En ces temps imbéciles d’annonces de la fin de la prospérité et des haricots, liée à la volonté des Républicains américains les plus radicaux de faire recaler Obama aux prochaines présidentielles, nos économistes distingués nous annoncent que la consommation de pétrole dans le monde va se réduire et donc que les cours du brut vont tout naturellement se replier. Bien sûr ils oublient le phénomène de déplétion des puits en production qui naturellement voient leurs productions se réduire de 4 à 7% par an et qui oblige les pétroliers à amener chaque année dans les 4 à 5 millions de barils/jour de productions nouvelles ou améliorées (EOR) pour compenser cette réduction naturelle des flux de production. Les quelques centaines de milliers de barils/jour en plus ou en moins liés à une hypothétique conjoncture ne pèsent donc pas lourd par rapport à la demande nouvelle. Les cours du pétrole swinguent lorsque les Bourses plongent, mais je voudrais souligner ici que certaines hiérarchies sont respectées et même amplifiées.
Le marché du WTI à New York dont on nous rabat sans-cesse les oreilles, est devenu un marché régional largement approvisionné à Cushing, Oklahoma, par les ressources locales et les pipe-lines en provenance du Canada. La référence des cours du pétrole Occidental est maintenant assurée par la cotation du Brent à Londres avec un confortable « mark-up » par rapport aux prix américains. Avec la crise boursière récente cette primauté du Brent sur le WTI s’est encore plus affirmée (FIG., courbe bleue). Depuis le premier Août le WTI a perdu dans les 12 dollars par baril alors que le Brent n’a lâché que 7 dollars. Le spread entre Brent et WTI a atteint les 27 dollars par baril, un plus haut historique.
Tout naturellement les cours de l’essence à New York qui dépendent des cours des importations marginales d’essence venant d’Europe, s’alignent eux aussi sur les cours du Brent. La marge de raffinage entre essence et WTI atteint ainsi des valeurs supérieures à 35 $/baril (courbe rouge) pour le plus grand plaisir des raffineurs américains…dont les cours de Bourse paradoxalement s’effondrent.
Il faut donc imaginer des résultats des Valero, Tesoro et autres purs raffineurs américains en forte progression au troisième trimestre par rapport à ceux du second trimestre qui n’étaient pas si mal.
On le voit malgré la baisse tendancielle des consommations d’essence aux États-Unis les résultats du raffinage américain vont être superbes en 2011 en raison de la prime sur le Brent européen qui traduit mieux en dollars par baril les contraintes géopolitiques (Libye, Syrie, Afrique Noire…) qui s’exercent sur le pétrole mondial. Les cours de l’essence à New York sont déterminés à Londres.
Le 20 Août 2011


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