Au lendemain d’une crise économique profonde, les Occidentaux découvrent un monde profondément transformé, où les incertitudes politiques font peser une menace sur leurs approvisionnements en pétrole et en gaz naturel et où les catastrophes les font douter sur certains choix technologiques structurants tels que le forage offshore ou le nucléaire. Ce changement de climat apparaît dans les discours du Président Obama qui adhère à son tour aux objectifs d’indépendance énergétique nord-américaine, poussé par la politisation des prix de l’essence à la pompe présentés par l’opposition républicaine comme la conséquence des choix ineptes de son Administration. Alors que dans un tel climat d’incertitudes où flambent les prix de l’énergie et autres commodities, on attendrait un discours de la FED prudent et restrictif pour essayer de calmer un tant soit peu le jeu, c’est l’inverse qui est décidé, avec une politique inflationniste traditionnelle qui alimente à grands seaux de dollars la spéculation mondiale. Les profits des Pension Funds passent avant la maîtrise des révoltes populaires d’Afrique ou du Moyen-Orient.
De façon évidente, pour se protéger de la faiblesse pilotée du dollar, il faut acheter du papier adossé aux produits pétroliers dont les cours à la hausse confirment l’évidence des risques géopolitiques mondiaux et justifient la démarche. Ce mouvement d’auto-allumage spéculatif « liquidités-achats-gel des stocks-hausse des cours » est toujours d’actualité sur les produits pétroliers, en Europe sur le Brent coté à Londres ou sur le fuel à Rotterdam, aux États-Unis sur l’essence. Le dollar plonge et le baril de Brent s’apprécie, mouvement synchrone préféré des milieux financiers en quête de plus-values rapides et peu risquées (FIG.)
L’US Index coté sur l’ICE qui valait 88$ en Juin 2010 a atteint la zone des 73 dollars cette semaine (FIG., courbe verte, échelle de droite), dévaluation du dollar de 17% vis à vis d’un panier de monnaies dont l’euro, la livre sterling, le Yen et autres couronnes ou francs suisses. En contrepartie une appréciation continue du baril de Brent est observée (courbe rouge, échelle de gauche). Elle n’a aucune raison de s’arrêter sur fond de révoltes populaires possibles dans certains grands pays producteurs de l’OPEC, que ce soit en Afrique de l’Ouest, en Afrique du Nord ou au Moyen-Orient.
Pour observer un renversement de tendance il faudrait voir apparaître des politiques tendant à calmer les consommations en Asie et surtout aux États-Unis. La Chine nous dit-on, préparerait un tour de vis pour calmer l’inflation, mais il n’apparaît pas que les américains veuillent rapidement réduire leur gaspillage, malgré quelques appels des plus sages, peu audibles, à plus de parcimonie.
En attendant certains en profitent. C’est le cas de la Russie qui détient pour une large part les clés du pétrole et du gaz pour l’Europe et de plus en plus pour l’Asie. Elle exporte à tout-va à tel point que la pénurie en carburants pointe sur son territoire. La facture énergétique de notre pauvre pays, tétanisé par des idéologies de tous poils, va s’en trouver fortement plombée. Citoyens, il va falloir un jour faire sonner le réveil.
Le 28 Avril 2011


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