Les émissions anthropiques de CO2 des pays en développement rendent superfétatoires les efforts de limitation du phénomène

 La Terre relargue naturellement d’immenses quantités de CO2, la vie et les lois physiques veulent qu’elle en absorbe également de larges portions. Ces phénomènes sont très mal quantifiés faute d’instrument de mesure (satellite) qui permettrait d’identifier et de quantifier les puits et les sources de CO2 sur le globe. Nous n’avons donc accès qu’au bilan par les mesures de teneur en CO2 dans l’air et par des mesures localisées du pH des océans (voir l’exposé très modéré de J.P. Gattuso). Par dessus ces phénomènes naturels largement dépendants des conditions climatiques générales, des variations inter-annuelles et de la variabilité régionale qui constituent la variabilité interne de phénomènes climatiques complexes, l’Homme par ses activités largement consommatrices d’énergie fossile et par son obsession existentielle de développement de terres cultivables mais aussi de ressources de bois au travers de massifs forestier vient ajouter un élément de complexité supplémentaire au phénomène (FIG.I).

Emissions 2010

 En 2010 nous dit PBL.NL les émanations de CO2 dues à la combustion des réserves fossiles et à la production de ciment ont atteint dans les 33 milliards de tonnes de CO2 (en unité absconse des climatologues cela correspond, avec le rapport de masse molaire C/CO2 = 3/11, à 9 pétagrammes de carbone). A ce phénomène viennent s’ajouter autour des 10 milliards de tonnes de CO2 liées aux activités agricoles, partiellement compensées par un puits de quelques 8 milliards de tonnes de CO2 correspondant au développement de nouvelles cultures et au reboisement. Il faut donc estimer pour 2010 à 35 milliards de tonnes de CO2 larguées dans l’azur par les activités humaines…5 tonnes par pingouin, aux approximations près des émissions chinoises.

 Ces tonnes anthropiques de CO2 viennent annuellement se rajouter au bilan naturel des émissions et des disparitions de CO2 qui n’est pas connu. L’image du seul sort des émissions anthropiques de la FIG.I est donc une vue déformée des phénomènes réels puisque la croissance annuelle du CO2 dans les océans et de celle dans l’atmosphère qui est la plus importante et la mieux mesurée, dépendent à la fois des deux phénomènes.

 Une analyse des émissions de CO2 relatives aux combustions de ressources fossiles et à la production de ciment montre une large divergence des comportements entre les pays en voie de développement et les pays industrialisés (FIG.II). Alors que les émissions de CO2 de ces derniers sont globalement stables autour des 15 milliards de tonnes, celles des pays en développement sont devenues majoritaires et connaissent une croissance continue de 900 millions de tonnes par an depuis 2002.

  Pbl.nl emissions 2010

 De telles données illustrent combien il est illusoire de vouloir stabiliser les émissions anthropiques mondiales de CO2 dans les années à venir.

 Il faut donc juger les milliards de dollars ou d’euros consacrés à la réduction des combustions de ressources fossiles d’énergie dans les pays développés sous l’angle de la préservation de ces ressources et non pas de la quasi négligeable réduction des émissions de gaz carbonique.

 Un exemple: ratiociner à perte de temps sur les biocarburants en invoquant la réduction ou l’accroissement des émissions de CO2 ne présente aucun intérêt, ce sont les économies en carburants fossiles qui sont le paramètre pour juger de la pertinence de cette activité.

Un autre exemple, l’enfouissement de quelques milliards de tonnes de CO2 n’aura de sens écologique et économique que s’il permet d’accroître le taux de récupération d’hydrocarbures (EOR) des puits de pétrole en voie d’épuisement.

Tout green-business n’a de sens que s’il est d’abord un business rentable et non subventionné (ou non défiscalisé). Il en est peu qui satisfassent pour l’instant à ces deux critères simples.

Taxer les émissions de CO2 ou la circulation des camions a autant de sens que de taxer les fenêtres ou la circulation du sel. C’est un faux-nez pour instaurer une taxe de plus qui va alimenter en précieux euros des administrations en charge du recouvrement de la taxe et dépenser de coûteux investissements pour traquer (tracking) les assujettis. Ceci se traduira en France par un accroissement des prix des transports correspondant à un tiers environ du prix du carburant (12 centimes/km environ)…et donc à une nouvelle perte de compétitivité de notre économie.

Remarque: Un accroissement d’un tiers des prix à la pompe du gasoil aurait été beaucoup plus efficace que ce nouvel impôt débile, en effet il aurait au moins incité les transporteurs à demander aux constructeurs des camions énergétiquement plus efficaces.

LIRE le bilan annuel des émissions de CO2 de PBL.NL

LIRE une synthèse récente sur ces émissions anthropiques axée sur le LUC.

