La séance tenue hier à l’Assemblée Nationale portant sur l’exploration-production des gaz de schistes en France a fait l’objet de débats d’une très haute tenue, largement argumentée et d’une rigueur scientifique évidente (normal, certains des intervenants ont même étudié à l’École Polytechnique). Je vous en rapporte certains extraits qui vont illustrer mes propos:
« La fracturation hydraulique horizontale nécessite trois ingrédients nocifs bien connus maintenant : des quantités d’eau phénoménales, des produits chimiques toxiques pour attaquer la roche et des microbilles de sable à injecter pour maintenir ouvertes les failles. »
« Nous sommes face à une catastrophe potentielle que nous pouvons prévenir au lieu de tenter de pallier ses effets. »
« …pour les entreprises américaines du secteur, notamment la plus grande d’entre elles, Chesapeake, c’est un échec commercial: leurs actionnaires commencent à se mordre les doigts en pensant qu’ils sont plutôt perdants. » (FIG. illustrant la catastrophe boursière et étayant ce propos).
« Madame la ministre, commencez par annuler les autorisations de travaux en Seine-et-Marne et, plus globalement, toutes les autorisations d’exploration: si l’exploitation est néfaste pour l’environnement, cela ne sert à rien de commencer les explorations. »
« Fournir du gaz de schiste ou de l’huile de schiste à bas coût portera, nous le savons bien, un coup d’arrêt à la recherche et au développement des énergies alternatives durables et tout autant à la recherche et au développement en matière d’économies d’énergies et d’efficacité énergétique. »
« Une note d’analyses stratégiques publiée ce mois-ci le confirme: «Compte tenu de ces nouveaux gisements, la demande en gaz devrait augmenter de 45 % à l’horizon 2035.» La dictature des marchés s’exercera pleinement en faveur du financement des nouvelles ressources de gaz non conventionnelles, au détriment des autres modes de production d’énergies. »
« Ce serait tout simplement un recul politique après le large consensus du Grenelle 1, cette fois-ci bel et bien relégué au rang de la lampe à huile et de la marine à voile. »
« Faut-il attendre une pollution généralisée de notre territoire pour reconnaître que la course aux hydrocarbures de schiste est une erreur? Destruction des espaces naturels, gaspillage des ressources en eau, pollution des nappes phréatiques, déchets contenant des substances radioactives, production de gaz à effets de serre, etc. Beaucoup d’argent, beaucoup de dégâts, et tout cela pour des puits qui seront exploités entre cinq et dix ans. »
« Attachons-nous, au-delà de cet objectif déraisonnable, au coût socioéconomique et écologique de cette obstination fossile qui m’a fait dire que les gaz de schiste, c’est l’énergie du désespoir; on pourrait dire aussi que l’énergie fossile, c’est l’énergie des dinosaures, alors qu’il faut, au contraire, démontrer notre capacité à évoluer vers un modèle alternatif durable. En fait, les gaz de schiste, dits par euphémisation (sic) calculée «non conventionnels», sont connus depuis longtemps, mais, jusqu’au renchérissement des hydrocarbures, on estimait leur extraction bien trop coûteuse. Ce seul aveu semble coiffer le débat d’une auréole éblouissante de déraison.«
La lecture de tels propos éclairés ne peut que nous rasséréner sur la qualité de notre représentation démocratique et sur la perspicacité de la dernière phrase citée.
Pour identifier les auteurs de ces citations qui entreront à coup sûr dans l’Histoire, vous pouvez vous reporter au C.R. de débats de l’Assemblée Nationale.
Plus sérieusement vous pouvez lire aussi une déclaration de grands chimistes français qui s’insurgent contre ce simulacre de débat « démocratique » où les plus gueulards l’emportent.
Le 11 Mai 2011


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