Et si les consommations de pétrole au sein des pays OCDE reprenaient leur repli amorcé il y a cinq ans

 Si en 2006 un respectable prévisionniste avait annoncé que les consommations de pétrole des pays de l’OCDE, les plus développés alors, étaient en train de connaître leur maximum et que dans les années à venir malgré une progression du PIB, ces consommations allaient décroître, il est probable qu’il aurait provoqué bien des remarques. Rappelons qu’en 2007 dans son Medium Term Oil Market Report, l’Agence Internationale de l’Énergie prévoyait, sur la base d’une progression des PIB, une croissance annuelle des consommations au sein de l’OCDE de 0,5 million de barils/jour. Elles devaient passer selon cette officine de 49,6 à 52,1 millions de barils/jour entre 2007 et 2012 et auxquelles s’ajoutaient les valeurs à croissance encore plus vive des consommations des pays NON-OCDE. Bien entendu ces prévisions avaient participé à la création du climat favorable à l’envol des cours pétroliers dès l’année suivante.

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 Un examen a posteriori de ces consommations (FIG.) montre qu’entre 2006 et 2010 ces consommations sont passées de 50 à 46 millions de barils/jour et qu’elles sont bien loin des prévisions de 2007. Décroissance de 8% observée malgré un PIB chaîné qui s’est accru entre-temps de deux points (base 100 en 2000). Entre les deux il y a eu l’envolée des cours, la crise financière et la crise économique.

 Ce résultat montre que les modèles de prévision des consommations en produits pétroliers basés sur la croissance des PIB sont sûrement toujours valides pour les pays NON-OCDE qui sont en phase de développement et d’équipement, mais ils ne s’appliquent plus aux pays vieillissants et largement urbanisés de l’OCDE. L’accroissement d’activité agit toujours sur la consommation de pétrole, nous l’avons vu en 2010, mais bien d’autres paramètres tendent à améliorer l’efficacité énergétique des processus où à substituer d’autres ressources énergétiques au pétrole. Ils agissent négativement sur ces consommations.

 Dans cette compétition entre croissance économique et réduction-substitution des consommations il existe un régulateur très puissant: le prix du baril de pétrole. On l’a vu monter en puissance en 2006 et 2007 mais surtout durant la première moitié de 2008. Par la suite les diverses crises sont venues se superposer à ce phénomène en laissant derrière elles une baisse irréversible des consommations OCDE de 4 millions de barils/jour. Cette baisse peut s’expliquer par un certain transfert des activités consommatrices vers les pays NON-OCDE, mais surtout par la disparition d’activités non rentables.

Les diverses officines prévoient pour 2011 et 2012 une croissance des consommations de pétrole dans le monde accompagnées d’une stagnation des consommations des pays OCDE à 46 millions de barils/jour pour l’EIA américaine et pour l’IEA à Paris (FIG., points pour 2010,2011 et 2012). Or les évènements dans le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord (MENA) nous indiquent que les cours du brut relancés par les liquidités financières mondiales et par le climat politique chez certains pays producteurs, vont rester durablement élevés. Une croissance au-delà des 140 dollars le baril peut être raisonnablement anticipée à ce jour.

Il devient alors fort probable que sous la stimulation des prix du brut, les pays OCDE vont accélérer les actions de réductions des consommations et  les mesures de substitutions de pétrole. Ces multiples actions porteront sur l’arrêt progressif des consommation de pétrole dans la génération électrique et le chauffage, sur l’achat de véhicules automobiles plus sobres (légers, hybrides, diesel, gaz naturel comprimé, etc.), la baisse du trajet moyen des véhicules, l’optimisation de la logistique dans les transports, etc.

Compte tenu des tendances observées entre 2006 et 2008 il est possible d’espérer une baisse annuelle des consommations de pétrole dans l’OCDE de l’ordre de 0,5 million de barils/jour. On peut alors pronostiquer une consommation OCDE de pétrole et biocarburants aux environs de 45 millions de barils/jour à fin 2012 avec une contribution des biocarburants autour de 1,4 million de barils/jour.

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