Le 30 Septembre 2011

Commentaires

8 réponses à “Les émissions anthropiques de CO2 des pays en développement rendent superfétatoires les efforts de limitation du phénomène”

  1. Avatar de Tonton
    Tonton

    LUC = Land Use Change
    Sur le green business, cela va dans le sens de Vinod Khosla, un des VC les plus importants aux USA : http://news.cnet.com/8301-11128_3-20112295-54/khosla-environmentalists-get-out-of-way/?part=rss&tag=feed&subj=GreenTech

  2. Avatar de harold
    harold

    je suis d’accord, à un bémol près: la limitation des émissions fossiles en Europe est une forme de protectionnisme, cela va dans le sens de l’indépendance énergétique de l’Europe, pauvre en ressources. Et ça, vous n’en parlez pas.

  3. Avatar de irisyak

    En ce qui me concerne je ne vois pas d’autre solution que d’organiser la croissance des énergies nouvelles. Cela sera naturel dès que les prix consommateurs seront avantageux.
    Parmi les solutions il y a la pose de compteurs avec des tranches; au-delà d’une certaine consommation, toute consommation supplémentaire coûte nettement plus cher. ainsi les économies deviennent rentables.
    Le consommateur peut ainsi soit mettre des panneaux solaires soit mettre une petite éolienne soit encore fortement isoler son bien immobilier.
    C’est au consommateur d’arbitrer.
    http://greengrowing.over-blog.com

  4. Avatar de Ray
    Ray

    Et s’il n’a pas de bien?…il est plumé!

  5. Avatar de an391

    « Un exemple: ratiociner à perte de temps sur les biocarburants en invoquant la réduction ou l’accroissement des émissions de CO2 ne présente aucun intérêt, ce sont les économies en carburants fossiles qui sont le paramètre pour juger de la pertinence de cette activité. »
    Exactement, raison pour laquelle il faut augmenter la TIPP et taxes sur les carburants fossiles en général.
    En fait surtout un problème de communication : le CO2 et les impacts climatiques ne sont vraiment pas une plaisanterie, mais il est urgent de rétablir un équilibre dans la com entre cet aspect et celui du pic pétrolier et raréfaction des ressources en général.
    D’autre part le CCS, et les marchés du CO2 en général sont des idioties.
    CCS : 30 ou 40% de perte d’efficacité, c’est à dire 30 ou 40% de consommation de ressources en plus, et 30 ou 40% de pollutions minières en plus pour le charbon par exemple.
    L’urgence est de consommer moins de carburants fossiles, il faut prendre le problème par ce côté, et non celui du CO2, à l’arrivée le résultat pouvant être meilleur pour le CO2.

  6. Avatar de irisyak

    A Rey,
    Je vous respecte.
    Vous ne voyez pas que la politique actuelle va nous coûter très cher. En « donnant » aux plus démunis et aux autres une énergie trop peu chère nous reportons au lendemain la nécessité de faire de gros investissements.
    Le nucléaire va coûter très cher demain quand il faudra payer pour le renouvellement et le démantèlement des centrales. Ce jour là il faudra payer des sommes de 0,20 à 0,30 centimes d’Euros par KW.H .
    Il faut savoir que les japonais payent déjà des sommes pareilles et les énergies nouvelles sont très souvent compétitives.
    Ils investissent dans cette direction comme les allemands.
    http://greengrowing.over-blog.com

  7. Avatar de Ray
    Ray

    LIRE sur ce thème le rapport de l’Ecofys qui réalise une sombre analyse des émissions de CO2 chinoises projetées vers 14 ou 15 milliards de tonnes de CO2 en 2020 (allez-savoir?) et qui découvre naïvement le piège chinois de son indicateur en « intensité d’émissions » que j’avais dénoncé à l’époque.
    http://www.leblogenergie.com/2009/11/que-signifie-r%C3%A9duire-de-40-%C3%A0-45-les-%C3%A9missions-de-ghg-par-yuan-de-pib-entre-2005-et-2020.html
    http://www.climateactiontracker.org/press_briefing_panama.pdf

  8. Avatar de Icabaru
    Icabaru

    Tout à fait d’accord! Et les solutions? Les problèmes nous les connaissons bientôt sur le bout des doigts! Mais les solutions? Quelles sont-elles?
    Pensez-vous par exemple que si nous pouvions calculer des champs de forces de corps en double rotation simultanée (comme notre Terre qui tourne sur elle-même et en même temps autour du Soleil, et que la physique actuelle ne peut pas calculer car notre gravitation (9,81 m/s2) résulte de mesures, il nous serait également possible d’envisager des systèmes (ou des machines) utilisant ces champs de force? En clair, transformer de l’énergie cinétique en énergie mécanique?
    Quelqu’un aurait-il une idée?

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