Analyse des contradictions actuelles pour une meilleure compréhension des problèmes énergétiques

Unconventional-natural-gas  Souvent s’indignent des lecteurs qui trouvent anormal que soient trop souvent abordés ici  les sujets concernant les ressources énergétiques fossiles et non ceux parlant de vent ou de soleil. Dans leur fougue écolo-dépendante ils oublient un certain nombre de données très simples qui font que les problèmes énergétiques forment un ensemble où se confrontent des contraintes économiques, géographiques et des idéaux écologiques affirmant des vérités …parfois apparentes ou encore à valider. Pour les aider à poser les problèmes de façon pertinente je voudrais rappeler ici un certain nombre d’évidences qui font que les problèmes sont parfois complexes.

En premier je voudrai rappeler une loi expérimentale simple, c’est la la substituabilité des sources d’énergie. Toutes les formes d’énergie fossiles ou renouvelables peuvent pratiquement se substituer les unes aux autres moyennant la mise en œuvre de certaines adaptations technologiques. On sait faire des ersatz de combustibles liquides issus du pétrole pour le transport avec du charbon, du gaz naturel, de la biomasse ou des graisses animales. On sait produire de l’électricité avec toutes les formes d’énergie, même nucléaires. On sait substituer l’électricité aux carburants dans les véhicules hybrides rechargeables ou les véhicules électriques. On va faire rouler des poids lourds avec des mélanges de gaz et de gasoil. Tout mélange gazeux à base de monoxyde de carbone et d’hydrogène (syngas ou gaz à l’eau pour les anciens) peut être converti en carburant, en produit chimique organique, en hydrogène, en ammoniac puis en urée …et plus si affinité.

 Cette loi, résultant de l’inventivité humaine, a son corolaire: les formes d’énergie fossiles, nucléaires et/ou renouvelables sont en compétition. Pour qu’elles acquièrent une part raisonnable du marché de l’énergie il faut donc qu’elles soient économiquement compétitives…ou subventionnées par une collectivité solvable et adhérant à cette politique. Inversement certaines ressources peuvent être chargées d’un handicap pour la course, par une taxation particulière (TIPP ou TIC pour la France, taxes carbone diverses). Dans l’équation économique entrent également en jeu les règlementations concernant les rejets de GHG (externalités en économie) qui sont pour l’instant limitées en raison de la nécessaire recherche d’une unanime et bien hypothétique règle du jeu mondiale. La fixation de mix énergétiques ou mieux de masse maximale de CO2 par MWh d’électricité produite se pratique dans certains États. Des règlementations limitant les rejets de CO2 par gammes de véhicules dans les transports s’appliquent également sans trop de heurts à la profession, puisque c’est la règlementation la plus sévère mais réaliste qui s’applique pour tous et crée le type de véhicule standard du moment ou du futur prévisible. Oublions pour l’instant les timides essais de Bourses de cotation de la tonne de CO2, stupides institutions en péril qui auraient enrichi les spéculateurs, au détriment des acteurs économiques. Bien sûr la Commission Européenne était en avance sur ces actions futiles et donc inutiles.

Voila le cadre global où l’essentiel se résume dans le concept de substituabilité compétitive des sources d’énergie.

Alors que constatons nous et que pouvons nous anticiper:

 1- Les ressources en énergies fossiles sont encore abondantes et peu onéreuses. Depuis le Cambrien, il y a plus de 500 millions d’années, la Terre a charrié et enfoui des milliards de tonnes de biomasse et de bio organismes à l’origine du gaz naturel, du pétrole, du charbon et de toutes les formes issues du kérogène tournant autour de ces trois ressources allant des sables bitumineux, aux gaz et huiles de schistes, aux gaz de houille et autres « tight » gaz, sans oublier les hydrates de méthane. Il est évident que ces ressources sont importantes, dont une grande partie reste à découvrir et à mettre en valeur. Pensons aux nouveaux gisements « subsal » brésiliens et aux gaz de schistes qui auraient été ignorés quelques années auparavant. Isoler formellement l’une de ces ressources comme le pétrole et annoncer sa fin imminente en parlant de Peak-oil n’a que bien peu de sens, malgré l’impact marketing inespéré, puisque c’est oublier la loi de substituabilité qui montre que les technologues sauront d’une façon ou d’une autre soit synthétiser des ersatz (sables bitumineux, huiles lourdes, biocarburants, Fischer Tropsch) soit s’en passer (EV, véhicules au gaz naturel comprimé, PAC). La seule certitude est que cette ressource liquide, très pratique à mettre en oeuvre qu’est le pétrole, obéit aux lois économiques chères à Ricardo, des rendements décroissants sous l’impact de la déplétion des ressources exploitées et de la demande. Il faudra bien que les prix, amplifiés par la spéculation, se valorisent pour permettre à certains d’aller exploiter de façon rentable les sables bitumineux canadiens ou les huiles lourdes de l’Orénoque, pendant que les Familles Royales du Moyen-Orient gèreront en bons pères de familles et avec parcimonie leurs abondantes rentes pétrolières. Au fur et à mesure que les prix grimperont, des pans entiers de l’économie se sépareront du pétrole. Ceci est largement en cours pour la génération d’électricité, une accélération est souhaitable pour le chauffage des habitations et autres locaux industriels et commerciaux, la chimie utilisera de plus en plus d’autres ressources (biomasse, gaz naturel), le transport routier verra sa part électrique croître, le gaz naturel alimentera les poids lourds de plus en plus allégés. L’efficacité énergétique des transports a encore d’immenses progrès à accomplir.

