Les consommations mondiales de pétrole devraient poursuivre leur progression en 2011 et 2012

 Durant les années précédentes la consommation mondiale de pétrole a marqué le pas puis reculé, sous l’impact tout d’abord de l’augmentation des prix du baril puis de la crise économique mondiale. Après un maximum de 50 millions de barils/jour en 2005-2006 pour l’OCDE et un maximum mondial de 85,3 millions en 2007, la consommation est retombée brutalement à 45,6 millions barils/jour pour l’OCDE et à 84,3 millions pour le monde à fin 2009 (EIA). En 2010 sous l’effet de la robuste croissance des pays NON OCDE et de la reprise économique des pays OCDE la consommation mondiale a progressé de 2,2 millions de barils/jour affirme l’Energy Information Administration (FIG.). L’Agence Internationale de l’Energie plus radicale encore, annonçait au mois de Décembre une croissance en 2010 des consommations mondiales de près de 2,5 millions de barils/jour.

Conso-mondiale-EIA

 Les consommations mondiales mesurées à la sortie des raffineries et comportant donc les biocarburants mélangés aux produits pétroliers, ont ainsi dépassé le maximum observé en 2007. Corrigés des biocarburants, ces volumes pour les seuls produits pétroliers représentent 84,8 millions de barils/jour à fin 2010, légèrement inférieurs aux 85,2 millions recensés à fin 2007.

 Tenant compte de la croissance économique mondiale en 2011 qui devrait se situer autour des 3,5% (prévision Coface) l’EIA prévoit une poursuite de la croissance des consommations mondiales de 1,5 million de barils/jour. Elle poursuit cette tendance en 2012 avec un incrément de 1,6 million de barils/jour (FIG.). L’IEA va dans le même sens pour 2011, avec une prévision de croissance de 1,3 million de barils/jour.

 Il ressort de ces prévisions qu’aucune des grandes Agences mondiales ne prend en compte une hypothétique limitation géologique des volumes de pétrole extraits dans le monde pour les deux ans à venir. Tout cela signifie que c’est simplement la demande mondiale qui limite les productions.

Cette demande en produits pétroliers dépend:

-des conditions économiques mondiales, prévues en forte croissance pour 2011 et 2012,

-de la taille du parc de véhicules en forte croissance et de leur parcours moyen (Quel est le parcours moyen d’un véhicule à Pékin?),

-des prix du baril qui se valorisent fortement,

-des volumes de biocarburants mis en œuvre dans les raffineries (ex. : débuts du E15 aux États-Unis et du E10 en Europe), biodiesel annoncé dans le kérosène,

-des substitutions du pétrole par d’autres énergies (ex.: il va devenir de plus en plus anachronique et hors de prix de brûler du fuel pour se chauffer),

-des gains en efficacité énergétique des processus, en particulier dans les transports,

-des progrès dans la conversion profonde (hydrocracking et isomérisation catalytique) des raffineries qui vont de moins en moins produire d’huiles lourdes au profit des carburants,

 Alors que les postes « économie » et « taille du parc » vont tirer la demande en pétrole vers le haut, les autres postes et tout particulièrement les prix, vont la tirer vers le bas. Pour l’instant, l’IEA à Paris et l’EIA américaine donnent la primeur aux deux premiers postes, mais l’expérience a montré qu’à partir de 4$/gallon à la pompe, les Américains réduisent fortement leurs consommations tout simplement en roulant moins.

L’évolution prévisible la plus probable à moyen terme est donc une stabilisation des consommations de pétrole dans le monde qui donnera un signal au Marché.

Sur la base d’un prélèvement annuel maximum autour des 29 milliards de barils par an après déduction des biocarburants et des condensats associés aux gaz naturels, le monde qui a déjà consommé 1205 milliards de barils de pétrole, devrait avoir consommé son deuxième milliard de barils vers 2040. Il aura auparavant commencé à réduire ses consommations sous l’impact des prix et du processus continu de transition du mix énergétique au profit de la biomasse, du gaz et de l’électricité qui ira en s’accélérant.

VOIR les prévisions de l’EIA du mois de Janvier 2011

Le 17 Janvier 2011

Commentaires

8 réponses à “Les consommations mondiales de pétrole devraient poursuivre leur progression en 2011 et 2012”

  1. Avatar de an391

     » Il ressort de ces prévisions qu’aucune des grandes Agences mondiales ne prend en compte une hypothétique limitation géologique des volumes de pétrole extraits dans le monde pour les deux ans à venir. Tout cela signifie que c’est simplement la demande mondiale qui limite les productions. »
    Lol, la logique de Raymond ….

