Les prix du pétrole ralentis par la faiblesse de l’euro devraient au moins se maintenir, sinon progresser.

Les cours du pétrole en dollars qui ont retrouvé leur position centrale au sein du domaine de fluctuations des 18 derniers mois (FIG.), avec un baril de Brent (benchmark mondial) à 112 dollars,  devraient au moins se maintenir dans ce domaine (entre 100 et 120 dollars/baril) durant les mois à venir. Ils sont soutenus par la progression de l’emploi américain (pour s’en convaincre il est bon de lire sur Bloomberg l’histoire de la résurrection économique de Pittsburgh grâce à la révolution des gaz de schistes) et les inévitables querelles de voisinage des grand-guignolesques pays du proche et moyen-orient (citons pour illustrer ce propos, la plus récente de ces querelles après  l’arrivée des « muslim brothers » au pouvoir en Égypte, bonne occasion pour la résurgence de nouvelles tensions à la frontière avec Israël).  Mais la progression des cours du Brent est d’autre part ralentie par la force relative du dollar face à un euro discrédité par  manque évident de compétitivité d’une large part des pays de la zone euro. Les immenses liquidités mondiales restent en bons du trésor américain et donc libellées en dollar qui se valorise et n’éprouvent pas le besoin d’aller se réfugier dans le pétrole-papier ce qui est automatique lorsque le dollar s’affaiblit vis à vis des autres monnaies. Une baisse de l’euro fait baisser le pétrole en dollars…certains n’ont pas encore bien compris ce mécanisme d’arbitrage simple. Il suffit à notre bien-aimé Président de se fâcher avec la Chancelière pour qu’immédiatement le pétrole baisse… avec l’euro. C’est une des raisons, parmi d’autres, de la rapide baisse précédente du pétrole qui avait accompagné l’arrivée de la Gauche française au pouvoir. Les marchés ont depuis compris le côté artificiel de ce pseudo-désaccord franco-allemand avec gouvernement français qui n’a pas les moyens financiers de ses ambitions. Il est bon pour mieux comprendre de regarder la courbe des cours du Brent avec celle du billet de 100 euros (FIG.)

La Gauche française prétend pouvoir limiter la hausse des prix des carburants en réduisant les taxes assises sur ces produits. C’est tout d’abord un message profondément stupide parce que non seulement elle n’ a pas les moyens financiers de mener à bien une telle politique, mais aussi parce que cette démarche masque le fait que notre pays ne peut pas se comporter comme s’il était un large producteur de pétrole. D’autres, bien avant nos dirigeants actuels, avaient inventé le slogan  » la France n’a pas de pétrole mais elle a des idées » façon élégante et positive de souligner cette faiblesse géographique. J’ai bien peur qu’à l’heure actuelle la France n’ait ni l’un ni les autres. Elle n’a ni pétrole, ni idées. Et pourtant combien il serait opportun d’expliquer à chacun qu’une des variables déterminantes de la bonne santé de notre pays consisterait à consommer moins de gasoil, non pas parce qu’il est nocif pour les bronches, mais parce qu’il coûte très cher en importations qui épuisent notre économie.

Encore aurait-il été nécessaire d’anticiper avec nos constructeurs automobiles le passage aux modèles hybrides à essence. Aujourd’hui seul Toyota, constructeur en France,  a depuis 15 ans travaillé dans ce sens. Le succès mondial de ses modèles illustre la pertinence de ses vues stratégiques brocardées depuis  une décennie par les accros hexagonaux au gasoil. Dure leçon d’innovation!

Non le Socialisme Français ne stoppera pas la valorisation des carburants à la pompe. Le croire fait partie de ces utopies qui imaginaient sur la base de certitudes erronées un écologisme allemand transformer l’énergie électrique intermittente en ressource de base. Les miracles énergétiques ne sont pas de ce bas monde et les Nations européennes devront les unes après les autres retrouver le sens des réalités, sous peine de se retrouver en corner devant des prix de ressources énergétiques hors d’atteinte. Utiliser à ce jour avec parcimonie un mix énergétique largement diversifié est sûrement une sage option, même s’il faut y inclure un zeste d’électronucléaire qui deviendra de plus en plus incontournable….même en Belgique.

Le 9 Août 2012

Commentaires

3 réponses à “Les prix du pétrole ralentis par la faiblesse de l’euro devraient au moins se maintenir, sinon progresser.”

  1. Avatar de toto
    toto

    Les socialismes pourrait freiner le prix de l’essence en faisant payer le litre de carburant plus cher à ceux qui on des grosses cylindrés et éventuellement à des secteurs qui dilapide cette ressource pour le plaisir.

  2. Avatar de Grunchard
    Grunchard

    Certains annoncent même une chute de prix impressionnante :
    http://urethaneblog.typepad.com/my_weblog/2012/08/oil-glut.html

    « Contrary to what most people believe, oil supply capacity is growing worldwide at such an unprecedented level that it might outpace consumption. This could lead to a glut of overproduction and a steep dip in oil prices.

    Based on original, bottom-up, field-by-field analysis of most oil exploration and development projects in the world, this paper suggests that an unrestricted, additional production (the level of production targeted by each single project, according to its schedule, unadjusted for risk) of more than 49 million barrels per day of oil (crude oil and natural gas liquids, or NGLs) is targeted for 2020, the equivalent of more than half the current world production capacity of 93 mbd. »

    Qu’en pensez-vous ?

  3. Avatar de Ray
    Ray

    Grunchard, je suis persuadé que les cours du pétrole ne sont que bien peu déterminés par l’offre et la demande, sinon le baril serait aujourd’hui entre 60 et 80$/baril. Comme dans toute équation relevant de la théorie des jeux de nombreux paramètres interfèrent sur la détermination du point d’équilibre des cours. Le paramètre géopolitique centré sur l’Iran et la Syrie est à ce jour déterminant. Acheter du pétrole à terme avec un risque d’embrasement politique de la région peut être une excellente opportunité de profit financier que les acteurs conscients et objectifs sur ce marché n’hésitent pas à jouer.
    Seule la faiblesse de l’euro vis à vis du dollar maintient les liquidités mondiales libellées en dollars. Un simple léger rétablissement de la notoriété de la zone euro et de sa monnaie suffirait à propulser toutes ces liquidités du dollar alors en baisse vers le pétrole papier. Il y aurait un formidable effet de spéculation sur les cours du brut.
    C’est pour cela que les tentatives débiles de nos gouvernants de réguler les cours des carburants sont probablement vouées à l’échec. La propagande affirmant que la gauche veut stabiliser les cours des carburants, sans perte fiscale bien-sûr, risque de finir en jus de boudin et ce ne serait qu’un juste retour de balancier face à des arguments démagogiques de bas étage. Les cours du pétrole et de l’énergie vont croître et c’est à la France de réduire le plus possible ses consommations pour être la moins exposée possible à ce dévastateur phénomène économique de fond. Ceci passe par une vérité des prix sur toute forme d’énergie qui n’exclut nullement une aide de l’Etat qui favoriserait la conversion des plus démunis vers des modes de chauffage n’utilisant ni gasoil ni gaz naturel. Mais ceci est plus difficile à vendre politiquement et demanderait objectivité et courage.
    Les mesures prises pour encourager les véhicules hybrides ou électriques vont dans le bon sens.
    Un plan de reconversion du raffinage en France pour limiter les importations de produits raffinés reste à élaborer. La Gauche et les syndicats pourraient réfléchir utilement à cette problématique de relocalisation de valeur ajoutée.

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