 2- les énergies renouvelables, ressources quasi illimitées mais pour des raisons entropiques, onéreuses:

Face à ces ressources fossiles limitées mais formidablement rassemblées par l’histoire de la Terre, les énergies renouvelables apparaissent illimitées mais malheureusement très dispersées, sinon diluées. Il est facile de calculer, à partir de l’irradiance solaire, la formidable quantité d’énergie solaire ou éolienne « disponible » sur la surface de la Terre. Il fait toujours beau, pour le soleil, ou mauvais, pour le vent, quelque part, c’est la seule certitude des météorologues. Les ressources de biomasses sont considérables, des millions de km2 de sols inexploités en Afrique, au Brésil en Europe de l’Est pourraient produire cette biomasse. La question n’est donc pas un problème de ressource, c’est un problème de rentabilité, d’allocations des ressources financières limitées d’une collectivité. L’industrie photovoltaïque a connu un doublement en GW de son activité en 2010, elle ne pourra pas refaire le coup en 2011 parce que les États européens ne peuvent plus payer des MWh à 500 euros pièce. L’Espagne a jeté l’éponge, la France va limiter fortement l’exercice, l’Italie dont la dette commence à choquer les financiers les plus obtus va devoir suivre et l’Allemagne revoit à la baisse ses tarifs.

 Pour essayer de vous convaincre je vous propose un exercice simple: quel serait le prix de revient d’une électricité photovoltaïque produite sur le toît d’une maison française dans lequel on aurait intégré des modules GRATUITS? Il va pour cela falloir investir dans un onduleur, un compteur électrique et payer un installateur qui va mettre à deux personnes plusieurs jours à monter un échafaudage, enlever les tuiles (législation française), poser les structures puis les modules, les connecter et assurer l’étanchéité de l’ensemble. Ceci va vous revenir TTC entre 2400 ou 3000 euros/kilowatt. Pour amortir cette mise en 12000 heures (8 ans x 1500 heures) ou 12 MWh il faudra tout de même vendre le MWh d’électricité entre 200 et 250 euros! (il est acheté aux particuliers à 580 euros aujourd’hui par EDF). En termes clairs l’électricité photovoltaïque ne sera rentable un jour (LIRE) que si la puissance des modules unitaires est doublée ou triplée, si l’installation de ces modules se fait simplement, dans un pays ensoleillé, à faible prix de main d’œuvre et disposant de lignes électriques proches. Objectif: 1000 euros/kW, module compris.

 Pour l’éolien dont l’avenir est à l’offshore pour profiter de la place disponible et du vent plus soutenu (3500 heures/an en Mer du Nord). Les réductions de coûts passent par la simplification des éoliennes (technologie direct drive, handicapée par les prix actuels des terres rares), la standardisation se heurtant aux multiples productions locales et la montée en puissance des turbines permettant d’amortir plus rapidement les coûts d’installations unitaires. Repower propose une unité de 6,15 MW, Enercon a en catalogue une éolienne de 7,5 MW, les Norvégiens testent des prototypes de 10 MW et les Espagnols ont lancé une étude de faisabilité d’un produit de 15MW. Prenons le cas d’une turbine de 10 MW qui en 8 ans ou 28 mille heures de fonctionnement effectif, va produire 280 mille MWh d’électricité. Pour un courant qui devra être payé, dans 10 à 15 ans, dans les 100 euros par MWh, cette éolienne en 8 ans facturera 28 Meuros qui devront couvrir son prix, son installation sur site, son raccordement au continent et au réseau électrique, sans oublier les frais de maintenance. Le prix catalogue d’une telle éolienne ne devra guère alors excéder le million d’euros/MW.

