Est-ce bien le rôle de la FAO que de stimuler la spéculation sur les denrées alimentaires?

 La spéculation ne s’est jamais autant développée que par la conjonction de deux données fondamentales: l’annonce d’une rareté ou d’une pénurie évidente, admise par tous, potentielle ou avérée, d’une denrée sur un marché, et sa rencontre avec de riches possédants désirant placer leurs liquidités sur le dit marché. Ceci était le cas pour les contrats à terme concernant les oignons de tulipe et les riches marchands hollandais au XVIIème siècle, ce fut le cas lors de la dernière poussée spéculative généralisée de la première moitié de 2008 alimentée par les liquidités américaines et tirée par la pénurie annoncée de pétrole par les « banquiers professionnels peakoileurs » et la pénurie annoncée de maïs par les écolos anti-bioéthanol et pro-tortillas. Dans les faits comme il ne manquait ni de l’un ni de l’autre, de façon quasi synchrone, les cours se sont effondrés au cours du second semestre 2008 (FIG.). La financiarisation des Marchés des commodities, les arbitrages avec les cours du dollar, la création de « paniers » indiciels regroupant les cours du pétrole et ses dérivés, du gaz, de certains métaux, de denrées alimentaires, etc. créent des variations synchrones de cours sur fond de forte demande des pays asiatiques et de fortes liquidités injectées par la FED et ses accommodements quantitatifs de rachats de papiers.

Cours BRENT-maïs

 Telles sont les conditions actuelles d’établissement des cours de certaines denrées alimentaires où quelques centaines de millions de dollars investis sur des marchés étroits peuvent largement faire varier ces cours. Les officines étatiques ou para-étatiques qui se préoccupent de ces problèmes doivent donc être très prudentes afin d’éviter de faire un peu plus gonfler par leurs propos les bulles spéculatives. Ces bulles enflent aujourd’hui pour tout un tas de produits agricoles, tirées au démarrage par les cours du blé, ébranlés par la formidable sècheresse russe de l’été dernier.

 Alors que la FAO fasse un point sur les cours de ces matières alimentaires à la fin de 2010 et souligne l’envolée des cours, semble bien naturel. Mais là où elle enfreint son cahier des charges d’organisation des Nations Unies, c’est lorsque Monsieur Abdolreza Abbassian, économiste distingué de cette Food and Agriculture Organisation, se met à réaliser publiquement des pronostics sur l’évolution à la hausse des cours des céréales en raison de la sècheresse en Argentine ou du froid en Europe. Il n’est plus dans son rôle en cautionnant et stimulant un peu plus les prix à la hausse.

Formidable encouragement pour les tradeurs de tous poils de la part de ce Monsieur qui mérite un grand coup de pied au kul.

LIRE le rapport concernant les commentaires malvenus de M Abbassian sur Reuters.

Le 6 Janvier 2011

Commentaires

Une réponse à “Est-ce bien le rôle de la FAO que de stimuler la spéculation sur les denrées alimentaires?”

  1. Avatar de Vince
    Vince

    Eté 2008 les marchés spéculaient sur une attaque US en Iran, il faut se rappeler également quelques escarmouches en avril il me semble… Plusieurs bâtiments de la Navy sont restés dans le coin un moment.
    Puis Obama a grimpé dans les sondages et son élection a fini par rendre improbable une attaque. Et les cours du pétrole ont chuté…

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