Le raffinage mondial se déplace à grands pas des pays consommateurs qui possédaient les technologies de la pétrochimie et où il était traditionnellement installé, vers les pays producteurs qui veulent profiter de la ressource constituée par la valeur ajoutée du raffinage et de la pétrochimie associée. Ce mouvement d’intégration aval a été lancé par exemple ces dernières années à grande échelle par l’Arabie Saoudite qui construit en 2013 deux grandes raffineries de 400 mille barils par jour de capacité: celle de Jubail avec le français Total qui devrait être opérationnelle à la fin de l’année et celle de Yanbu dans laquelle le chinois Sinopec est associé et qui est planifiée pour produire à la fin 2014. Par la suite deux projets saoudiens de raffineries de mêmes tailles seraient à l’étude: celui de Jazan (2016) ainsi qu’une extension de la raffinerie de Petro Rabigh. A l’issue de ces programmes l’Arabie sera devenue un exportateur mondial majeur de produits raffinés et probablement un moindre exportateur de pétrole brut.
Il n’est pas nécessaire de sortir de la promotion Voltaire pour raisonnablement prévoir que dans les décennies à venir le raffinage pétrolier va se concentrer chez les pays producteurs de pétrole ou de gaz (Moyen-Orient, Afrique, États-Unis, Russie, etc.) qui profiteront d’une ressource abondante et peu onéreuse, alors que les raffineries occidentales plombées par le coût de la matière première importée et rare, les règlementations, les contraintes écologiques et le niveau des salaires au sein des raffineries fermeront ou réduiront la voilure. La raffinerie invendable de Petroplus, à Petit Couronne malgré les vains efforts du puissant Ministre voisin, illustre ce processus en cours.
Pour un pétrolier non américain, tel que le français Total, il apparaît alors impératif d’être associé à plusieurs projets de raffinage d’avenir au sein de pays producteurs. La raffinerie de Jubail constituera par exemple une source de revenus importante pour cet industriel de plusieurs milliards de dollars. Mais par ailleurs, Qatar Petroleum vient d’annoncer son intention de lancer le doublement de capacité de sa raffinerie de 162000 barils/jour de Laffan qui valorise les condensats de gaz de l’immense gisement gazier offshore des North Fields en les convertissant en naphta, kérosène et gazole. Le pétrolier Exxon Mobil qui détient 10% de la première tranche n’est plus associé à cette extension, par contre Total conserve les 10% de parts qu’il détenait dans la première phase. Ceci est à souligner et valorise de toute évidence le Pétrolier français. Mais peu comprennent l’importance du raffinage de nos jours? Et pourtant Patrick Pouyanné, responsable du pôle Raffinage Pétrochimie semble être l’homme qui monte au sein de Total.
LIRE le communiqué de Qatar Petroleum sur le sujet, découvrir la raffinerie de Laffan.


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