Cours_Brent  Pour la biomasse et ses dérivés que sont les biocarburants l’équation est un peu plus simple puisque le concurrent principal est le pétrole dont le cours d’équilibre va rapidement dépasser les 100 dollars le baril (FIG.II), puisque telle en a décidé la Famille Royale Saoudienne, suivie par les spéculateurs de tous poils. Dans ce cas la loi de substituabilité joue à fond. La décennie qui vient va voir se développer les filières classiques de productions de biocarburants, rentables et enfin non subventionnées : éthanol à base de sucre ou de maïs, biodiesel à base de corps gras. Les procédés cellulosiques se heurteront à leurs prix de revient encore élevés et à la complexité des procédés mis en oeuvre. Un créneau cependant va prendre son essor: la production de bio-kérosène rendu obligatoire par la règlementation sur les émissions de GHG par l’aviation civile.

Prix-hebdo-Newcastle  Mais un autre créneau devrait favoriser la biomasse c’est la substitution partielle au charbon dans les centrales électriques. L’ascension des cours du charbon, tirée par les importations indiennes et chinoises, et qui ont atteint en Australie les 130 dollars la tonne (FIG.III), va inciter de plus en plus les industriels à utiliser les résidus cellulosiques et autres « pellets » pour alimenter en partie leurs fourneaux.

 L’ascension inexorable des prix des ressources d’énergies fossiles est largement favorable au développement de la biomasse sous toutes ses formes. Il ne faut cependant pas oublier une contrainte entropique forte: la biomasse présente une faible énergie volumique, la moitié de celle du charbon une fois sèche et compactée, et elle est très dispersée sur un territoire donné (bois, taillis, etc.). Rêver de grandes usines du type raffineries de pétrole alimentées par la biomasse n’a aucun sens, nul ne saurait les alimenter, même pas les solutions à la Lurgi, filiale d’Air Liquide, qui imagine un schéma en étoile sur un large territoire avec production intermédiaire de biooil plus facilement acheminable vers la grande raffinerie (LIRE). Les solutions industrielles de valorisation des cultures ad hoc ou des résidus ligno-cellulosiques doivent donc être imaginées à la taille du canton ne dépassant pas 1000 à 2000 tonnes/jour de matière première traitée. Solena par exemple imagine un procédé d’obtention de syngas par brûlage dans une torche plasma de résidus cellulosiques, puis conversion par le procédé Fischer-Tropsch de Rentech du mélange de gaz en carburants de type bio-jet-fuel et bio-Naphta avec un rendement de 50 gallons de liquides par tonne de bois. A 4 dollars par gallon cela fait un chiffre d’affaires de 200$ par tonne de bois traitée ou 100 millions de dollars par an pour un total  500 mille tonnes de bois qui est la capacité de l’unité imaginée. Il sera difficile de bien payer les équipes opérationnelles et de sécurité 7 jours par semaine en trois huit pour assurer la production et la surveillance d’un site hautement dangereux de ce genre qui ne produira que 1600 barils/jour. Les transporteurs aériens semblent cependant prêts à payer pour du kérosène « bio »!

En conclusion, la gestion du développement des énergies renouvelables doit être programmée sur une longue période qui laissera le temps aux énergies fossiles de se valoriser. Un essai de hiérarchisation donne la primauté à la biomasse malgré ses faibles rendements. Elle est en effet tirée par la valorisation du baril de pétrole et de la tonne de charbon. Mais il faut laisser à cette biomasse son caractère paysan. C’est un formidable outil potentiel de développement des régions agricoles des pays en voie de développement. L’Afrique en particulier à partir de cane à sucre, de maïs ou de plantations moins exigeantes pourrait développer de multiples unités agricoles de production de biocarburants. Le Brésil par exemple va aider le Ghana à investir dans une plantation de cane et une unité de production d’éthanol dans le nord du pays.

 L’industrie éolienne si elle arrive à standardiser ses productions et à monter en puissance ses turbines vers les 10 MW durant les deux décennies à venir, devrait pouvoir permettre à cette énergie d’atteindre le break-even pour un MWh à moins de 100 euros.

 Enfin l’énergie photovoltaïque a un formidable avenir devant elle à condition de travailler sur la puissance unitaire de ses modules pour en réduire le coût de la pose par kilowatt. Un objectif d’un euro ou d’un dollar par watt, pose et module compris doit être l’objectif. Ceci comme pays d’accueil des champs solaires du futur favorisera les pays ensoleillés, à taux de main d’oeuvre faible mais disposant d’un réseau électrique.

En attendant le monde doit travailler sur l’efficacité énergétique des processus dans la génération d’électricité tout d’abord et dans les transports où de formidables progrès sont possibles.

La France importe annuellement pour 46 milliards d’euros de pétrole et de produits dérivés. C’est en poursuivant et accélérant ses actions de réductions de consommation des véhicules, poids lourds et embouteillages compris, qu’elle pourra espérer limiter la croissance programmée de la facture énergétique. L’abandon nécessaire du fuel comme mode de chauffage des locaux va rapidement apparaître comme une évidence …dans les mois à venir.

Le 13 Janvier 2011.

