Dans un papier au démarrage correctement argumenté reposant sur un accroissement à venir probable des prix du pétrole, nécessaire à assurer une rentabilité acceptable des investissements des Groupes pétroliers dans l’exploration et la production, une équipe d’économistes et financiers de chez Kepler-Cheuvreux, ont imaginé qu’en raison de cet accroissement des prix du pétrole, la Chine allait, dans les décennies à venir, probablement adopter massivement la traction électrique dans le transport routier:
« EVs are a risk to long-term oil demand growth, with China the key »
dit un en-tête de chapitre de ce papier.
Moi je veux-bien et je ne sais pas trop ce que le Bureau Politique de cette grande nation si peu démocratique prendra comme grandes décisions dans ce domaine à l’avenir. Qui peut savoir? Même pas les Dieux qui n’ont pas la Carte du Parti.
Je sais que la traction électrique des deux-roues est très démocratisée dans les villes chinoises, il se pourrait bien que ce principe soit aussi largement adopté pour les futurs véhicules à 4 roues en zone urbaine. Mais d’autres options sont possibles comme les véhicules hybrides ou hybrides rechargeables qui conservent l’option de pouvoir rouler en mode traditionnel thermique sur de longs trajets.
Rappelons d’autre part que le Gouvernement japonais et le grand constructeur Toyota étudient activement la solution de véhicules à pile à combustible alimentés à l’Hydrogène, le gaz serait tout d’abord importé par le Japon. Une explication possible: en raison des contraintes urbaines, et non financières, il est difficile d’envisager au Japon que les citoyens nippons soient propriétaire de deux véhicules l’un électrique pour les trajets urbains, l’autre thermique pour les trajets plus longs. On est loin du tout électrique rechargeable sur le réseau. La probabilité pour que les autorités chinoises s’inspirent de l’exemple japonais dans leur choix technologiques me semble raisonnablement élevée. L’hydrogène proviendrait alors des gisements de gaz de schistes chinois qui restent à découvrir et à exploiter.
Affirmer que la Chine va voir du jour au lendemain ou sur plusieurs années sa consommation de pétrole se stabiliser puis décroitre, comme le fait Kepler, me semble relever aujourd’hui du chapitre des prédictions de Nostradamus. C’est le monde enchanté bien connu du « tel qu’il devrait être » de l’idéologie écologique.
La-dessus arrive un couplet sur un concept abscons et puéril qu’est l’EROCI (Retour d’énergie sur capital investi) qui compare, pour diverses ressources énergétiques, sur une décennie ou deux combien d’énergie dans la mobilité on peut récupérer après avoir investi 100 milliards de dollars. L’éolien onshore associé aux batteries et aux moteurs électriques apparait alors comme le gagnant toutes catégories confondues, après avoir oublié de chiffrer les nécessaires investissements liés à l’intermittence comme les centrales au gaz en secours, les moyens de stockage d’énergie comme les stations de pompage turbinage ou l’adaptation des réseaux.
Mais allez-donc, qu’est-ce-que Kepler peut bien faire de toutes ces contraintes alors qu’il vient de sortir un nouvel indicateur écolo-bidon qui va être repris par tous les thuriféraires (porteurs d’encensoir) de l’écologie militante qui vont brandir l’EROCI ou l’EROLA.
Feuilletez le poulet de Cheuvreux, mais n’y perdez pas trop de temps!
Le 24 Septembre 2014
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