Une étude Mc Kinsey sur les grands flux d’énergie électrique en Europe en 2050 montre les limites du tout renouvelable

 A l’initiative de l’European Climate Foundation, organisme établi par diverses fondations anglo-saxonnes, le cabinet Mc Kinsey a conduit une étude imaginant divers scénarios de génération d’électricité en Europe proscrivant l’utilisation des énergies fossiles sans CCS (captage et séquestration de CO2), faisant varier la part du nucléaire dans le mix, et faisant reposer une large part ou l’essentiel de l’approvisionnement en énergie électrique de l’Europe sur les énergies renouvelables (éolien, photovoltaïque, solaire par concentration, biomasse et hydroélectrique).

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 Selon les trois scénarios étudiés faisant varier la part relative des ressources fossiles et nucléaires (TAB.), il apparaît que plus la part des énergies renouvelables est importante dans le mix et plus il faut installer de puissance de génération en raison du faible taux de charge des équipements et des indispensables installations de backup. Mais cette étude montre également qu’en parallèle il faut installer massivement de nouvelles lignes d’interconnexion en raison de l’éloignement vers l’Espagne de la génération solaire et vers l’Ouest de l’Europe pour la génération éolienne. Par exemple dans l’hypothèse 60% renouvelable il faut installer une interconnexion de 33 GW entre l’Espagne et la France. Dans l’hypothèse 80% renouvelable, l’interconnexion s’élève alors à 47GW. Rappelons toutes les difficultés rencontrées ces dernières années pour installer une misérable ligne d’un GW de part et d’autre des Pyrénées.

 Cette étude met en évidence les contraintes apportées par une utilisation massive des énergies renouvelables de façon centralisée. Ceci est perceptible aux Etats-Unis où plus personne ne parle de la Super Grid du candidat Obama, qui devait relier les déserts californiens et les Rocheuses aux zones peuplées du continent Nord américain. Mais c’est aussi vrai pour l’Europe. Cette contrainte « logistique » des énergies renouvelables quand le désir est de les produire en masse sur le site idéal venteux ou ensoleillé, est un obstacle évident à leur diffusion. A moins de résoudre de façon élégante et économique le transport de masse de l’énergie électrique au travers des continents, il n’est pas évident que le mix énergétique de l’Europe en 2050 comportera 80% d’énergie renouvelable. Peut-être faudra-t-il encore brûler du gaz naturel et plutôt insister sur l’utilisation d’unités décentralisées, moins performantes mais plus proches de l’utilisateur.

 La complexité d’une solution purement européenne laisse imaginer ce que serait celle d’une solution, de type Desertec ou autre, où les générateurs seraient installés dans le Maghreb.

VOIR la présentation Mc Kinsey, ACCEDER au dossier complet.

Le 15 Avril 2010

Commentaires

7 réponses à “Une étude Mc Kinsey sur les grands flux d’énergie électrique en Europe en 2050 montre les limites du tout renouvelable”

  1. Avatar de an391

    La perte de rendement du au CCS devrait être de l’ordre de 30 ou 35% , c’est donc une mauvaise bonne idée typique, et cramer 30 ou 35% de charbon en plus pour se dire propre serait un véritable scandale(par exemple aux Appalaches, pour 3 montagne bousillées, on en bousillerait une quatrième pour désigner l’énergie fournie par les 3 premières comme propre).
    C’est profondément niais, statue de l’île de Paques technologique, espérons que ça ne se développe pas.
    La solution ? Avant tout l’efficacité énergétique bien sûr