 

 

 

Commentaires

24 réponses à “Analyse des contradictions actuelles pour une meilleure compréhension des problèmes énergétiques”

  1. Avatar de an391

    « Isoler formellement l’une de ces ressources comme le pétrole et annoncer sa fin imminente en parlant de Peak-oil n’a que bien peu de sens, malgré l’impact marketing inespéré, puisque c’est oublier la loi de substituabilité qui montre que les technologues sauront d’une façon ou d’une autre soit synthétiser des ersatz (sables bitumineux, huiles lourdes, biocarburants, Fischer Tropsch) soit s’en passer (EV, véhicules au gaz naturel comprimé, PAC).  »
    Le peak oil n’a jamais été la fin du pétrole, commencez par utiliser les termes dans leurs vrais sens si vous voulez être pris un tant soit peu au sérieux (surtout pour quelqu’un n’appréciant apparemment pas trop le marketing ….)
    Le peak c’est la valeur maximale du flux (barrils par jour) dispo, et on y est clairement, et d’ailleurs ça commence à se faire sérieusement sentir …

  2. Avatar de gutty
    gutty

    Le break-even de 100 euros le MWh est atteint depuis longtemps dans l’éolien.
    Certes pas dans l’éolien offshore mais pour les machines onshore…
    EDF rachète le MWh éolien a 82 euros, tarif garanti pendant 10 ans. Le tarif varie les 5 années suivantes de 28 à 82 euros.
    On ne peut pas comparer le cout de production d’un MWh d’une centrale nucléaire construite il y a 20 ans et celui d’un parc éolien en cours de construction. Les centrales REP ont déjà été amorties et le prolongement de leur durée de vie donne un cout de production imbattable… C’est le chiffre que l’on voit dans tous les articles pro-nucléaires bizarrement…
    Maintenant posez vous la question du cout du MWh d’un parc éolien amorti (construit il y a 15 – 20 ans) au bout de 20 ans, on change quelques pièces (rotor, génératrice, roulements, transformateur…) et c’est repartit pour 20 ans…
    Cout du MWh ? 20, 30, 40 euros ?
    Le seul pays à avoir une politique énergétique sensée est l’Allemagne…
    Ils ont décidé dernièrement de prolonger la durée de vie de leurs réacteurs nucléaires et de taxer cette énergie bon marché pour développer les énergies alternatives (éolien, solaire…) en soutenant des acteurs leaders qui créent de l’emploi et exportent dans le monde entier leurs produits…
    Préparer l’avenir, investir, être REELEMENT autonome du point de vue énergétique (et ne pas dépendre de dictatures ou de pays soutenant le terrorisme…)

  3. Avatar de Ray
    Ray

    an40, merci de me rappeler que le peakole n’est que le commencement de la fin…mais la fin de quoi? C’est ça la vraie question!

  4. Avatar de Ray
    Ray

    gutty, effectivement mon texte n’est pas correct puisque je me projetais pour parler des éoliennes de 10 MW à 10 ou 15 ans d’ici. C’est la raison pour laquelle j’ai choisi un prix acceptable du MWh à 100 euros. Bien sûr aujourd’hui le juste prix est plutôt autour des 50 ou 60 euros le MWh. Avec un charbon rendu en Europe à 130$/kg, le coût du combustible par MWh est de 46$ ou 35 euros. Mettons 15 euros de plus pour amortir faire marcher et entretenir l’installation et 5 euros de marge et nous avons le prix de l’électricité de base allemande qui je vous le rappelle a produit 65% de ses 548 TWh annuels d’électricité en 2009 avec du lignite ou du charbon. Mais ce n’est qu’un détail.

