L’exploitation des gaz non conventionnels en Europe a déjà démarré. L’aventure a sérieusement débuté en 2005 en Allemagne, près de la frontière Nord des Pays-Bas, sur le forage LEER Z4, avec Wintershall et Gaz de France (opérateur). Ce forage horizontal avec fracturations dans des grès très compacts surplombant à 4300m de profondeur de larges couches du Carbonifère a produit 10,2 MMcf (millions de pieds cubes) de gaz par jour en 2007 et 6,7 MMcf par jour en 2008. Depuis de nouveaux forages LEER Z5 et Z6 ont été réalisés.
Cette aventure se poursuit activement en Pologne (FIG.) qui a accordé 70 concessions d’exploration-production depuis deux ans. La Pologne pour des raisons historiques, ne veut pas dépendre de son trop gros voisin la Russie pour son approvisionnement en gaz naturel. La Compagnie polonaise PNGiG associée à FX Energy vient de mettre en production dans ces mêmes grès de Rotliegen, dans la concession de Fences située dans le quart sud-ouest de la Pologne un forage qui débite 7,7 MMcf de gaz par jour et dont le débit pourrait monter jusqu’à 13,4 MMcf par jour. Les réserves prouvées et estimées de ce gisement seraient comprises entre 26 et 36 Bcf (milliards de pieds cubes, il faut diviser par 35,3 pour passer du pied cube au mètre cube).
Voila deux exemples ponctuels d’exploitation de « tight gas » ou « gaz de grès » en Europe. Les réserves de gaz non conventionnels en Europe ne sont pas connues, tout simplement parce que les travaux de prospections systématiques qui ont demandé 30 ans de travail aux États-Unis, n’en sont qu’à leur début en Europe. Florence Gény dans sa récente synthèse, cite Rogner qui avance 1255 Tcf (1,2 million de milliards de pieds cubes) de réserves réparties entre les trois types de gaz non conventionnels (gaz de houille, gaz de grès et gaz de schistes). Le CERA avance pour sa part des réserves européennes de gaz non conventionnels qui seraient cinq fois plus élevées, à 6115 Tcf. Pour avoir un ordre de grandeur il faut savoir que les consommations annuelles de gaz naturel en Europe se sont élevées en 2009 à 17 Tcf. En se projetant en 2020 ou 2025 où les consommations annuelles en Europe de gaz naturel se seront accrues vers les 20 à 25 Tcf sous l’impact de la montée des cours du pétrole, on peut imaginer des réserves de gaz non conventionnels qui représenteraient, au bas mot, autour de six à sept décennies de la consommation totale de gaz. Si l’on tient compte des réserves de gaz conventionnels il semblerait aujourd’hui que l’Europe dispose de plus d’un siècle de gaz à sa disposition. Laissons à d’autres le soin de faire des calculs plus précis qui s’avèreront être erronés au lendemain de leur parution.
Comme le montre cette carte imagée, issue du rapport de Florence Gény, il ne faudrait pas que le lecteur à la sensibilité « précautionneuse » ou « josébovéenne » à fleur de peau, se persuade qu’en rejouant l’air de « Gardarem lou Larzac », il sauvera l’Europe d’une pollution généralisée de ses nappes phréatiques. De nombreux pays (Suède, Pays-Bas, Allemagne, Danemark, Autriche, Pologne,etc.) ont bien compris l’importance de ces ressources en gaz non conventionnels et se préparent à leur mise progressive en exploitation durant la décennie à venir. Cependant, il ne semble pas qu’ils aient également décidé pour cela de polluer les nappes phréatiques environnantes.
Pour en savoir plus et peut-être pour parler de façon plus pertinente du sujet, il faut lire ou consulter:
Le précieux rapport de Florence Gény. Un intéressante présentation de GDF-Suez montrant l’empreinte au sol des forages et proposant un mode intéressant de forages en clusters. Une présentation GDF de 2006 qui montre l’état d’avancement des connaissances et des technologies en Allemagne cinq ans auparavant. L’annonce de FX Energy portant sur ses récentes découvertes en Pologne. Les activités de FX Energy en Pologne et ailleurs.
Le 9 Mars 2011



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