CSPE 2020: la facture électrique des énergies renouvelables ne sera pas « doucette »

 Philippe de Ladoucette, le président de la CRE (Commission de Régulation de l’Energie), a été auditionné le 24 Mai dernier devant les Commissions réunies des affaires économiques et du développement durable et de l’aménagement du territoire de l’Assemblée nationale, pour faire le point sur l’évolution prévisible d’ici à 2020 de la facture électrique des énergies renouvelables.

CRE-CSP 2020

Les hypothèses retenues lors de cet exposé ont été les suivantes:

– La loi Grenelle I prévoit que la part d’ENR dans la consommation finale d’énergie doit atteindre 23% en 2020. Dans le plan d’action national en faveur des énergies renouvelables transmis à la Commission européenne en 2010, le gouvernement indique que l’atteinte de cet objectif se traduit par une part d’ENR dans le secteur de l’électricité de 27 %. Elle était de 15,5% en 2010.

– Ceci conduit à une évolution de la puissance éolienne installée de 5 800 MW en 2010 à 19 000 MW en 2020

– Celle du photovoltaïque, en retenant une croissance règlementairement limitée à 500 MW par an pourrait  passer de 900 MW à 7 000 MW en 2020.

– Le prix moyen du MWh issu des ENR a atteint 82 euros en 2010, dont un hallucinant 537 euros/MWh pour le photovoltaïque, pour un prix de gros de l’électricité de 47,5 euros/MWh. La différence de prix, pondérée des productions des ENR, se retrouve dans la facture du consommateur sous la rubrique CSPE (voir au dos de votre facture EDF).

En 2011 la production des ENR « soutenues » devrait atteindre 26 TWh soit 4,5% de l’énergie électrique totale, ce qui représentera une charge de 1,6 milliards d’euros pour le consommateur.

En 2020, sur la base d’une hypothèse de croissance du prix de gros de l’électricité de 4% par an (inflation + 2%) cette charge supplémentaire devrait atteindre 6,7 milliards d’euros (FIG.). Avec trois postes essentiels de 2,5 mrds pour l’éolien offshore, de 2,3 mrds pour le photovoltaïque et de 1,1 mrd pour la biomasse. Ce montant total est à comparer aux 1360 milliards théoriques de consommation des ménages en 2020, déduits des données du PIB 2010 avec une inflation de 2% par an.

 Ce calcul prévisionnel de la CRE montre tout simplement que notre pays ne pourra pas s’offrir la participation des énergies renouvelables dont les tarifs resteront trop éloignés du prix de gros de l’électricité, sous peine d’assister à des phénomènes de remise en cause des volumes au gré des puissantes contraintes économiques auxquelles il va devoir faire face. Le photovoltaïque et l’éolien offshore sont des options qui ne sont pas économiquement soutenables en larges quantités aux tarifs actuels pratiqués ou imaginés. Il manque dans les divers plans élaborés, un impérieux volet de plan pluriannuel de réduction des coûts et donc des tarifs pour chacune des technologies.

ACCÉDER aux chiffres présentés par de Ladoucette et à son exposé.

Le 30 Mai 2011

Commentaires

11 réponses à “CSPE 2020: la facture électrique des énergies renouvelables ne sera pas « doucette »”

  1. Avatar de ReponseMan
    ReponseMan

    Il serait intéressant de comparer l’évolution du montant de la CSPE (dernière ligne de notre facture d’électricité), avec celui de la plus grosse partie, à savoir « la partie haute » de notre facture (constituée à 80% par du nucléaire pour l’essentiel des abonnés).
    Il serait aussi intéressant de donner quelques hypothèses sur l’évolution de cette « partie haute de la facture », en particulier sur les coûts à venir des démantèlements et des retraitements des déchets. L’audit sur la filière décidée par N. Sakozy nous éclairera peut-être sur ce point (on peut rêver).
    A titre personnel, d’ici 2020, j’espère qu’il est prévu de commencer à intégrer ces coûts, et de ne pas les reporter systématiquement intégralement sur les générations futures.
    Certes oui, l’électricité va coûter (beaucoup) plus cher qu’aujourd’hui et qu’hier.

  2. Avatar de critique
    critique

    Quel est le cout de prod de l’éolien offshore pris dans l’exposé en 2020 ?
    Nous jeter des chiffres sans les hypothèses c’est facile. Les ENR sont surement hors de prix mais l’exposé de la CRE est tout sauf convainquant…

  3. Avatar de Kad
    Kad

    Oui les tarifs de rachat ont baissé massivement ces 2 dernières années. Pourquoi n’en serait il pas de même dans les suivantes?

