Les cours de l’essence aux Etats-Unis rappellent des temps d’avant débâcle

 Faute, sur le NYMEX, de pouvoir jouer sur les cours d’un WTI englué dans ses stocks  et présentant une décote de 15$/baril par rapport au Brent coté à Londres, la spéculation s’est subitement reportée cette semaine sur les cours de l’essence à New York. Depuis le début du mois de Février les cours de l’essence américaine étaient logiquement adossés à ceux du Brent, les voila qui prennent les devants, anticipant une future hausse du pétrole et affichant une marge de raffinage de 26$/baril (FIG.I, courbe rouge). Le gallon de gasoline à plus de 3$ sur le NYMEX cela veut dire un cours moyen de l’essence à la pompe à 3.6 ou 3.7 dollars le gallon (pas loin d’un dollar le litre) pour la semaine prochaine.

Spread-BRENT-WTI

C’est un grand pas vers les 4 dollars le gallon qui avaient au printemps 2008, il y a seulement trois ans, fortement perturbé l’économie américaine. Parmi les indicateurs les plus pertinents il faudra suivre l’évolution du trafic routier américain qui avait baissé de 2,5% en 2008 ainsi que la proportion des ventes de 4X4 aux Etats-Unis qui sont liées aux prix de l’essence à la pompe (FIG.II). Au printemps 2008 la proportion de 4X4 dans les ventes mensuelles étaient tombée à 42% (courbe rouge). Au mois de Février les small trucks ont représenté 51% des ventes unitaires de véhicules.

  Ventes-4X4-USA

 Une minute ou deux de réflexion basée sur le fait qu’un mouvement spéculatif d’ampleur s’appuie toujours sur des liquidités et une certitude partagée par tous, permet d’avancer que la « certitude » d’une déstabilisation les unes après les autres, des Principautés du Moyen-Orient va remplacer avantageusement la « certitude » du peak-oil de 2008. Cela signifie que la montée des cours du brut et des produits dérivés n’en est qu’à ses débuts. Les économies mondiales s’étant durant la crise précédente « désensibilisées » partiellement aux cours du pétrole, il est possible de raisonnablement prévoir, au gré des révolutions de palais dans la zone MENA, des cours à venir sur le pétrole européen qui dépasseront allègrement les 140$/baril de l’été 2008.

Le 2 Mars 2011

Commentaires

4 réponses à “Les cours de l’essence aux Etats-Unis rappellent des temps d’avant débâcle”

  1. Avatar de Pascal
    Pascal

    Ce qui me fascine, c’est cette proportion toujours hallucinante de véhicules 4×4 dans les ventes aux Etats-Unis: 42 % lorsque les prix de l’essence sont élevés, 51 % le reste du temps.
    J’imagine, comme vous l’aviez déjà écrit, que c’est surtout le manque d’offre qui explique ce taux élevé (grosso-modo les gens achètent d’abord ce qu’il y a à vendre).
    La révolution verte américaine tarde à prendre de l’ampleur (ces 4×4 achetés aujourd’hui rouleront surement encore dans 10 ans, ce qui retarde d’autant la migration vers une économie plus verte).

  2. Avatar de Ray
    Ray

    Pascal, consolez-vous en anticipant tout de même une baisse à venir de cette proportion et une hybridation bienvenue de ces tas de ferrailles. Quand aux matériaux composites, il faudra attendre les voitures allemandes et la pub qui ira avec pour susciter une saine compétition. Les constructeurs automobiles américains sont toujours en retard d’une guerre ou deux, mais les prix à venir des carburants devraient les stimuler.

  3. Avatar de Ray
    Ray

    Quelques extraits du papier de Bloomberg du 4 Mars sur le sujet:
    “It’s going to be a real challenge for the car industry,” Bayerische Motoren Werke AG (BMW) CEO Norbert Reithofer said in Geneva. “We have forgotten in a very short time that U.S. petrol prices were higher than $4 per gallon — that can come back sooner than we think.”
    The price of regular gasoline has gained 27 percent in the last year to an average $3.43 per gallon in the U.S., AAA, an organization for driving enthusiasts, said on its website.
    Consumers are likely to shift to purchasing smaller, more fuel-efficient vehicles, which are less profitable for carmakers, if the price of oil remains high, Morgan Stanley analyst Stuart Pearson said.
    “The most obvious impact of higher fuel prices is a weaker mix,” Pearson, who is based in London, said in a note to investors this week. “Profitable SUVs, MPVs and pickups fare badly, while unprofitable compact cars find new customers.”
    The oil-price surge also threatens sales for premium carmakers that haven’t invested in smaller engines. Nissan Motor Co.’s Infiniti brand, which currently offers nothing below a V6, is racing to introduce smaller models and more efficient four- cylinder engines supplied by Daimler under a partnership deal.
    “The days of the big V8s are clearly in decline,” Nissan Senior Vice President Andy Palmer said in an interview at Geneva. “Like all luxury carmakers, Infiniti is working very hard to improve fuel-efficiency and reduce emissions.”
    http://www.bloomberg.com/news/2011-03-03/daimler-s-steel-headwind-saps-profit-as-continental-ag-s-rubber-costs-soar.html

  4. Avatar de gestion rss

    Voila des courbes qui font frémir …

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