  5. Avatar de adrien
    adrien

    Vous oubliez une grille de lecture : la production annuelle totale d’énergie primaire.
    Avec une efficacité énergétique qui progresse moins vite que la croissance économique mondiale (1% contre 4%), le volume mondial en énergie primaire doit augmenter (croissance économique- amélioration de l’efficacité énergétique donc 1.04*.99 = dans les 3%)
    Avec un pic de pétrole qui nous ouvre l’ère de la baisse du volume primaire pour la partie pétrole, quelles sont les ressources énergétiques pouvant compenser cette baisse+3% (pour la croissance) qui impactera le tiers de l’énergie primaire mondiale ?
    Les énergies renouvelables et les minables volumes des carburants non conventionnels en sont incapable, vous le savez très bien.
    Seul le gaz et le charbon le peuvent en contre-partie d’une augmentation de leur production significative (actuellement la baisse de production des pays producteurs de pétrole ayant déjà passé leur pic est de l’ordre de 6%), donc à moyen terme (une décennie), le gaz et le charbon devront compenser 6%,8% ou 10% (n’oublions pas la croissance à compenser en plus des pertes de production) du tiers de l’énergie primaire mondiale. Ce qui semble possible mais avec un véritable effort industriel mondial (ce que, en passant, vous oubliez complétement lorsque vous parlez du principe de substituabilité, car la mise en application au niveau mondial est énorme, mais passons)
    Donc tout va bien.
    Mais pour combien de temps ?
    Car les même causes donnant les même effets, dans une décennie le pic de production du gaz sera passé (pic des découvertes du gaz 10 ans plus tard que celui du pétrole, donc pic de production 10 ans plus tard que celui du pétrole).
    Et là, il nous faudra trouver en quelques années un moyen de compenser la baisse+3% de la moitié de l’énergie primaire mondiale.
    Le défi est-il relevable ?
    Seul le charbon peut le relever (dans une décennie, les ENR et les carburants non conventionnels resteront au stade actuel c’est-à-dire insignifiant), mais avec une augmentation annuelle de sa production tout simplement gigantesque (+8 +10 +12% ?) entraînant un pic de charbon en quelques décennies (30, 40, 50 ans ?).
    Et là aucune source énergétique ne pourra compenser le baisse du volume total d’énergie primaire (fossiles = 80% de l’énergie primaire mondiale)
    Vos débats ridicules sur les prix de telle ou telle sources énergétiques ou sur le lobbying de tel ou tel pays n’y changeront rien.
    Existe-t-il ou non une source énergétique dans le monde capable de compenser la perte de production des énergies primaires fossiles d’ici 50 ans ?
    C’est là la seule question et la réponse n’est toujours pas apparu aux ingénieurs qui étudient la question

  6. Avatar de Ray
    Ray

    Adrien, je pense n’avoir rien oublié.
    C’est la CONSOMMATION mondiale annuelle qui détermine la quantité d’énergies primaires prélevée sur le stock, après déduction de la part des énergies renouvelables.
    Le stock, personne ne le connaît, mais si on réalise la somme de toutes les formes d’énergies primaires connues et recensées à ce jour on sait qu’il est de bonne taille.
    La part des énergies renouvelables est bien plus importante que vous ne semblez l’estimer et surtout leur part va en croissant. Elle était de 8% en 2007 (EIA), avec la croissance de l’hydroélectrique en Chine et en Amérique du Sud,de l’éolien, des biocarburants et de la biomasse comme combustible elle doit approcher les 9% du bilan global de l’énergie consommée en 2010.
    Vous vous posez la question de savoir à quelle vitesse ce prélèvement va croître encore chaque année. Je pense qu’il faudrait demander ça aux Chinois et aux Indiens. Pour ce qui est des pays de l’OCDE, il est évident qu’il va décroître dans les années à venir.
    Un jour, il faudra que tout le monde s’y mette, mais la menace climatique imaginée par certains bons esprits n’a pas encore atteint et convaincu les leaders asiatiques, sinon pour nous fourguer des modules solaires « Made in China ». Business…

  7. Avatar de adrien
    adrien

    Il me semble pourtant avoir été clair dès la première phrase :
    « Vous oubliez une grille de lecture : la production annuelle totale d’énergie primaire. »
    Savez-vous faire la différence entre le stock et la production ?
    le stock, c’est une quantité, la production, un débit.
    Ce n’est pas parce qu’il y a beaucoup de stock (la fin des énergie fossiles n’est vraiment pas pour tout de suite) qu’il y aura une croissance de la production (exemple le pétrole : pic de production de pétrole conventionnel en 2006, fin du pétrole conventionnel en 2200, 2300 ??).
    Entre le max de production et la fin des énergies fossiles, il peut y avoir plusieurs siècles, le premier étant avant le second bien entendu
    je me répète avec d’autres mots :
    l’important n’est pas le stock en énergie primaire, c’est le volume disponible chaque jour à l’extraction, c’est donc la vitesse d’extraction, le flux, la production journalière ou annuelle.
    Vous comprenez ?

  8. Avatar de Ray
    Ray

    Adrien, c’est la CONSOMMATION mondiale d’énergie qui détermine la production et non l’inverse. Sinon nous serions en régime de pénurie avec des tickets de rationnement à la pompe.
    Je vous l’affirme en toute courtoisie qui doit être le mode normal de discussion sur ce Blog.

  9. Avatar de an391

    @Ray
    Par définition dans ces marchés, consommation=production (modulo le « buffer » quasi négligeable des stocks)
    Il ne sert donc à rien de dire que c’est la consommation qui détermine la production ou l’inverse, le fait est qu’on ne peut consommer que ce que l’on produit, voilà tout.
    Une chose est sure la production d’énergie fossile va diminuer, et cela est déjà vrai pour le pétrole conventionnel. Donc sa consommation va aussi diminuer.
    Dans ce contexte deux possibilités : les économies des pays sont capables de s’adpater en changeant les infrastructures, ou elles entrent en forte récession.
    Je n’ai jamais vu un baril consommé qui n’avait pas été produit avant, vous si ?

