Les futurs cours du pétrole ou de ses produits dérivés liquides font bien souvent l’objet de prédictions à la hausse ou à la baisse. Les prédictions les plus naïves se basent sur des variations de demandes, souvent locales, ou des présomptions de pénurie d’offre illustrées par les théories du peak-oil qui ont été à la base de la formation de la mémorable bulle des cours de 2008. Les marchés de ces produits se caractérisent par d’énormes volumes échangés sous forme de papiers alors que les échanges physiques, plus limités, pâtissent du peu de souplesse et du caractère onéreux de la mise en stock des produits souvent dans des pétroliers à quai ou d’immenses cuves.
Aujourd’hui les milieux boursiers peu compétents parient sur une baisse des cours, en raison de l’offre abondante de condensats de gaz de schistes aux États-Unis. Un examen objectif des divers paramètres qui peuvent faire aller dans un sens ou dans l’autre les cours du pétrole montre que la prévision est toujours aussi complexe et que la disponibilité de quelques millions de barils par jour de condensats de gaz de schistes n’est pas à la taille des défis à affronter (défis financiers, géopolitiques, religieux) orchestrés par de gros fournisseurs tels que l’Arabie Saoudite ou la Russie et bientôt l’Irak. Fournisseurs qui limiteront de plus en plus leur offre en pétrole brut au profit de produits pétroliers raffinés localement au sein d’immenses raffineries.
Pour l’instant ces prévisions des milieux boursiers qui évoquent un prix futur du brut à 60$ le baril, se sont avérées être largement erronées. On assiste en effet avec la faiblesse du dollar par rapport aux autres monnaies dont l’euro, à un renchérissement des prix du baril de brut aussi bien aux États-Unis, pour le WTI échangé à Cushing Oklahoma, qu’à Londres pour le Brent de la Mer du Nord. Les détenteurs de dollars se couvrent à terme contre la faiblesse de la devise en achetant du pétrole papier (FIG.).
Les cours du Brent vers les 115 dollars le baril sont sur la partie haute de la bande de fluctuation (110 + ou – 10 dollars) de ces deux dernières années (FIG.I).
Cette tendance à une revalorisation des cours du brut est illustrée également par les cours à terme du WTI américain qui sont en contango jusqu’au mois de Juillet (FIG.II) avec un maximum de 99 dollars le baril.
Le Marché du pétrole papier joue un léger accroissement à venir des cours du brut (1.5$ environ) mais qui n’est pas suffisant pour que les grands acteurs du marché se mettent à jouer sur le pétrole physique. Ce dollar-et-demi n’est pas suffisant pour couvrir les frais de stockage du pétrole vendu à terme jusqu’à l’échéance.
Rappelons que durant la bulle des cours en 2008, l’amplitude du contango alimentée par la peur du peak-oil, avait mobilisé tous les moyens de stockage possibles de pétrole. C’est le passage de la spéculation du pétrole papier au pétrole physique qui crée la bulle en asséchant le marché spot (FIG.III). Le pétrole stocké et vendu à terme n’est plus disponible. Le terme arrivé, les frais de location croissant, il le devient et la bulle se dégonfle.
Les cours du brut se valorisent avec la faiblesse du dollar, soutenus par la demande asiatique et la volonté de l’Arabie Saoudite de limiter ses fortes extractions, record récent synchrone à la réélection du Président Obama. Mais l’amplitude du contango par baril n’est pas suffisante pour amorcer une nouvelle vague importante de stockage et de hausse des prix spots. Le baril de Brent devrait rester à l’intérieur de ses limites de fluctuation tant qu’un évènement belliqueux au Moyen-Orient, impliquant directement l’Arabie ou équivalent, n’est pas encore survenu.
Mais soyez certains braves gens ce jour viendra, c’est statistiquement évident.
Le 1er Février 2013




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