Le prix du baril de pétrole dans le panier OPEP peut-il durablement stagner au-dessous des 100 dollars?

Dans le cadre d’un grand chamboulement mondial des cours des matières premières provoqué par de mauvaises nouvelles sur l’activité chinoise, par des statistiques erronées mais pessimistes sur l’emploi américain, par l’absence d’inflation américaine qui pousse les liquidités vers les bonds,  il est intéressant d’examiner le cas particulier du pétrole.

Depuis trois jours consécutifs de cotation le prix du baril de pétrole du panier de l’OPEP, constitué d’un mélange savant et pondéré des prix des bruts originaires de divers pays (Algérie, Angola, Équateur, Iran, Irak, Koweït, Libye, Nigeria, Qatar, Arabie, Émirats Arabes Unis et Venezuela), est passé au-dessous des cent dollars le baril (FIG.I). La dernière fois qu’un tel évènement est arrivé sur les cours du pétrole, entre Avril et Juillet 2012, ce n’est pas vieux,  les cours du pétrole OPEP avaient dégringolé de façon quasi-monotone de 117 dollars le baril à 95 dollars en 37 jours de cotation, soit un peu plus de 7 semaines. Ce délai correspond à la durée nécessaire pour que les acheteurs de papiers à terme prennent leur pertes et surtout pour que les divers stocks dans le monde se dégonflent (le pétrole n’est pas aisément stockable et le stocker entraîne des frais importants). La remontée des cours de 95 dollars à 103 dollars s’était réalisée en 24 jours de cotation soit environ 5 semaines. Le déstockage terminé, le marché revient alors aux fournisseurs qui se sont comme par hasard assoupis alors que les acheteurs veulent reconstituer leurs stocks et alimenter le marché. Formidable coup d’accordéon sur la demande instantanée.

Cette expérience de 2012 nous apprend donc qu’un cycle psycho-accidentel de baisse-remontée des cours du pétrole dure sensiblement un trimestre (7 + 5 = 12 semaines) alors que la demande mondiale de pétrole en 2012 était alors globalement stable.

En ces temps ou la demande de produits pétroliers semblerait se stabiliser en Asie et donc globalement décroître, avant de pronostiquer une inéluctable et irréversible  baisse des cours du brut, il faut prendre en compte un certain nombre de paramètres qui pourraient agir à contre-courant:

– la demande asiatique de pétrole n’est pas que chinoise. Les hommes de ces contrées deviennent de plus en plus urbains et certains s’équipent encore de voitures.

– les statistiques de l’emploi américain étaient globalement bonnes au premier trimestre avec plus de 500 000 emplois créés pour une tendance pluriannuelle de 2 millions d’emplois créés par an. C’est la différence entre Mars et Février publiée et provisoire (88 000) qui a déçu, alors que les créations de Février avaient été superbes et corrigées à la hausse (de 236 à 268 mille). Les publications des variations mensuelles de l’emploi américain par le bls n’ont que peu de sens et le marché prend en compte les différences entre ces variations. Il travaille sur la dérivée seconde d’une donnée quasi instantanée et approximative.

– une baisse mondiale des cours attirerait dans son sillage une baisse des cours de l’essence américaine ce qui mettrait en péril le business des raffineurs mais aussi le marché du bio-éthanol et la fermeture de nombreuses distilleries. Ce sont alors les agriculteurs de maïs américains qui seraient durement touchés. Il y a là une limite politique à la baisse des prix des carburants américains évidente. Pourquoi mettre de l’alcool dénaturé, non subventionné depuis Janvier 2012, dans l’essence si le prix de revient est plus cher au litre que cette dernière? (FIG.II)

– intégrons également le rôle croissant que va jouer l’Arabie Saoudite, dès 2014, dans le raffinage mondial. Elle va consommer plus de 300 mille barils de pétrole lourd par jour pour alimenter la raffinerie de Jubail. Ces barils de brut manqueront alors à l’appel vers l’exportation.

L’ensemble de ces considérations et la prise en compte, bien souvent oubliée par certains que le marché du pétrole est un marché dirigé et contrôlé par un cartel : l’OPEP qui doit même parfois discuter avec le grand exportateur concurrent russe,  me font croire que la baisse des cours du brut ne durera qu’un temps, celui d’épuiser les stocks de pétrole en place… ceci ne prendra braves-gens que quelques semaines, le temps que fleurissent les roses.

ACCEDER au Site de l’OPEP pour suivre les cours.

Le 18 Avril 2013

 

Commentaires

4 réponses à “Le prix du baril de pétrole dans le panier OPEP peut-il durablement stagner au-dessous des 100 dollars?”

  1. Avatar de yt75

    Qualifier l’OPEP de cartel est aller vite en besogne … les marchés spots n’existent pas ?

  2. Avatar de Raymond Bonnaterre
    Raymond Bonnaterre

    Cartel, voir le Petit Larousse (Édition 2005): « entente entre plusieurs pays pour limiter la production de leurs ressources et en fixer conjointement le prix face aux autres pays étrangers . Le cartel de l’OPEP »….sic
    à moins qu’ils se réunissent et se fixent des quotas de Pastis pour jouer à la pétanque?

  3. Avatar de Raymond Bonnaterre
    Raymond Bonnaterre

    Entre l’entrée et la sortie d’une raffinerie les volumes croissent et cela d’autant plus qu’elle produit des fractions légères comme les carburants ou du naphta.

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