Nos dirigeants se complaisent bien souvent à manipuler des concepts dont la définition est imprécise. Syndrome de l’auberge espagnole où chaque interlocuteur amène ses propres convictions ou sa propre croyance, agréant ainsi sans réticence aux propos du politicien rusé. Citons au hasard « l’ordre juste » « l’impôt équitable » ou mieux encore « la transition énergétique ».
Dans un papier des Echos, Didier Julienne nous apporte sa propre définition de l’objectif de « transition énergétique » et des solutions à retenir qui seraient à base de nucléaire et de photovoltaïque…. et donc très éloignées semble-t-il des convictions supposées de ceux qui nous dirigent en ces temps incertains.
Il précise tout d’abord les limites du champ de réflexion: « La transition énergétique a deux fondements : l’énergie ultime est l’électricité et quatre critères sont discutés : l’épuisement des ressources, le CO2 et les déchets, le prix au consommateur, l’emploi. »
Un économiste s’étonnerait de cette intrusion de « l’emploi » parmi les critères pertinents et parlerait plutôt de « création de richesse » à la base de tout emploi. De plus, cette définition passe par pertes et profits les carburants brûlés par les moteurs à explosion qui sont à la base du premier poste de la dépendance énergétique de notre pays (pétrole et produits raffinés)…une paille qui affaiblit la portée de l’approche.
Il affiche une certitude à la formulation étonnante qui introduit le concept de « régulation par l’offre » autrement-dit la pénurie plus ou moins bien organisée. Demain il n’y aura pas d’électricité à prix abordable de 5 heures à 7 heures! Plouf!
Je cite:
« Si le citoyen doit exprimer un choix de production électrique, il doit aussi être conscient d’un nouveau prix, ce dernier sera d’autant plus élevé que la régularité de production sera incertaine. En résumé, le prix est moins élevé si l’énergie est nationale, massive et régulée par la demande plutôt que par l’offre. »
La lecture de ce papier a une grande vertu, même si l’on ne partage pas toutes les convictions de l’auteur à propos de la pénurie durable d’aimants permanents pour générateurs d’éoliennes, elle fait apparaître le champ de réflexion limité qui regarde la soi-disant « transition énergétique »: la seule production d’électricité, et élabore une hypothèse de solution possible et respectable avec un mix entre ressource de base, l’électronucléaire, et de ressource intermittente, le photovoltaïque. Nul doute que ces deux ressources feront partie de nombreux mix énergétiques dans l’avenir, même si la Chancelière allemande a fait un choix personnel différent à base de combustion du lignite local comme ressource électrique de base.

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