  2. Avatar de adrien
    adrien

    no comment
    enfin si, quand même pour le plaisir : les prix qui montent, c’est pas du tout une tension offre/demande ????
    Mais suis-je bête, c’est la spéculation !!
    Ah les salauds de spéculateurs
    enfin bref : nous verrons bien cette année si les capacités de productions hors biocarburants dépasseront ceux de 2007. Sinon nous verrons une belle explosion des prix.

  3. Avatar de Ray
    Ray

    Adrien, la Loi des Rendements Décroissants explique que lorsque la demande de blé croît les cultures doivent s’étendre vers des aires moins favorables où les rendements sont plus faibles, ce qui bien entendu fait monter les prix. Depuis on a inventé les engrais et la sélection des hybrides qui permettent d’éviter en partie cette extension. Transposé au pétrole il faut considérer la croissance de la demande toujours présente et la déplétion des champs en exploitation ce qui impose, en raison d’une gestion patrimoniale de la ressource des grands pays producteurs de l’OPEP, de devoir aller exploiter l’offshore profond et les sables canadiens. C’est la raison fondamentale de la hausse des prix. Au dessus, les gestionnaires de fortunes individuelles et collectives, aidés par les milliards de dollars de papiers liés aux cours du baril, s’en donnent à cœur-joie pour anticiper le mouvement et créer des bulles spéculatives.
    Il n’y a pas tension offre-demande, il y a simplement anticipation de cette tension par la sphère financière. C’est ce jeu d’anticipation qui fait monter les cours tout en stimulant l’exploration et les investissements et tout en détournant du pétrole certaines consommations (génération d’électricité, chauffage des bâtiments, électrification des véhicules,..).
    Les équations mathématiques qui voudraient représenter le sort du pétrole n’ont aucun sens parce que ce n’est pas un système fermé. Il existe des alternatives au pétrole et il existe des moyens pour produire des ersatz. L’ensemble des ressources fossiles et radioactives fissiles peut être considéré comme un système fermé, mais la aussi il existe une alternative c’est l’énergie du rayonnement solaire (éolien, photovoltaïque) et du mouvement universel (marées), en attendant sans angoisse particulière la fusion nucléaire contrôlée.

  4. Avatar de an391

    Vous ne comprenez rien au marché du pétrole Raymond, le marché des futures (pour acheter un pari il faut un vendeur) et tous ce qui tourne autour du pétrole a une influence minime sur son prix, très minime même, quelques traders qui font trainasser des bateaux en transit ou dans les ports certes, mais pas grand chose, le pic du prix de 2008 est bien évidemment fondamentalement un pic offre demande, et la deuxième gifle ne va pas tarder.

  5. Avatar de an391

    Les bulles spéculatives ça marche avec des actifs : biens immobiliers, actions (voir bulle internet par exemple), ça ne marche pas sur des futures d’un marché de matières première à flux tendu producteurs consomateurs et en plus très difficilement stockable.
    Ou alors expliquez vous un peu mieux ou donnez des liens, mais je crois que vous aurez bien du mal …

  6. Avatar de Ray
    Ray

    an 40, merci pour vos encouragements constructifs. Je note avec plaisir qu’il n’y a jamais eu de bulle sur les cours du pétrole. Enfin quelqu’un qui m’éclaire!

  7. Avatar de an391

    Vous devriez regarder la video ci dessous par exemple, Raymond :
    http://vimeo.com/16190041

