reprise.
    Merci de l’avoir montré par les chiffres.
    Deux remarques:
    En réalité ces péripéties ne concernent pas seulement les stocks, mais plus généralement une certaine partie des immobilisations des entreprises.
    Illustrons cela plus concrètement: Supposons une entreprise qui anticipe une réduction de son activité. Elle va diminuer ses stocks de consommable, matières premières, et tous les inputs dont elle possède normalement des stocks répertoriés comme tels. Mais elle va aussi diminuer son « stock » de personnel, et donc son « stock » de locaux utilisables, d’ordinateurs, de machines, etc. Autrement dit elle va diminuer son stock d’outils de productions, en ne commandant pas de remplacement du matériel arrivé en fin de vie. Et cela, tant que ce « stock » d’outils de production n’est pas encore descendu au niveau adapté à l’activité réduite.
    Naturellement, l’usure des équipements ne va pas s’arréter. A terme elle finira par contraindre l’entreprise à recommencer à commander du matériel, juste pour maintenir le niveau de son équipement et de ses locaux à la hauteur de ce qui est nécessaire à cette activité réduite.
    Et voilà donc un autre mécanisme (ou plutôt, un cousin du mécanisme du déstockage que l’on connaissait déjà), dont la prise en compte pourrait bien permettre d’achever la démolition du mythe de la reprise.
    La lecture des chiffres décrivant l’évolution de la « consommation » en biens d’équipement des entreprises risque d’être passionnante, et déprimante. (selon les règles comptables d’amortissement qui s’appliqueront à chaque équipement, cette « consommation » sera plus ou moins classifiée avec les investissements.).
    Notons que tout cela est parfaitement connu des spécialistes de la prévision macroéconomique qui sont au service des états ou des grandes puissances économiques privées. Autrement dit, certains des intervenants des marchés boursiers savaient avec plusieurs mois d’avance à l’avance qu’il allait y avoir des statistiques économiques qui donneraient une impression de reprise, et approximativement commbien de temps cette impression durerait…..

  2. Avatar de JP
    JP

    Excellent post
    J’avais toujours eu la conviction que les chiffres de la chute avaient été aggravés par le déstockage, et que la terminaison de celui-ci expliquait cette apparence de reprise.
    Merci de l’avoir montré par les chiffres.
    Deux remarques:
    En réalité ces péripéties ne concernent pas seulement les stocks, mais plus généralement une certaine partie des immobilisations des entreprises.
    Illustrons cela plus concrètement: Supposons une entreprise qui anticipe une réduction de son activité. Elle va diminuer ses stocks de consommable, matières premières, et tous les inputs dont elle possède normalement des stocks répertoriés comme tels. Mais elle va aussi diminuer son « stock » de personnel, et donc son « stock » de locaux utilisables, d’ordinateurs, de machines, etc. Autrement dit elle va diminuer son stock d’outils de productions, en ne commandant pas de remplacement du matériel arrivé en fin de vie. Et cela, tant que ce « stock » d’outils de production n’est pas encore descendu au niveau adapté à l’activité réduite.
    Naturellement, l’usure des équipements ne va pas s’arréter. A terme elle finira par contraindre l’entreprise à recommencer à commander du matériel, juste pour maintenir le niveau de son équipement et de ses locaux à la hauteur de ce qui est nécessaire à cette activité réduite.
    Et voilà donc un autre mécanisme (ou plutôt, un cousin du mécanisme du déstockage que l’on connaissait déjà), dont la prise en compte pourrait bien permettre d’achever la démolition du mythe de la reprise.
    La lecture des chiffres décrivant l’évolution de la « consommation » en biens d’équipement des entreprises risque d’être passionnante, et déprimante. (selon les règles comptables d’amortissement qui s’appliqueront à chaque équipement, cette « consommation » sera plus ou moins classifiée avec les investissements.).
    Notons que tout cela est parfaitement connu des spécialistes de la prévision macroéconomique qui sont au service des états ou des grandes puissances économiques privées. Autrement dit, certains des intervenants des marchés boursiers savaient avec plusieurs mois d’avance à l’avance qu’il allait y avoir des statistiques économiques qui donneraient une impression de reprise, et approximativement commbien de temps cette impression durerait…..

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