Dans la deuxième partie de ce papier ont été montrés les formidables progrès réalisés par le Brésil dans la culture de la canne à sucre durant les précédentes décennies. Le climat, la disponibilité de terres cultivables et la volonté politique de moins dépendre du pétrole sont les trois ingrédients de ce succès en cours d’expansion qui devrait conduire à un futur doublement des récoltes. Cette recette devrait pouvoir être transposée à d’autres États en particulier en Afrique, avec l’aide du Brésil. Il existe dans le développement de ces cultures, associées à des usines agricoles de production d’éthanol, une voie évidente de progrès pour de nombreux pays en développement dans les zones intertropicales.
D’autres options telles que celles développées par Amyris qui transforme par biotechnologie les sucres en terpènes sont aussi à prendre en compte. Elles conduisent en effet à des produits à fortes valeurs ajoutées tels que médicaments, carburants sophistiqués (kérosène) et autres primaires de polymères. Ces procédés entrent en compétition avec les procédés d’élaboration de carburants de type biodiesel produits à partir d’huiles d’origines végétales. Ces cultures d’oléagineux constituent une voie privilégiée pour accéder à des biocarburants complexes de type kérosène. C’et par exemple le choix du pétrolier finlandais Neste Oil, paradoxalement élu « entreprise la plus irresponsable de l’année » à Davos en 2011 par des membres du lobby vert…sûrement « les plus illuminés de la décennie »!
III – Les productions d’oléagineux révolutionnées par le palmier à huile:
La production d’huiles végétales dans le monde tirée par la croissance des populations et du niveau de vie moyen a connu une remarquable expansion durant les 50 dernières années (FIG.I).
Les productions évaluées par la FAO autour des 17 millions de tonnes en début des années soixante, ont atteint en 2010, cinquante ans après, les 146 millions de tonnes. Sur la dernière décennie cette croissance des productions mondiales affiche un progression annuelle moyenne de 4,8%.
Cependant il est fondamental pour analyser et comprendre cette forte croissance d’isoler les productions d’huiles issues du fruit du palmier: l’huile de palme issue de la pulpe jaune du fruit et l’huile de palmiste issue de la chair blanche du noyau de ce fruit (FIG.II). Il ressort alors que sur les dix dernières années les productions d’huiles de palme et de palmiste réunies ont crû au rythme de 7,4% par an alors que celles des autres huiles (courbe verte) ne croissaient que de 3,6% par an, le tout (courbe rouge) conduisant entre 2000 et 2010 à cette progression annuelle des productions d’huiles de 4,8%.
Ce succès toutes catégories du palmier à huile s’explique par les formidables rendement de fruits à l’hectare. Ils ont dépassé les 21 tonnes à l’hectare en Malaisie en 2010 (FIG.III) pour un rendement moyen mondial de 14 tonnes à l’hectare.
Tout comme pour le maïs et la canne à sucre à ces progressions des rendements des palmiers à huile se superposent les accroissements de surfaces récoltées. Dans ce cas elles sont tout particulièrement élevées en Indonésie et Malaisie (FIG.IV).
La production de biodiesel en 2010 dans le monde qui peut être estimées à 19 millions de tonnes (0,36 Mbarils/jour) occupe encore une place très marginale comme ressource de carburant. Une part de ces productions est assurées par le recyclage d’huiles de friture, l’utilisation de sous-produits de purification des huiles et la récupération de graisses animales. On peut donc estimer le prélèvement d’huile végétale pour la production de biodiesel aux environs des 10 à 12% du total mondial des 143 millions de tonnes d’huiles produites. Selon les projections de l’OCDE et de la FAO les productions de biodiesel dans le monde devraient doubler d’ici à 2020 (6 à 7% de croissance par an).
IV- Conclusion
Ces trois exemples de cultures mondiales de maïs, de canne à sucre et de palmier à huile qui doivent à la fois répondre à la demande croissante des besoins alimentaires de l’humanité et à la fourniture d’une partie des besoins énergétiques sous forme de combustibles liquides (bioéthanol et biodiesel) montrent qu’ils ont fait l’objet depuis un demi siècle, de tous les soins du monde agricole. Ces cultures ont présenté de spectaculaires progressions de rendements, indice quantitatif d’une bonne santé des terres cultivées, de la mise en œuvre de pratiques agricoles de plus en plus efficaces et de la sélection d’hybrides de mieux en mieux adaptés aux conditions de cultures locales. L’accroissement des surfaces cultivées supportée par les prix de ces denrées permet une croissance quadratique de leurs productions qui répondent ainsi à la demande.
Ce mouvement animé par des transferts de technologies des meilleures pratiques existantes et par l »accroissement des surfaces cultivées en Amérique Latine et en Afrique va se poursuivre durant les décennies à venir.
Il faut donc imaginer un monde ou l’alimentation de ses futurs 9 milliards d’habitants sera globalement satisfaite et ou ses besoins énergétiques seront partiellement assurés par les biocarburants, ersatz du pétrole devenu rare et cher.
Remarques: je voudrais ici poursuivre la dénonciation de faux débats qui rendent le discours sur les biocarburants totalement inintelligible en énonçant simplement deux évidences.
Evidence 1: les tonnes de CO2 économisées par l’utilisation des biocarburants sont négligeables par rapport au milliard de tonnes de CO2 supplémentaire relargué chaque année en Asie. Ergoter sur les bilans de CO2 économisés grâce aux biocarburants n’offre aucun intérêt et ne doit pas constituer un paramètre discriminant. Par contre les près de 2 millions de barils par jour de produits pétroliers économisés, ramenés aux 88 millions de barils/jour de dérivés liquides du pétrole et biocarburants consommés, sont eux très importants. Demain les 5 ou 6 millions de barils par jour de biocarburants, avec un doublement tous les 10 ans environ, seront encore plus précieux.
Evidence 2: A partir du moment où un paysan a décidé de planter une parcelle pour mettre en culture une ressource pour biocarburants le critère du caractère vivrier ou non des plants cultivés n’est pas pertinent. Qu’il plante du maïs ou tout autre plant non comestible va dépendre des rendements qu’il va obtenir sur sa parcelle dans le contexte de son exploitation. S’il remplace le maïs ou la canne à sucre par un autre plant moins productif en amidon ou en sucre il commettra une erreur économique. C’est une des raisons fondamentales de l’échec actuel des biocarburants de deuxième génération qui au travers de bières trop diluées, n’apportent pas des rendements suffisants en sucre ou en alcool. Il est donc à prévoir que les futurs développements se feront à partir de plants hybrides dédiés aux biocarburants qui apporteront le maximum de sucre, d’amidon, de cellulose et hemi-cellulose qui au travers de procédés complexes conduiront à des rendements d’alcool les plus élevés possibles, au travers de bières aux concentrations acceptables énergétiquement.
Le 27 Janvier 2012




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