Les nombreuses positions hostiles au bio éthanol de maïs américain qui affamerait le monde privé de tortillas, assècherait les nappes phréatiques et feraient exploser les émissions de CO2 dans le monde illustrent la méconnaissance de l’évolution vertueuse de cette filière du fuel éthanol et le manque d’objectivité de critiques, guidées plus par la passion que par l’analyse objective des faits. Outre les bienfaits de l’utilisation moyenne dans l’essence américaine de 8% en volume d’éthanol qui limitent significativement la demande en produits pétroliers (0,7 million de barils/jour) il faut imaginer cette industrie agricole, proche des paysans, dans un processus en perpétuelle évolution. Des progrès significatifs ont d’ores et déjà été obtenus dans l’amélioration du bilan énergétique et la moindre utilisation d’eau dans les process de fermentation et de distillation, ou par la livraison de sous-produits humides pour l’alimentation du bétail. Mais la grande transformation, actuellement en cours de test sur pilote industriel, sera d’introduire une boucle de production d’éthanol cellulosique dans le process. L’utilisation des raffles de maïs et autres déchets cellulosiques viendra accroître les productions de chacune des usines sans cultures supplémentaires. C’est le grand projet de Poet, le premier producteur d’éthanol de maïs américain qui annonce qu’il sera capable d’accroître la production, à l’horizon 2022, de ses 26 usines de production d’un milliard de gallons/an (+60%) en utilisant la partie cellulosique du maïs. Cet objectif est bien supérieur aux quelques 20% à 30% supplémentaires d’alcool imaginés jusque là. Pour mesurer l’enjeu, il faut savoir que la production américaine d’éthanol a été de 10,8 milliards de gallons en 2009 et que celle de Poet a été de 1,6 milliard de gallons. Pour Jeff Broin, le très écouté patron de Poet, Société non cotée en bourse, le procédé en cours de validation industrielle sur lequel son Groupe travaille pourrait produire globalement en incluant des licences à ses concurrents et une possible extension vers la valorisation des déchets municipaux dans les 3,5 milliards de gallons par an. Son objectif est d’atteindre au démarrage un prix de revient de 2$/gallon d’alcool.
Mais pour aller plus loin il faudrait que la réglementation des carburants aux USA autorise une teneur en alcool supérieure aux 10% actuels (E10), sinon il n’existera aucun marché local pour l’éthanol cellulosique ce qui limitera radicalement les velléités d’investissement dans ce business.
Il faut donc imaginer le futur avec une essence américaine hautement concentrée en éthanol (E20 et E85) qui proviendrait des usines utilisant à la fois la fermentation des grains de maïs mais aussi de la transformation enzymatique des résidus cellulosiques de cette filière industrielle en sucres puis en alcool.
LIRE le communiqué de Poet sur le sujet.
Le 26 Avril 2010

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