  2. Avatar de ray
    ray

    mon cher an 40,
    Il est unfair de ne pas laisser une chance à une technologie nouvelle tant qu’elle n’a pas fait ses preuves de son inefficacité. La réussite ou non du CCS dépendra bien sûr de son efficacité énergétique, mais surtout du prix que seront prêts à accorder à la tonne de CO2 les futures générations. Soit elles n’accorderont qu’un prix minime au CO2 en s’arrangeant de la montée progressive de sa teneur dans l’atmosphère, limitée par sa dilution dans les océans et une politique stricte de management des sols, soit au contraire les prix de la tonne de CO2 vont se mettre à flamber aux travers de politiques gouvernementales très strictes contre les émissions. Bien sûr dans le premier cas les techniques de CCS demeureront à leur stade expérimental et prospectif. Dans l’autre cas ces technologies entreront en concurrence avec les énergies renouvelables. Il est même possible d’imaginer un scénario intermédiaire où seule une fraction du CO2 serait capturée à moindre coût conduisant à des technologies faiblement ou moyennement polluantes.
    Je me souviens de la grande unanimité des imbéciles qui condamnaient il y a 12 ans le moteur hybride de Toyota. Parmi eux figuraient les plus grands constructeurs automobiles européens. Ils n’avaient pas simplement prévu l’impact des préoccupations environnementales sur les politiques des Etats sponsors et sur les choix des citoyens. Et pourtant, récupérer l’énergie au freinage était une formidable idée de judoka nippon!
    Il faut donc voir comment vont évoluer les technologies de CCS, peut-être ne faudra-t-il que 10 ou 15% d’énergie en plus, qui pourront être récupérées dans le cas du charbon gazéifié par des générateurs à cycle combiné de bien meilleur rendement. Il ne faut pas raisonner que sur la seule opération de CCS, il faut étudier un système complet qui, lui, peut conserver un rendement énergétique satisfaisant avec des rejets de CO2 limités.
    Pour l’instant ces opérations de CCS sont réalisées sur certaines extractions de gaz naturel comme à Sleipner avec satisfaction. Laissons donc toutes leurs chances à ces technologies qui se développeront probablement de façon très lente, le temps de maîtriser les options les plus économiques.

  3. Avatar de irisyak

    Mme Lauvergon l’a bien dit:  » le 21° siècle sera le siècle du stockage de l’énergie ». Nous ne savons pas aujourd’hui le coût futur de ce stockage. S’il est faible tout le raisonnement tombe …

  4. Avatar de ray
    ray

    Attention Irisyak, l’équation n’est pas aussi simple. Nous parlons bien sûr de l’énergie électrique.
    Il faut tout d’abord savoir la produire proprement et de façon économique, puis éventuellement pour utiliser les ressources intermittentes à plein effet et répondre aux pointes d’appel il faudra savoir la stocker soit sur le site de production soit chez l’utilisateur final, enfin il sera toujours nécessaire de l’acheminer à moindre coût et au bon moment vers les consommateurs, sauf si elle est produite sur place. C’est cette fonction complexe qu’il faut optimiser. La solution sera probablement un mix entre production familiale, locale et lointaine. Entre stockage dans le foyer ou l’immeuble et le lieu de production. Enfin l’acheminement dépendra du caractère morcelé ou centralisé de la production.
    Vouloir recouvrir un désert de panneaux photovoltaïques focalise la production en un point inhabité et loin de l’utilisation. Dans ce cas ce sont les problèmes de logistique qui deviennent les plus durs à résoudre.

  5. Avatar de an391

    Le CO2 n’est pas « en soit » un polluant Raymond, il ne faut pas non plus oublier cela ! Quant aux hybrides de toyota, bof, les bagnoles ça craint de toute manière

  6. Avatar de an391

    De plus et encore une fois, le CCS ça n’est pas des microprocesseurs avec de la loi de Moore, c’est déplacer des tonnes, il devrait donc y avoir moyen de définir une « enveloppe » théorique de rendement maximum, et à partir de 20%, ou même 10, ça reste bien évidemment de l’ordre du scandale. McKinsey ? Des incultes typiques, des besogneuses …

  7. Avatar de Pas Naïf

    Si le CCS aboutit, alors mieux vaut dépenser 15-30% de charbon en plus pour éviter le CO² atmosphérique suspecté de réchauffer la planète (encore que les certitudes GIEC commencent à être ébranlées…, enfin on y verra clair en 2020). La concentration à 100% du CO² dans les pipe-lines permettra au moins de mieux exploiter les gisements de pétrole exsangues, un boni qu’on ne regrettera pas. Quand au coût CCS bien sûr il sera certain mais mieux vaut facturer 50% de plus la part charbon d’un MWh de base à 45€ qui passerait donc vers 60€ que de bêtement le tirer d’une éolienne aléatoire déjà à 82€…

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