La France et son économie sont durablement handicapées par la facture énergétique. Les données 2012, publiées par les Douanes, confirment encore le poids croissant de ce lourd fardeaux financier qui plombe l’économie de notre pays. Plus de 70 milliards d’euros de solde négatif pour le seul poste énergie en 2012, en croissance de 10,7% par rapport à celui de l’année précédente (TAB.). Bien sûr une part de ces devises gaspillées reviendra dans l’économie française sous forme d’achats d’armements ou de produits et services de luxe…mais une faible part seulement.
En raison des dysfonctionnements du raffinage et de l’inaptitude de cet outil à fournir suffisamment de gazole, le solde des échanges de pétrole brut s’est allégé de 765 millions d’euros, mais celui des produits raffinés s’est accru de près de 5 milliards. Le bilan est globalement très défavorable. La volonté russe et saoudite de s’intégrer en raffinage accentuera dans l’avenir cette tendance d’importation croissante de produits raffinés onéreux aux dépens du pétrole brut devenu rare et cher.
Quand au solde des échanges de gaz naturel il apparaît en rouge de près de 15 milliards d’euros. Boule-schiste! comme on dirait outre-atlantique.
Même notre solde d’échanges d’électricité a faibli, l’Allemagne dénucléarisée a beaucoup brûlé de lignite local et de charbon américain pour secourir notre réseau défaillant par grands froids.
Ces 70,7 milliards d’euros de solde négatif (ou 2600 euros par foyers en métropole) représentent 86% du solde hors matériel militaire et dépassent les 67 milliards du solde global des échanges de la France avec l’extérieur (TAB.).
Il n’est pas nécessaire d’être grand économiste pour déceler là un grave problème pour ce pauvre pays.
Ces données nous orientent vers ce que devrait être l’ossature des futures actions énergétiques en France. Isoler, calfeutrer oui bien sûr. Mais aussi produire plus d’énergie avec le parc nucléaire existant, sinon répartir la pénurie aux heures de pointe (« smart grid »), rechercher et extraire du gaz naturel non conventionnel de houille, de grès (« tight gas ») ou de schistes sur notre territoire. Mettre en place des importations de gaz liquéfié en provenance des États-Unis et mettre ainsi en concurrence nos fournisseurs traditionnels algériens ou russes. Élaborer une politique nationale de raffinage cohérente avec les besoins du marché local, promouvoir les véhicules hybrides à essence. Promouvoir et aider la production locale par un spécialiste reconnu (suédois ou nippon par exemple?) de pompes à chaleur à échange d’air au CO2 fonctionnant jusqu’à -20°C, compatibles avec les températures de l’Est et du Nord de la France. Suivre et évaluer les difficultés allemandes à mettre en place les énergies intermittentes et éviter de commettre les mêmes erreurs grossières (politique du « nice follower » peu fortuné).
La maîtrise de la facture des consommations énergétiques de notre pays passera soit par une répartition intelligente et tarifaire de la pénurie évidente, soit par une amélioration des rendements énergétiques. Je préfèrerais que mon pays abrite des industries leaders européennes des pompes à chaleur et des véhicules hybrides à essence que celles des éoliennes intermittentes subventionnées. Les ordres de grandeurs des enjeux économiques ne sont pas les mêmes.
Sur les pompes à chaleur au CO2 on pourra lire le très bon papier de MHI
Le 7 février 2013.


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