First Solar est le plus grand producteur américain de modules photovoltaïques et le premier producteur mondial de ces modules en technologie couche mince (Cd-Te). Il fait partie du TOP 5 mondial dans la profession avec trois chinois (JA Solar, Suntech et Yingli) et un japonais (Sharp). Cette industrie de composant repose sur un certain nombre de caractéristiques bien particulières:
– Elle dépend de subventions d’États ou de tarifs spéciaux d’achat de l’électricité produite,
-Elle met en œuvre des technologies très diverses, loin d’être figées, c’est une industrie jeune et innovante,
-En raison des deux premières caractéristiques elle comprend encore de multiples acteurs, une centaine ou plus,…dont au mieux un sur cinq survivra encore dans une grosse décennie.
Mais comme toute industrie de composant, pour survivre il faut être parmi les plus gros (Tier One) ce qui implique d’investir massivement dans la technologie, la capacité de production des usines et les gains de productivité. Les trois axes de progrès sont liés au travers de courbes d’expérience.
L’exemple de First Solar illustre cette stratégie. Il dispose d’une technologie en couche mince qu’il maîtrise bien et dont il essaie d’améliorer les performances de façon continue. Il a atteint par exemple un taux de conversion de 11,6% au quatrième trimestre 2010. C’est le point faible de la technologie qu’il compense par les coûts.
Les investissements en capacité de production reposent sur deux axes: l’amélioration des cadences des lignes qui sont passées de 25MW/an à 62,6 MW/an en cinq ans et la création de nouveaux sites de production (FIG.I)
En 2010 First Solar disposait de 24 lignes de production dans le monde, à fin 2011 il en fera produire 36 et à fin 2012 il devrait pouvoir disposer de 10 lignes de production supplémentaires dont 4 aux USA, 4 au Vietnam et peut-être deux en France si EDF EN maintient ses projets d’investissements en Gironde malgré la toute récente limitation globale gouvernementale des installations photovoltaïques à 500 MW par an. Par la répartition des investissements entre pays à faible taux de main d’œuvre (Malaisie, Vietnam) et pays développés (Allemagne, États-Unis) First Solar essaie de ménager un mix politico-industriel optimal.
Les volumes de production en croissance permettent d’atteindre un coût industriel des modules ramené au Watt de 75 cents à fin 2010, venant de 84 cents à fin 2009, pour une production cumulée de plus de 3 GW. Cette progression (FIG.II) se traduit par une courbe d’expérience entre le log du coût et la production cumulée typique des industries de composants.
Le succès économique de First Solar est donc lié à cette politique agressive d’investissements soutenus et de développement. Il est aussi lié au fait que ce Groupe s’est intégré vers l’aval en devenant promoteur de fermes photovoltaïques dans le monde et plus particulièrement en Amérique du Nord. Cette double casquette de donneur d’ordre et de fournisseur lui permet de saturer ses usines et de maintenir ainsi ses prix de ventes, malgrè une concurrence chinoise très agressive.
Le seul point faible repose sur une technologie limitée en taux de conversion qui va plafonner vers les 12%. Les technologies en couches minces de types CIGS qui pourront atteindre des rendements proches de ceux du Silicium cristallin, seront probablement un jour ses concurrentes les plus dangereuses.
CONSULTER la présentation du T4 2010 de First Solar.
Le 27 Février 2011



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