  10. Avatar de an391

    Et d’ailleurs entrer en récession est de fait une des manières de s’adapter au fait qu’il y ait moins d’énergie, et il n’est pas du tout évident qu’il y en ait une autre

  11. Avatar de Ray
    Ray

    an40, j’avais rédigé ce papier dans le but d’essayer de montrer que les craintes de pénuries et autres tartuferies de style peakoil ne valent pas tripettes. Vos commentaires me montrent que j’ai échoué. Alors, comme il n’est pas nécessaire de réussir pour entreprendre, je reviendrai sur le sujet pour vous parler croissance prévue des consommations mondiales en carburants et autres liquides, réserves de capacité de production de l’OPEP, croissance des productions de biocarburants, baisse des consommations des véhicules, nouvelles productions FT à partir de gaz naturel au Qatar, progression du rendement en carburant des raffineries modernes, abandon du fuel pour le chauffage, etc.
    Ce processus d’adaptation économique et de progrès continu qui dément les annonces les plus sombres, ne peut pas être passé par zéro.
    Le monde n’est pas en récession, il n’a peut-être jamais autant progressé qu’en ce moment…il suffit de noter les commandes d’avions et les prévisions des constructeurs pour s’en convaincre.

  12. Avatar de an391

    Ray, j’avais bien compris que vous étiez assez réfractaire au fait d’évoquer cette pure banalité qu’est le peak oil, et qualifier cette banalité (disons niveau maths 3eme ou seconde si ce n’est 6eme) de tartuferie est en effet assez comique. Car rappelons que le peak oil, ça n’est jamais que la constation suivante :
    Toute fonction dont l’intégrale est finie doit passer par un maximum.*
    Ici la fonction c’est la valeur de la production, du flux (barils produits par jour), par rapport au temps, et l’intégrale de cette fonction c’est la quantité de pétrole consommée/brulée depuis le début de son exploitation.
    Qu’il y ait des adaptations possibles j’en convient, que les ordres de grandeurs de ces adaptations mis en correspondance avec la réalité de l’évolution de la production (déjà en très forte baisse dans de nombreuses régions) est autre chose. Et dans tous les cas le peak oil reste, que vous le vouliez ou non, un aspect majeur même si banal, du paysage, voilà tout.
    *note: d’un point de vue purement mathématiques, il est possible de définir des fonctions à intégrales finies « pathologiques » n’ayant pas de maximum, typiquement faites de pics de plus en plus haut mais de plus en plus fins, ce qui ne correspond bien sûr en rien à la réalité de la production de toute matière première (il faudrait restreindre les fonctions considérées à celles infiniment dérivables ou quelque chose comme ça)

  13. Avatar de Ray
    Ray

    an40, mais quelle sera l’aire de l’intégrale: les ressources ultimes?
    Les 2000 milliards de barils des peakistes ou les 4300 milliards comme l’intuite Richard Nehring dans son hypothèse moyenne tenant compte de l’accroissement du taux de récupération « recovery growth » sur les champs existants ou plus encore? Tout cela peut fortement faire varier la position du point d’inflexion de la sigmoïde.
    Ce sont de grosses « adaptations ».
    Lisez absolument Richard Nehring, homme de terrain, ça vous remontera le moral.
    https://pikespeakeconomicsclub.com/CMS/PPEC/files/Nehring%20-%20Peak%20Oil.ppt

  14. Avatar de an391

    Ray, pas envie d’entrer ici dans des discussions techniques très détaillées, vous pouvez croire qui vous voulez (y compris ce monsieur qui en parlant de kerogen fait sans doute référence au fait d’exploiter la Bakken formation de façon minière ou autre). Le fait est que l’IEA, qu’il serait quand même difficile d’accuser de pessimisme (ou disons plutôt de qualifier), a annoncé que le peak du conventionel avait eu lieu en 2006 dans son dernier rapport, ce que tous les chiffres de production confirment. Et n’oubliez pas qu’en parallèle d’une quelconque « recovery growth », il y toujours la baisse de rendement (énergétique et financier) de ces exploitations, d’où par exemple les projets consistants à construire des centrales nucléaires pour fournir l’énergie nécessaire à l’extraction de l’huile des sables bitumineux, énergie nécessaire à cette extraction et processing actuellement fournie par du gaz naturel (et diesel pour camions et machines).
    Après mon moral va bien merci bien ne vous inquiétez pas, et mon médecin m’a dit que j’avais une santé fantastique ! Toute la vérité la voilà !