  4. Avatar de eilage
    eilage

    Oui l’énergie coutera plus chère et tant mieux ! Il est temps que l’homme paye le prix juste des ressources qu’il consomme !
    On ne se rend même pas compte à quel point on est gavé d’énergie pas chère, chaque occidentale vit aujourd’hui comme un de ses ancêtre des siècles précédents ayant une 50aine de domestiques … Tout ça en brulant du diesel à 1,5€ le litre … Et on trouve ça trop chère !!!
    Soyez civique !! Je vous invite à faire comme moi et à anticiper de payer votre énergie au prix juste en souscrivant à un « fournisseur d’électricité militant » où vous payerez plus chère votre électricité, soit le prix juste pour un vrai développement des énergies renouvelables, durables …

  5. Avatar de Ray
    Ray

    A partir des chiffres annoncés par la CRE on peut imaginer un éolien offshore français autour des 12000 MW en 2020 soit 2000 éoliennes de 6MW installées essentiellement durant les 5 dernières années nous indique la courbe. Tout cela ne me semble pas très sérieux, mais c’est du « Grenelle » pur sucre.
    Sur la base d’un fonctionnement de ces éoliennes de 3000 heures par an ceci conduit pour 2020 à une énergie éolienne offshore de 36 TWh. Compter 2,5 mrds d’euros de dépassement par rapport au prix de gros pour de tels volumes c’est vraiment donné.

  6. Avatar de Tonton
    Tonton

    Vous ne serez pas étonné d’apprendre que la loi des 23% d’ENR à l’horizon 2020 voté par nos chers députés ne s’est basé sur aucune prévision ou simulation d’aucune sorte.

  7. Avatar de el gringo
    el gringo

    L’hydroélectricité représente 12% de la consommation française avec 70 TWh mais possède un potentiel de 100 TWh.
    Dans les faits, le potentiel réellement utilisable en respectant les contraintes lié à l’environnement est plutôt de 14 TWh supplémentaires ce qui porterait la production hydroélectrique française autour de 15%.
    http://lesrapports.ladocumentationfrancaise.fr/BRP/064000471/0000.pdf
    A cela, il faut peut-être ajouter les STEP à l’étranger comme en Suisse qui représente près de 7 TWh par an (soit 1.5% de la consommation française) mais qui peut être encore fortement augmenté si l’Allemagne ne devient pas le premier client de la Suisse avec l’arrêt de ses centrales nucléaires.
    La France exporte 25 TWh par an vers la Suisse (utilisés surtout pour remplir les barrages la nuit) qui renvoie 7 TWh vers la France aux heures de pointe. La Suisse exporte aussi 21 TWh par an vers l’Italie.

  8. Avatar de Benkebab
    Benkebab

    Ray, j’aimerai votre avis sur le premier commentaire. M. Proglio parle d’augmenter de 30% les tarifs de l’électricité en 5 ans, et des articles comme le vôtre semblent désigner les ENR comme responsables, mais occultent totalement la part du nucléaire dans cette évolution des prix.
    La réalité, c’est que les coûts de démantèlement de nos centrales ont été horriblement sous-évalués, et que la facture se comptera en centaines de milliards d’euros. La Cour des Comptes a publié un rapport intéressant sur le sujet: http://www.ccomptes.fr/fr/CC/documents/RPT/RapportRadioactifsnucleaire.pdf.
    Votre scenario de subventions aux ENR à hauteur de 7 milliards, c’est du pipi de chat en comparaison!

  9. Avatar de Ray
    Ray

    Benkebab, il faudra bien un jour que les prix administrés de l’électricité en France atteignent les prix de marché…alors les concurrents d’EDF pourront venir implanter leurs propres centrales en France et EDF pourra provisionner sans problème le démantèlement de ses centrales usagées. Une augmentation de 30% me semble raisonnable, mais ce n’est pas dû au nucléaire…c’est dû au contrôle des prix de l’électricité par l’Administration française.
    Allez Benkebab faites une fois un calcul simple:
    Energie produite par une centrale de 1200 MW fonctionnant 6500 heures par an (74%):
    1200 x 6500 = 7 800 000 MWh
    Energie produite par la même centrale en 50 ans (40 +10):
    7 800 000 x 50 = 390 000 000 MWh
    Prix du Démantèlement: fixez le en n’oubliant rien (un milliard, 2 milliards par centrale?)
    Prix au MWh = PD / 390 millions
    C’est pour cela que dans le prix de vente de 42 euros par MWh d’EDF à ses concurrents la provision pour démantèlement est comprise. On est loin des hallucinants 537 euros du photovoltaïque.
    Répondre à de la propagande mille fois ressassée par un discours rationnel c’est comme pisser dans un violon pour en sortir des sons de clarinette…mais il n’y pas d’autre façon sinon une grossière invective.

