La dette publique de la France se creuse de 114 milliards en un an (+7,2%)

Résumons les données économiques de la France au troisième trimestre 2011 par trois paramètres:

-la dette publique au sens de Maastricht à 1689 milliards d’euros s’est accrue de 114 milliards en un an (+7,2%) dont 24 milliards imputables à la sécurité sociale,

– malgré cela, le PIB à euros courants cumulé sur 4 trimestres mobiles qui est la bonne référence dans ce cas, ne s’est accru en un an que de 60 milliards (+3,1%) dont la moitié est due à la hausse des prix,

– la balance commerciale sur 12 mois cumulés affichait à fin Septembre un déficit de 67 milliards d’euros dont 60 milliards imputables aux seuls produits énergétiques.

Dette France

En résumé, la France, « très cool », en s’endettant sur un rythme quadratique avec le temps (le quinquennat Sarko aura vu la facture s’envoler de plus de 500 milliards) progresse peu mais consomme beaucoup et assure une bonne activité à ses fournisseurs extérieurs.

Certains à Gauche préconisent « un grand emprunt par an de l’ordre de un à deux points de PIB (20 à 40 milliards), inscrit dans un programme budgétaire spécifique non soumis aux arbitrages budgétaires annuels » …moi je veux bien mais il faudrait alors que le pay-back des actions menées grâce à cet emprunt soit très rapide. Ne vaudrait-il pas mieux, dans un premier temps, oublier les grandes théories et autres sulfureuses équations économiques pour faire l’inventaire de ce que nous importons à grand frais et essayer de réduire les volumes ou les prix de ces importations par de siouxes actions.

Ne faudrait-il pas importer mieux pour gagner plus?

Quelques données pour réflexion:

-La France importe net pour 13 milliards de gaz naturel, dont une large part (2/3) est indexée sur les cours du baril de brut et se refuse d’explorer ses réserves en gaz de schistes.

-Elle importe net pour 2,2 milliards d’engrais qui pourraient être pour une part produits localement avec une unité de production d’urée par réaction du CO2 sur l’ammoniac selon le procédé japonais MHI qui met en œuvre la capture du CO2 issu du réformage du méthane.

– Elle dispose d’un potentiel de raffinage du pétrole de 98 millions de tonnes par an, faiblement compétitif, croulant sous les règlementations diverses, aux mains parfois d’acteurs affaiblis (Petroplus) dans un contexte européen en surcapacité de production. L’avenir d’une part du raffinage français est donc morose. Une politique de rationalisation, de modernisation des quelques unités conservées vers des rendements accrus et de rééquilibrage à la baisse entre consommation d’essence (hybrides) et de gasoil devrait permettre à la France de réduire ses importations nettes de pétrole (36 milliards d’euros) et de produits raffinés (13 milliards d’euros). Un plan pluriannuel avec les principaux acteurs économiques devrait accompagner une réduction des consommations de 3% par an au bas mot.

-La France consomme encore pour 2 milliards d’euros de charbon dont une part est destinée à des centrales qui devraient peu à peu disparaître.

-Elle importe net pour 2 milliards d’euros de dispositifs photosensibles à semi-conducteurs dont cellules et modules photovoltaïques (code douanier: 85414090)!! Et si ces fadaises étaient réduites par 5 ou par 10?

-Elle importe net 24 millions de téléphones cellulaires par an pour quelques 3,4 milliards d’euros (code douanier: 85171200)…l’obsolescence programmée bat son plein. On change plus aisément de portable que de chemise.

-Je ne sais pas combien lui coûtent les éoliennes en pièces détachées, mais ce doit être non nul, pour un bilan économique et écologique des plus discutables,

– La filière bois devrait être revue de fond en comble,

-La chimie fine des principes actifs des médicaments s’est barrée aux Indes, allez donc voir les contrôles et la traçabilité des lots… quand les livraisons sont réalisées!

-etc.

Le 28 Décembre 2011

Commentaires

7 réponses à “La dette publique de la France se creuse de 114 milliards en un an (+7,2%)”

  1. Avatar de Lichtenberger
    Lichtenberger

    Bonjour Raymond,
    Tout d’abord, meilleurs voeux pour la nouvelle année.
    Comme toujours, beaucoup de pragmatisme dans votre analyse. Personnellement, j’apprécie.
    Concernant votre piste de réflexion #2, l’ammoniac est produit à partir d’hydrogène. Cet hydrogène est obtenu (principalement) à partir du gaz naturel. Selon un rapport (GCL Développement durable – agriculture.gouv.fr), « Lorsque le gaz naturel est utilisé comme source d’hydrogène, celui-ci représente environ 80% du coût de fabrication de l’ammoniaque ».
    Dans ces conditions, comment développer chez nous une usine de fabrication d’engrais sans qu’elle soit pénalisée par cette dépendance au prix du Gaz naturel ?
    La production d’hydrogène par des réacteurs à très haute température (VHTR) ne serait-elle pas une solution ?