  8. Avatar de an391

    Sur le rôle de la spéculation sur les marchés de matières premières et marché du pétrole en particulier.
    Dans quelle mesure croyez vous, vous, que cela affecte les prix ou pas ?
    Et plus précisément pour les matières assez difficilement stockables, disons le pétrole (qui certes reste quand même stockable il est vrai).
    Donc la montée de 2008 par exemple, due à la spéculation ? Un peu ? Pas du tout ? Beaucoup ? On en sait rien ?
    Personnellement j’en reste au fait que les bulles spéculatives, ça fonctionne avant tout sur les marchés d’actif (immobilier, actions, comme par exemple bulle internet), mais je ne vois toujours pas comment cela pourrait affecter vraiment les marchés de matières premières à travers les futures ou autres. Et de fait les avis divergent énormément à ce sujet, quelqu’un comme de Margerie par exemple, ne crois pas du tout à l’influence de la spéculation sur la hausse de 2008 par exemple, d’autres n’hésitent pas à décrire ça comme une bulle spéculative comme une autre, par exemple comme la bulle internet, immobilier US ou celles que l’on peut avoir sur des actifs en général.
    Une chose est sure, la « tension » offre demande sur le pétrole est actuellement extrêmement forte, l’OPEP en a peut-être un peu sous le pied, et n’a pas forcément envie de tout casser, mais il se pourrait aussi fort bien qu’une deuxième gifle arrive dans pas longtemps.
    Donc est-ce que les lecteurs pourraient donner leur avis sur ce sujet (avec explication des mécanismes associés, ou même sans), mais en se positionnant sur le sujet dans le genre :
    -Oui la spéculation à une influence forte sur le prix du pétrole
    -Non c’est négligeable, avant tout processus de couvertures acheteurs et intermédiaires à travers les futures, mais le prix reste fondamentalement un prix de marché offre demande
    -Non influence négligeable, les seuls qui peuvent vraiment spéculer dans cette affaire (dans le sens influer sur le prix du marché pour maximiser leurs profits en gérant au mieux le « capital » fini associé), c’est les producteurs ayant non seulement du volume mais aussi de la marge de manœuvre en termes de besoin de cash, en gros l’Arabie Saoudite ou OPEP
    -Bien sur que ça a une influence, autour de 10 ou 20% d’augmentation dans la variation des prix, quelque chose comme ça
    -En période de hausse avant que ça casse des traders peuvent acheter des bateaux/cargaisons et les faire trainer, mais ça reste limité
    -Franchement je n’en sais rien
    -Franchement je n’en sais rien, une part certainement mais combien je ne sais pas, mais l’évolution du prix du pétrole à notre époque, ne peut être qu’une suite d’évènements du genre : augmentation du prix du fait de la reprise de l’économie au moins dans les pays émergents, passage par un maximum que l’économie ne peut plus supporter donc destruction de demande (récession), diminution du prix et de la pression sur la production, et rebelote
    Ou encore :
    -Franchement je n’en sais rien (et je m’en fous un peu), mais de toute manière le problème ne devrait pas être regardé sous cet angle, mais plutôt selon les principes :
    1) le marché du pétrole à un volume largement suffisant pour ne pas avoir à invoquer la nécessité des spéculateurs pour fluidifier la chose ou que sais je
    2) A la limite des futures mais uniquement pour les vrais acteurs du marché (acheteurs, raffineurs, producteurs)
    3) Il n’y a aucune raison que des spéculateurs « fassent de l’argent » sur ce marché et en particulier des traders payés à la commission, et ceci oui d’un point de vue moral, mais point de vue parfaitement assumé
    4) ce marché peut très bien fonctionner sans des spéculateurs complétement extérieur aux échanges commerciaux, donc on leur interdit d’y jouer, point barre.
    Mais monsieur il s’agit là d’un point de vue moral !! On parle d’Economie ici !
    Oui et alors ? C’est un gros mot la morale maintenant ?
    Vous ne pensez tout de même pas que l’économie et la finance c’est une science quand même, non ?
    Enfin si, on peut très bien voir ça comme une science ou mathématiques, une science qui s’auto définie comme la technique par exemple, savoir si une machine fait ça ou ça quand on fait ça peut tout à fait être considéré comme une connaissance de type scientifique, mais connaissance scientifique qui serait différente si la machine était différente, voilà tout, rien de plus que la différence entre définir des règles du jeux et analyser les différentes possibilités dans le contexte de ces règles.
    Et différence fondamentalement irréductible d’ailleurs, pourquoi donc voudriez vous tuer la liberté correspondant à la capacité de définir des régles du jeux ? C’est le propre de l’être humain ça mon pauvre ! « le plus grand malheur des hommes est le droit qu’ils ont de choisir » ! comme disait Gabrielle Buffet dans sa préface. Voilà tout !
    Ah oui après vous avez aussi (ou pas aussi d’ailleurs) un corps, il y a de la matière, de l’énergie, et le pétrole c’est de l’énergie accumulée, en quantité disponible finie par ailleurs, il faut sans doute faire un peu attention !
    ??

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