  15. Avatar de harold
    harold

    Moi je suis d’accord avec Ray: à moyen terme, on s’en fout du peak-oil. A 100 ou 150 dollars le baril, on enverra des centaines de millions de crèves la faim au fin fond du trou pour ensuite soit transformer le charbon en carburant soit produire de l’électricité pour alimenter des batteries. Et puis même pas, on le ferra extraire par des robots, comme ça plus de règles de sécurité, plus d’aération et on exploitera des veines pourries. L’inde investira enfin pour créer des lignes ferroviaires entre ses immenses gisements de charbon et ses villes. La chine cultivera des algues avec ces déchets. On roulera dans des bagnoles en plastoc avec des moteurs hybride de mobylettes ou on prendra le train. On fermera les magasins et les chômeurs seront recyclés par millions en installateur de chaudières à condensation/cogénération, poseurs de tuyaux de réseaux de chaleur, maçon en construction passive, installateurs de chauffe-eau solaire, isolateurs…. On délocalisera les industries énergivores en Islande là où l’énergie des volcans est inépuisable. On plantera des éoliennes mais on se rendra compte que tous ces câbles électriques coûtent toujours autant les yeux de la tête.
    Et sinon le réchauffement climatique s’amplifiera et le monde glissera lentement dans une nouvelle ère climatique qui permettra de faire pousser des champs de colza en Sibérie et dans le nord canadien, pendant que des centaines de millions de pauvres périront sous la sécheresse dans le Sud.
    Et dans 30 ans, les gamins viendront se mobiliser pour réduire la consommation des énergies fossiles et on leur dira que, décidément, ça nous rappelle un peu notre jeunesse, tout ça.

  16. Avatar de Christian
    Christian

    Hélas, Raymond,
    Je crains que l’avenir donne localement raison à Adrien. Ce n’est pas absurde d’imaginer « qu’il n’y en aura pas pour tout le monde  » (d’énergie primaire).
    Ce n’est pas parce que la ressource est là qu’on peut l’exploiter. Il faut l’argent, les moyens et le TEMPS pour cela.
    On peut -on doit- continuer de se battre pour que ça passe. Mais ça peut casser.
    Désolé de rester dans les généralités, mais une étude complète de scénarios ça passerait mal dans un post !
    Adrien, dites-moi : tu ne serais pas Adrien B. du 38 intéressé par des études couplées économie-vitesse de déploiement-etc… ?

  17. Avatar de Christian
    Christian

    Eh oui, Raymond, je suis bien d’accord : c’est la meilleure réponse, pour l’instant. C’est ce que demandait Adrien dans son premier commentaire :
    « Donc tout va bien.
    Mais pour combien de temps ? »

  18. Avatar de adrien
    adrien

    non je je ne suis pas adrien B. du 38, mais pas loin du 74.
    @ ray.
    J’adore votre capacité à démontrer :
    « Adrien, c’est la CONSOMMATION mondiale d’énergie qui détermine la production et non l’inverse. »
    et les arguments, ils sont où ? Ah ben y en a pas. c’est ballot
    Pou vous l’explosion des prix du pétrole, c’est quoi ? uniquement de la spéculation ? Vous nous refaites le coup du complot international, sauf que là c’est les spéculateurs, les pétroliers et/ou les pays producteurs les méchants ?
    et la base de l’économie  » la loi de l’offre et de la demande », ca vous dit quelque chose ?
    Comment pouvez-vous passer outre une montée des prix du baril passant de 12$ en 1999 à 140$ en 2008 et ceci grâce à la crise qui a arrêté tout ça ?
    Pour vous c’est quoi ?
    entre nous votre blog est intéressant et vous semblez avoir la tête sur les épaules, sinon je n’aurais même pas pris le temps de vous interpeler , et ça, ça aurait été vraiment du manque de courtoisie de ma part.
    Mais comprenez que cela m’énerve quand les seuls arguments que l’on me réponde c’est :
    « Adrien, c’est la CONSOMMATION mondiale d’énergie qui détermine la production et non l’inverse. »
    Là c’est moi que vous prenez pour un con et ça m’énerve.
    en espérant que vous construisiez un peu mieux votre argumentaire

