Le mois de Janvier dernier qui avait vu les prix de l’essence à la pompe franchir le seuil psychologique des 3$/gallon aux États-Unis a affiché une consommation d’essence en décrue par rapport à celle du mois de Janvier 2010 (EIA). Depuis les prix de l’essence sur le Nymex se sont envolés puisque depuis le début du mois de Janvier les cours de l’essence se sont accrus de 31%, alors que le WTI a pris 18% et le Brent 28%. L’histoire de l’impact des prix sur la consommation de carburants dans le monde n’en est qu’à ses débuts.
Quelque faits pour illustrer ces propos:
1- le mois de Janvier est historiquement (hors ouragans sur le Golfe) celui où la consommation d’essence est la plus faible aux États-Unis (FIG.I):
2- le suivi des consommations d’essence des mois de Janvier, après les fêtes du mois précédent, traduit le besoin de base de ce carburant pour assurer un trafic routier « utile » aux États-Unis. Cette consommation est passée par un maximum de 8,9 M barils/jour en Janvier 2007 (FIG.II, courbe rouge). Depuis elle ne cesse de décroitre (8,4 M barils/jour en Janvier 2011).
3- pour porter jugement sur le prélèvement de pétrole il faut tenir compte des gains de process en carburant dans les raffineries américaines (1 point de % par an tous les dix ans) et surtout de l’addition d’éthanol qui, en ce début 2011, a atteint les 9% en volumes (6% en énergie). Dans les faits, la consommation maximum de la fraction pétrolière de l’essence (FIG.II, courbe verte) est donc passée par un maximum de 8,6 M barils/jour les mois de Janvier 2005 et 2006 pour ensuite décroitre jusqu’à 7,7 millions de barils/jour en Janvier 2011, ancien niveau de Janvier 1999.
Cette courbe verte en vive décroissance, rend évident l’intérêt de la production de bioéthanol aux Etats-Unis, tant décriée par certains écolos-rétro de l’EPA aux yeux rivés sur quelques tonnes de CO2 de plus ou de moins dans l’azur liées à d’hypothétique transferts de cultures (LUC). Les biocarburants n’ont qu’un impact marginal sur les émissions de GHG, par contre ils en ont un essentiel sur la consommation de produits pétroliers, en particulier aux États-Unis. C’est la raison essentielle qui pousse l’Administration Obama à encourager la diffusion de la distribution de ces biocarburants sur le territoire américain. Ceci passe par la généralisation de la mise en place de pompes à essence qui distribuent le mélange à la teneur en éthanol désirée (97%, 15% ou 10% selon le type et l’âge du véhicule). Ces pompes vont être subventionnées (LIRE le dernier discours du Président Obama).
4- mais tout cela n’empêche pas les cours du pétrole Brent en Europe, devenu le benchmark mondial, de nous « rejouer 2008 » avec trois ans de décalage (FIG.III):
° les liquidités sont abondantes grâce aux « quantitative easing » de la FED et autres carry-trade sur le Yen,
° l’évidence du peak-oil imminent de 2008 a été remplacée par celle des troubles au Moyen-Orient et en Afrique du Nord,
°la montée des cours gèlent des stocks physiques qui attendent des cours meilleurs pour se débloquer,
°les économies mondiales se sont en trois ans une fois de plus désensibilisées aux cours élevées du brut ce qui rend possible un nouveau record de prix, encore plus élevé que le précédent, avant le futur plongeon « post-bulle ».
En conclusion: la montée des cours du pétrole et de l’essence devrait poursuivre son effet dépressif sur les consommations américaines et mondiales de carburants. En parallèle les biocarburants devenus moins onéreux que les équivalents pétroliers devraient poursuivre leur prise de part de marché. Mais ceci n’est pas de nature à empêcher cette croissance des cours du brut en Europe, animés par des considérations géopolitiques et spéculatives sur fond de gel des stocks.
Le 6 Avril 2011




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