Rien n’est simple dans la Vieille Europe où les plus beaux projets peuvent disparaître dans les sables mouvants administratifs, où tout ce qui est nouveau est impitoyablement interdit au nom d’un conservatisme écologique obtus ou d’une peur précautionneuse qui prévalent. L’exemple des gaz de schistes risque de devenir un exemple parfait de ce conservatisme ambiant qui méconnaît le monde qui l’entoure.
Et pourtant le sous-sol de l’Europe doit contenir bien des ressources énergétiques sous forme de gaz et d’hydrocarbures liquides associés au sein des nombreux gisements de schistes qui caractérisent cette partie du monde. Pour les géologues il existerait trois grands types de réservoirs schisteux en Europe dans lesquels le gaz et l’huile issus de la décomposition du kérogène peuvent être hébergés:
1- le plus ancien datant du Cambrien (au delà de -500 millions d’années) jusqu’au Silurien (-420 millions d’années) va du Danemark à l’Est de la Pologne en passant par le sud de la Suède. Il fait l’objet de prospections poussées, c’est lui en raison de son grand âge qui a le plus de chance de contenir du gaz naturel, dernier produit de décomposition organique.
2- puis viennent les schistes du Carbonifère (-360 à -300 millions d’années) qui en Europe vont du nord-ouest de l’Angleterre en passant par les Pays-Bas, l’Allemagne jusqu’au sud de la Pologne. Ceux-ci selon la profondeur d’enfouissement peuvent contenir du gaz et des hydrocarbures liquides associés. Ils font l’objet de prospection importante.
3- les gisements les plus récents qui datent du Jurassique inférieur (-200 millions d’années) ils vont du sud de l’Angleterre, le Bassin Parisien, les Pays-Bas, l’Allemagne et la Suisse. Ce sont généralement des schistes bitumineux mais s’ils sont profondément enfouis ils peuvent avoir atteint la fenêtre de formation du gaz.
A côté de ces grandes formations cohabitent des gisements régionaux comme celui du Bassin du Languedoc-Provence ou celui du Contrefort Pyrénéen espagnol par exemple.
Combien de gaz récupérable contiennent ces formations en mettant en oeuvre les forages horizontaux et la fracturation des roches (fracking)? Nul ne le sait exactement. Par analogie avec les ressources américaines certains avancent des 550 Tcf (15 mille milliards de m3) dont 200 Tcf estimés pour les seuls Pays-Bas.
En ce moment en Europe c’est la ruée vers le gaz de schiste (gas rush) avec de nombreux opérateurs qui forent un peu partout: aux Pays-Bas, en Pologne, en Allemagne, en Angleterre, en Slovaquie, Roumanie, Bulgarie et même en Suisse. En France c’est le Bassin Parisien qui fait l’objet de bien des attentions: il ressemblerait au grand gisement de Bakken des États-Unis. Les gisements du Languedoc attribués en 2010 à divers acteurs devraient être eux aussi faire l’objet de forages exploratoires, mais notre ami Borloo a eu la fabuleuse idée d’inclure une partie du Larzac dans une aire de prospection (Permis de Nant, Carte II, partie verte). Il n’en fallait pas moins pour que le Bové José de « Gardarem lou Larzac » revenant du tribunal après jugement pour arrachage intempestif, se mobilise immédiatement pour stopper tout développement possible. C’est donc mal barré.
Les nouvelles concernant ces multiples prospections sont peu nombreuses, la prudence impliquant le silence le plus complet. Seule Cuadrilla Ressources, filiale d’un Groupe australien, vient d’annoncer un forage qui serait semble-t-il positif sur le champ de Bowland dans le Lankashire, à côté de Blackpool, au nord-ouest de l’Angleterre. Les Verts du coin, la Paix Verte et les Amis de la Terre et de la Mer réunis se sont immédiatement mis en campagne, comme le reporte The Independent.
Combien de millions où de milliards vont être gâchés en Europe pour alimenter ces querelles inutiles? Alors qu’il suffirait d’élaborer une spécification européenne commune de bonne conduite imposant des obligations admises et reconnues par tous aux opérateurs ( Respect du site, remise en l’état à la fin du projet, conditions de forage, conditions de fracturation, composition et stockage des liquides, désinfection, obligation de recyclage, respect des nappes phréatiques, etc.). Bien sûr ceci ne sera pas réalisé et l’Europe continuera à importer du gaz russe qui, lui, est exploité dans des conditions écologiques irréprochables…vu qu’aucun Vert n’est jamais venu se plaindre au Kremlin.
LIRE le papier de The Independant sur le sujet.
Le 5 Janvier 2010


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