  19. Avatar de adrien
    adrien

    Après avoir lu Mr Nehring, je reste dubitatif (c’est le moins qu’on puisse dire)
    Sur le reste à consommer, Mr Nehring est en accord avec la plupart des spécialistes, un total de 2655Gb est en accord avec les 2500Gb pour le scénario médium et les 3185 sont en accord avec les 3000Gb du scénario haut (pour les sodomiseurs de coléoptères de tout poil, on consomme 32Gb par an, donc 150Gb en plus ou en moins ne représentent que 5 ans à consommation 2010)
    avec ces estimations, le pic est bel et bien maintenant (pour les sodomiseurs de coléoptères de tout poil, on est pas à 2,3,4 ou 5 ans près, surtout quans l’AIE nous annonce un pic en 2006)
    Puis Mr Nehring nous dit : deux solution
    – la croissance reconquise (sous-entendu des champs déjà en exploitation)
    avec en conclusion que la croissance reconquise aura un effet modeste sur le pic de pétrole (cela prendrait de 50 à 80 ans toujours selon Mr Nehring)
    – le non conventionnel
    et nous apprend que le non-conventionnel aura une croissance faible et que ce sera une ressource post 2020.
    Et Mr Nehring conclut :
    (roulement de tambour…)
    que le pic de pétrole n’est pas imminent.
    alors là chapeau !
    avec des estimations que tout le monde accepte (et qui implique un pic de production en 2010 +/- quelques années, voir AIE), des solutions qui ne seront pas mises en place avant la prochaine décennie, Mr Nehring nous annonce un pic entre 2030 et 2060
    effectivement je reste dubitatif
    je ne rentre pas plus dans les détails car ce monsieur manipule les bons chiffres mais en ayant des conclusions uniques au monde, ce qui reste un exploit intellectuel

  20. Avatar de Piotr
    Piotr

    Adrien,
    Je pense que Ray a raison pour l’instant. La consommation détermine encore la production et les producteurs, Opep par exemple, s’adaptent à vue de nez tant bien que mal pour obtenir un prix ni trop bas ni trop haut (pour éviter bien sur la désaccoutumance des consommateurs). C’est à mon avis la configuration actuelle mais la question est : pour combien de temps encore ? Les pays occidentaux ont encore une certaine marge de manoeuvre et entendent la conserver en baissant doucement la consommation sans « casser la croissance » et sans trop mécontenter l’électorat. Les armes à disposition sont : abandon du fuel domestique, isolation des bâtiments, taxe sur les grosses berlines, voitures électriques. Il y a aussi limiter la vitesse sur autoroute à 110km. Les prix élevés actuels sont peut-être lié à la spéculation comme en 2008

  21. Avatar de Ray
    Ray

    Adrien, pour enrichir vos lectures iconoclastes je vous propose aussi celle du CERA qui vous montrera que Nehring n’est pas seul. Mais, bien sûr, ne pas annoncer de catastrophe ne rend pas populaire. C’est un métier très ingrat.
    https://www.cera.com/aspx/cda/filedisplay/publicfiledisplay.ashx?KID=5&CID=10720&PK=38356
    Résumé du dernier papier sur le sujet:
    ‘Peak Oil’ Postponed Again, Part 1: Liquids Production Capacity to 2030
    18 OCT 2010
    LIQUIDS PRODUCTIVE CAPACITY OUTLOOK TO 2030 REMAINS ROBUST
    Even though our long-term productive capacity outlook has been driven lower by softening demand, recessionary pressures, and delays and postponements to new projects, the strong growth profile is still intact. Productive capacity is now projected to rise from 92.6 million barrels per day (mbd) in 2010 to 112 mbd in 2030; and concerns about productive capacity remain firmly in the back seat for now.
    *
    OPEC crude oil production capacity will remain comfortably above production in 2011. Spare OPEC crude oil capacity is expected to average 6 mbd in 2010 and 5.5 mbd in 2011, well above the 2.5 mbd level seen as recently as 2008. Nearly 4 mbd of the total OPEC spare capacity of 6 mbd is in Saudi Arabia, where a number of giant fields are partly shut in.
    *
    Although there is no supply crunch on the immediate horizon, we still anticipate the « refiner’s new diet »—the changing composition of liquids supply growth—to unfold. Gas-related liquids will grow at a faster pace than crude oil capacity, which will put a squeeze on distillate supply relative to gasoline.
    *
    Iraq will play an increasingly critical role in the long-term supply equation. It will eventually join Saudi Arabia and Russia as one of the largest global producers, with increasing influence on OPEC and world oil markets.
    * The fallout from the Macondo oil well blowout in the US Gulf of Mexico will reduce US liquids supply growth, especially from deep water. There is a risk that regulatory and operating changes in the United States could influence developments elsewhere and slow global deepwater exploration and production activity.

  22. Avatar de Christian
    Christian

    Cher Raymond,
    En dehors de toute discussion sur la pertinence du concept de pic, puis-je vous suggérer l’exercice suivant ?
    1- fitter une courbe en cloche (une lorentzienne pour commencer, on raffine ensuite si on veut) sur la courbe de production historique, avec comme unique paramètre de la courbe l’aire totale délimitée, disons A.
    Noter la date du maximum.
    2- fitter une deuxième fois, en imposant A’=2xA. Soit deux fois plus de ressources. De combien se déplace le maximum ?

  23. Avatar de an391

    @Christian
    Ça serait possible d’avoir la réponse ?
    Je manque un peu de temps là
    (sans parler de flemme 🙂 )

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