Je voudrais-ici présenter un bref extrait du papier « Quelle France dans dix ans? » de Jean Pisani Ferry et sa remarquable équipe de France Stratégie au sujet de la soi-disant « Transition Énergétique ». Cet extrait, tout en mesures, devrait vous changer des discours de propagande institutionnelle qui encombrent les rédactions.
(rem. : Les caractères gras sont de mon fait)
« La réduction des coûts des entreprises soumises à la concurrence internationale et la participation accrue de la France à l’internationalisation des services devront être entreprises sous la contrainte de la transition énergétique.
Dans le cadre de la transition énergétique, la France cherche à baisser ses émissions de gaz à effet de serre, à limiter sa consommation de combustibles fossiles ainsi qu’à réduire sa dépendance à l’énergie nucléaire. Les hausses du coût de l’énergie anticipées pour les années à venir font peser une menace sur la compétitivité et sur la croissance de l’économie.
Dans un contexte de marges dégradées et de vive concurrence avec les industriels américains bénéficiant d’une énergie moins chère, le prix modéré de l’énergie électrique constitue un atout qu’il est important de préserver. Une note du Conseil d’analyse économique montre qu’une hausse de 10 % des prix de l’électricité en France pourrait réduire jusqu’à 1,9 % la valeur des exportations. Cet effet élevé est cependant obtenu en faisant les hypothèses que, face à la hausse des prix de l’électricité, les entreprises ne modifient pas immédiatement leurs technologies et que toutes leurs consommations intermédiaires sont produites en France et donc concernées par la hausse du prix de l’énergie. D’après la même étude une augmentation comparable du prix du gaz réduirait les exportations de 1,1 %.
Le premier effort doit porter sur la réduction des consommations d’énergie, que ce soit dans l’industrie, l’habitat avec le déploiement des actions (rentables) de rénovation thermique ou le transport, avec l’intensification de la R & D (notamment dans l’efficacité des moteurs). Trois conditions supplémentaires sont nécessaires pour limiter les conséquences d’une augmentation des prix de l’électricité sur la compétitivité des entreprises:
(i) veiller à ce que cette hausse soit aussi faible que possible;
(ii) la rendre progressive et prévisible, ce qui permet aux acteurs économiques qui le peuvent, d’adapter leurs choix d’investissement et de consommation, à condition de disposer de visibilité et de temps;
(iii) exonérer de ces hausses, dans toute la mesure du possible et dans le respect des règles européennes, les entreprises électro-intensives (notamment la sidérurgie, la chimie et l’agro-alimentaire) exposées à la concurrence étrangère.
Il faut également favoriser l’innovation et miser sur les technologies d’avenir sobres en carbone. Dans le domaine de la production d’électricité, ceci conduit à encourager le déploiement des énergies renouvelables compétitives (sur le territoire français ou à l’étranger) et à privilégier, pour celles dont le coût de revient serait trop éloigné des prix de marché, des opérations de démonstration et de recherche.
Ces changements technologiques concernent l’Europe dans son ensemble et vont nécessiter des ressources financières à l’échelle du continent. L’Europe va avoir besoin de financements longs pour accompagner la transition énergétique. L’arbitrage difficile consiste à déterminer le bon rythme de la transition énergétique : les dépenses à effectuer vont conduire à court terme à dégrader la compétitivité mais, à moyen et long terme, favoriseront une moindre consommation énergétique et le développement de nouveaux produits dans les filières vertes ainsi que dans les technologies transversales. » (fin de l’extrait)
Rappelons que la France est d’ores et déjà un pays exemplaire dans ses émissions de CO2 et qu’elles sont imputables aux transports et à certains modes de chauffage des locaux (fuel, gaz naturel). Une action à marche forcée dans ce domaine ferait à coup sûr plus de mal que de bien.
Allez, fixons nous un premier objectif concret et mesurable: faire disparaitre la combustion du fuel comme mode de chauffage. Ce serait déjà bien.
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