  2. Avatar de Lichtenberger
    Lichtenberger

    (…Suite)
    Désolé si j’en reviens toujours à la 4ème génération. Mais selon moi (et encore d’après le discours de notre cher président hier soir) on ne sortira de cette crise qu’en ré-industrialisant la France. Or, on ne peut pas ré-industrialiser si on n’est pas compétitif. Et ce n’est certainement pas sur les produits standards qu’on est compétitif. Il faut innover. On a su le faire par le passé. Au début des années 70, le slogan n’était-il pas « En France, on n’a pas de pétrole, mais on a des idées » ? Et on en a eu des idées (le TGV, Arianne, Airbus, le concorde, le CEA, etc…)
    Un peu d’audace. Développons ce VHTR. Et pas seulement pour la production d’engrais.

  3. Avatar de Ray
    Ray

    Merci pour vos vœux Lichten, les réacteurs à très haute température qui pourraient un jour (?) produire de l’hydrogène à partir de la dismutation de l’acide iodhydrique par exemple (2HI—>H2 +I2) n’existent pas. Il se pourrait que dans quelques décennies (4 ou 5?), il existe un éventuel prototype aux États-Unis, en Chine ou ailleurs.
    Entre temps le monde aura mis en exploitation ses immenses réserves de gaz de schistes. Le gaz naturel au Henry Hub aux U.S.A. se paie dans les 3$ le MMBTU soit 3 ou 4 fois moins cher qu’en Europe et 6 ou 7 fois moins qu’en Asie. NON le prix du gaz naturel ne sera pas un obstacle, c’est au contraire LUI qui va rendre bien des utopies écologiques pour longtemps insoutenables économiquement. Il faut introduire la disponibilité abondante de gaz naturel dans les équations énergétiques des décennies à venir …cela est nouveau et repousse d’autant les hypothétiques solutions éoliennes ou photovoltaïques. Bien sûr nos élus, manipulés par l’idéologie Verte, après les OGM, ont fait le choix inverse en INTERDISANT LA RECHERCHE sur l’extraction des gaz de schistes…honte à eux et à leur pétochard principe de précaution!
    Relancer l’industrie en France nécessiterait une révolution intellectuelle et morale qui ne me semble pas accessible à son Peuple qui à peur et dont l’élite qui le gouverne, est par trop « hellénisée » dans les ors de la République. Il faut être réalistement pessimiste sur l’avenir de notre pays.

  4. Avatar de Bernard L

    Bonjour.
    Votre billet est extrêmement intéressant. Cela dit j’ai un doute sur votre chiffre concernant le charbon, qui me paraît tout bonnement aberrant!! Peut être que je fais erreur, évidemment! Pouvez vous m’éclairer sur ce point?
    Bien à vous
    Bernard Lopinet

  5. Avatar de Ray
    Ray

    Bernard, les chiffres sont tirés des données des douanes françaises.
    Voir le tableau:
    http://www.leblogenergie.com/2011/12/solde-du-commerce-ext%C3%A9rieur-de-la-france-la-d%C3%A9b%C3%A2cle.html
    Dans le solde de 2 milliards, il y a 870 millions de houille à coke pour la métallurgie (4,2 millions de tonnes)en provenance de l’Australie et des États-Unis. Le solde des houilles bitumineuses (9,8 millions de tonnes) pèse pour 885 millions d’euros. Les importations proviennent de Colombie, Afrique du Sud, États-Unis, Russie et Venezuela.

  6. Avatar de alex

    Je suis d’accord avec vous, il faut que la France retrouve son énergie et ses idées! Il faut retrouver notre compétitivité, celle qui a fait notre succès pendant les 30 glorieuses.

  7. Avatar de Ben

    Je vous trouve bien idéaliste en cette période de crise… Ceci étant dans le fond vous avez plutôt raison, mais honnêtement je pense que vous oubliez de prendre en compte le contexte économique qui a bien changé depuis ce temps là.. Nous devons cependant trouver des sources d’énergie pour retrouver cette compétitivité !!

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