Une nouvelle étude sur l’avenir possible du bioéthanol de deuxième génération en Europe vient d’être publiée par Bloomberg New Energy Finance à la demande de Novozymes et DSM. Cette étude met en lumière les fortes potentialités de développement économique de cette filière en Europe. Mais elle souligne et parfois présuppose également les conditions nécessaires à remplir pour qu’un tel scénario ait quelque chance de se réaliser. Pour résumer les possibilités de développement, cette étude affirme qu’il serait possible à l’horizon 2020 de collecter en Europe entre 225 et 270 millions de tonnes de biomasse issues essentiellement des résidus de récoltes de céréales ou de betterave et marginalement de l’exploitation des forêts et de la valorisation des déchets municipaux. A partir de cette collecte, à organiser, il serait possible de produire annuellement entre 75 et 90 milliards de litres d’éthanol sur la base d’un taux de conversion qui atteindrait à cette époque les 350 litres par tonne de biomasse sèche. Ces volumes représentent en unité pétrolière entre 1,29 et 1,55 millions de barils/jour d’éthanol. Pour mémoire les pays de l’OCDE Europe consomment en 2010 dans les 14 millions de barils/jour de produits pétroliers. Ce sont donc quelques 10% en volumes des produits pétroliers consommés aujourd’hui en Europe qui sont concernés par ce scénario.
Mentionnons les conditions nécessaires pour qu’un tel scénario se réalise:
-que l’Europe se fixe des objectifs détaillés de consommation annuels à atteindre sur le modèle américain,
-que l’Europe et donc les États sponsorisent la collecte de la biomasse. Sur la base de 50 euros par tonne par analogie avec les USA qui paient dans les 50 dollars, ceci représenterait à terme dans les 12 milliards d’euros par an de subventions.
-que les équipements ad hoc de collecte sélective et de stockage soient définis et réalisés
– que les autres filières utilisant cette biomasse (granulés, alimentation animale, autres voies…) n’entrent pas en juste compétition dans l’utilisation de cette biomasse collectée et subventionnée. Brûler cette biomasse dans des chaudières ne serait-il pas aussi efficace et beaucoup moins cher en capitaux engagés? Les centrales électriques européennes utilisent déjà partiellement cette voie. Elles importent même aux Pays-Bas des granulés américains.
-que la filière bioéthanol envisagée conduise à une saine rentabilité des capitaux privés engagés ce qui n’est pas du-tout évident aujourd’hui, en particulier aux États-Unis malgré de robustes subventions. Les raisons de non rentabilité sont multiples mais les principales proviennent du fait que la transformation enzymatiques des cellulose, hemicellulose et autre lignocellulose sont très complexes et très consommatrices d’enzymes. Les jus sucrés qui sont obtenus après ces conversions conduisent à des bières très peu concentrées d’où l’extraction d’alcool est onéreuse. Des procédés hydro-catalytiques beaucoup plus rapides et moins chers pourraient également conduire à des soupes organiques valorisables.
– que les prix des carburants poursuivent leur ascension et tirent ainsi les prix du litre d’alcool pour accélérer l’atteinte du break-even des opérations sans subvention.
On le voit, pour l’instant ni les conditions économiques ni les conditions règlementaires ne sont prêtes pour espérer voir démarrer dès demain un tel projet européen de grande ampleur. Cependant, dans le cadre de la PAC par exemple, il ne serait peut-être pas stupide d’étudier les possibilités d’aide à la collecte mécanisée de la biomasse non exploitée à ce jour, dans le cadre d’une quelconque application valorisante.
LIRE le rapport d’étude de Bloomberg New Energy Finance.
Le 18 Septembre 2010


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