  10. Avatar de Benkebab
    Benkebab

    Bonjour Ray,
    – Je n’ai pas rêvé, c’est bien EDF qui a revendiqué auprès de l’État une hausse non? Ensuite, M. Besson a démenti, langue de bois oblige, n’effrayons pas les électeurs…
    – Sur les coûts de démantèlement, votre réponse est scandaleuse! Et oui j’ai fait le calcul, 5€/MWh, mais le problème n’est pas là, bien évidemment. Comme expliqué dans le rapport de la Cour des Comptes, EDF est censé provisionner les coûts de démantèlement de ses centrales. Pour une raison de transparence évidente, qui perd toute sa crédibilité quand on voit l’erreur commise. En effet, les coûts sont provisionnés sur la base de 15% du coût complet ramené à la puissance installé (depuis 91), soit environ 249M€ pour un réacteur de 900MW et 360M€ pour un 1300MW. Mais je ne vous apprends rien puisque comme vous l’avez souligné, ces coûts sont outrageusement sous-estimé, vu qu’on est plus proches du couple de milliards par centrale!
    Le scandale, que vous omettez complètement avec votre petit calcul, c’est que du coup il n’y a aucune transparence pour le consommateur! Nous sommes nourris à la propagande pro-atome (énergie la moins chère, etc.), il n’y a qu’à voir les articles qui ont fleuri après l’annonce de la hausse: « c’est la faute au PV, aux éoliennes, etc ». Alors qu’évidemment le coût du nucléaire (80% de notre électricité) est lié à cette augmentation. Maintenant que les comptables d’EDF ont sortis leurs calculatrices et réclament un tarif à 42€/MWh, puis 46€/MWh en 2015, ce n’est pas près de s’arrêter. Alors oui, on aura peut-être encore un tarif correct (+30% nous amène au niveau moyen de l’Europe des 27, cf Eurostat), mais quelle mascarade. On nous prend juste pour des cons.

  11. Avatar de Tonton
    Tonton

    Le principal problème du démantèlement c’est qu’il n’y a pas eu d’expérience française en la matière et pour cause : les centrales françaises ont une moyenne d’âge de 24 ans. D’ici là on peut regarder à l’étranger, or les estimations d’un pays à l’autre change complètement. On peut raisonnablement se baser sur le démantèlement de la centrale de Yankee Rowe (de petite puissance mais qui n’a pas été préparée à être démantelée dans sa conception où la gestion des déchets est plus délicate) et a coûté 350 millions d’euros.
    Pour les plus anciennes, déjà rentabilisées, qui soufflent leurs 30ème bougie, elles ne ressemblent guère plus à celles au moment de leurs constructions. Tout ou presque a été changé et contrôlé. Les modifications sont importantes et il serait faux de qualifier la centrale de Fessenheim de « vétuste » alors qu’elle ne ressemble en rien à la centrale mise en béton à la fin des années 70.
    Prolonger la vie des centrales coûtera 10 fois qu’un investissement dans l’EPR et c’est très certainement la voie dans laquelle on se dirige.
    L’Allemagne se coupe d’une énergie peu chère et doit désormais imaginer des solutions coûteuses au lieu de se servir d’une énergie continue et bon marché. Comme mainte fois répétées ici, elle est riche et ses contribuables veulent payer, elle est souveraine.
    EDF a déjà provisionné de l’argent, quelque soit l’état de sa dette, et avec le futur rapport de la Cour des comptes la transparence sera faite sur l’intégration dans le coût du kWh du démantèlement, déjà réalisée. Le vrai problème se pose pour les installations nucléaires, industries militaire (dans laquelle EDF n’a rien à voir) devrait être séparée de l’activité civile.
    Bref on peut être optimiste sur le coût du démantèlement des centrales françaises même si devant les sommes engagées les contrôles doivent être réalisées comme le montre le travail de la Cour des Comptes et le souci de transparence désormais affiché par le gouvernement et c’est bienvenue !
    Rappelez vous seulement que si 77% des français veulent sortir du nucléaire, ils sont autant à ne pas vouloir augmenter le prix de l’électricité. Le nucléaire est un avantage pour la France, pour son industrie.
    Quant aux autres filières : l’offshore va s’envoler en France grâce aux concessions avec une vraie filière, l’éolien terrestre va faire face aux résistances locales et ne pas beaucoup se développer. Quant aux énergies marines hors éolien offshore, la France a des chercheurs et une industrie prête (DCNS entre autres qui développe aussi du petit nucléaire très attractif). Même chose dans le solaire à concentration (Saint Gobain, Schneider Electrics, etc.), le photovoltaïque (INES mais rien côté production : tant mieux quand on regarde « l’innovation » de Q-Cells en Allemagne) et enfin l’efficacité énergétique qui doit être développée (INEO, Saint Gobain, Schneider pour la gestion, etc.)

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