Le développement des biocarburants dans les grandes zones du monde va dépendre essentiellement de l’abondance des ressources à des prix abordables. C’est ainsi que les États-Unis disposant de grandes surfaces de terres cultivables, voient croître leur production de maïs s’étendre sur plus de 35 millions d’hectares dont 10 à 11 millions environ sont utilisés à produire du bioéthanol qui est par la suite mélangé à l’essence. Cette production représente aujourd’hui 8,5% en volume de l’essence consommée aux USA, soit 750 mille barils/jour.
En Europe, l’équation des biocarburants est totalement différente. La production de graines oléagineuses par exemple s’étend sur 12 millions d’hectares en 2010, elle pourrait atteindre 13,5 millions d’hectares en 2020. D’une faible part de ces productions locales et d’huile de palme importée d’Indonésie ou de Malaisie, il est possible de produire du biodiesel par transestérification des triglycérides ou par hydro isomérisation catalytique ( voir l’article sur Neste Oil). C’est ainsi qu’en 2009, l’Europe a produit 9 millions de tonnes de biodiesel (196 mille barils/jour) affichant une croissance de 17% par rapport à 2008. Alors que les volumes produits ont décru en Allemagne (-10%), ils ont été multipliés par quatre en Espagne, par trois aux Pays-Bas, par 2,5 en Finlande. Ce sont les importations d’huile de Palme qui assurent une part de cette croissance. D’après Oil World de Hambourg les importations d’huile de palme pour produire du biodiesel en Europe seraient passées de 0,8 million de tonnes en 2008 à 1 ou 1,1 million de tonnes en 2009 (LIRE)***.
Les professionnels du biodiesel en Europe se plaignent également des prix de dumping des importations de biodiesel en provenance des États-Unis (via le Canada pour biaiser la règlementation) ou d’Argentine.
Avant de s’insurger contre les biocarburants qui menaceraient la Planète et affameraient le monde, il est important de comprendre que faute de matières premières dans les pays à forte densité de population comme l’Europe, ces derniers sont appelés à ne jouer qu’un rôle marginal dans l’approvisionnement énergétique de la zone, quelles que soient les Directives en vigueur. Pour comprendre cette évidence, il faut savoir que le rendement énergétique de la croissance végétale annuelle par unité de surface est minable (LIRE). Seuls les grands pays peu peuplés et humides (États-Unis, Brésil, pays africains,..) pourront s’offrir les récoltes suffisantes pour assurer les productions de biocarburants dans des usines agricoles de faibles tailles. L’addition d’une part de biocarburants de deuxième génération ne modifiera pas radicalement le problème, les cultures de plantes dédiées nécessiteront elles aussi d’immenses espaces.
*** Remarque: il est à noter qu’une part de l’huile de palme importée en Europe à bas prix, objet de bien des clameurs vertes écolo-outragées, est également brûlée dans les centrales électriques allemandes. Allez donc comprendre!
LIRE le papier de lobbying de l’European Biodiesel Board sur le sujet.
Le 24 Juillet 2010


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