Un concept encore à la mode: les réserves énergétiques fossiles « imbrûlables »

Poussant la peur du réchauffement climatique observé aux limites de leur logique, les anglo-saxons Mc Glade & Ekins avaient publié en 2015 un papier dans Nature qui préconisait qu’une limitation du-dit réchauffement aux fameux 2°C officiels, impliquerait que les émissions cumulées de CO2  devraient être limitées à 1100 milliards de tonnes environ. Cette limitation à respecter d’ici à 2050 demanderait selon ces auteurs, compte tenu des émissions actuelles, de laisser dans le sol un tiers des réserves de pétrole,  la moitié des réserves de gaz et 80% des réserves de charbon. Ce papier, d’un grand pessimisme, est depuis, largement repris, sans barguigner, par de nombreux universitaires.

 

Je voudrais, cependant, sans pour cela invoquer les doutes raisonnables sur le caractère purement anthropique du réchauffement observé depuis 1914, sur la précision de sa mesure altérée par l’urbanisation autour de certains lieux de mesure et sur l’imprécision des simulations réalisées, encore et toujours revues et corrigées, rappeler que ce n’est pas la quantité cumulée de CO2 relargué qui est le paramètre pertinent, mais que ce sont les flux annuels de CO2 relargués qui sont aujourd’hui trop abondants. Notre atmosphère s’enrichit de nos jours de l’ordre de 17 milliards de tonnes de CO2 par an (soit 2,2 ppm en volume mesurés en moyenne à Mauna Loa) parce que les rejets anthropiques, de l’ordre de 40 milliards de tonnes de CO2 par an, sont largement supérieurs aux 23 milliards de tonnes nets de CO2 que notre planète est capable d’absorber en moyenne dans les océans et les terres, grâce aux progressions des quantités de planctons et de végétation formés. La baignoire de CO2, malgré les fuites importantes, se remplit trop vite (revoir les cours du CM2).

Si aujourd’hui les émissions anthropiques de CO2 étaient magiquement ramenées aux environs de 23 milliards de tonnes par an, la teneur en CO2 dans notre atmosphère resterait stable.  Ce n’est donc pas le cumul dans le temps des rejets qui importe mais la vitesse avec laquelle ces rejets sont réalisés par unité de temps, c’est à dire leur flux.

Dans le papier de Mc Glade & Ekins qui limite les 1100 milliards de tonnes de rejets de CO2 jusqu’en 2050, soit sur 35 ans, il est possible d’en déduire qu’ils invoquent un flux annuel moyen maximum de 1100/35 = 31,4 milliards de tonnes de CO2 par an. (20% inférieures en moyenne à celles d’aujourd’hui)

Je ne vois pas en quoi cette limitation raisonnable impliquerait de laisser impérativement dans le sol des réserves de carbone ou d’hydrocarbures.

Ce qui semble aujourd’hui important c’est de réduire le flux annuel des émissions de CO2 pour atteindre une quasi stabilité de sa teneur, à l’état de trace actuel, dans l’atmosphère. Réduire les émissions de gaz carbonique par deux, par rapport à aujourd’hui, me semblerait être un objectif ambitieux et efficace. Il permettrait cependant de continuer à brûler avec modération et parcimonie les charbons et les hydrocarbures abondants que contient encore notre planète et qui a accumulé ces réserves durant des centaines de millions d’années. La Terre est vieille et bien dotée.

La question majeure demeure: quelles formes d’énergies seront appelées à remplacer ces réductions de combustions d’énergies fossiles et qui permettront d’éviter à l’humanité de s’effondrer dans la pauvreté et la guerre (il faut lire La Guerre du Feu des frères Rosny, première guerre énergétique  imaginée, bien avant celle du Pacifique, bien réelle,  contre un Japon, alors, à court de pétrole). Pour ma part, j’estime que seules de nouvelles formes, à inventer et à mettre au point, d’exploitation de l’énergie de l’atome pourront suppléer efficacement à cette réduction programmée de combustion des énergies fossiles et je condamne, fort de l’exemple actuel allemand,  l’utopie folle du pseudo « tout renouvelable » qui repose sur la combustion du lignite local.

Le 13 Août 2016

LIRE le résumé du papier de Mc Glade et Ekins ainsi que la reprise récente de ces thèses par de valeureux universitaires de la Rice University.

 

Commentaires

3 réponses à “Un concept encore à la mode: les réserves énergétiques fossiles « imbrûlables »”

  1. Avatar de BMD
    BMD

    RB, les pics! 2020 pour le pétrole, 2030 pour le gaz, peut-être déjà en cours pour le charbon!

    1. Avatar de Cillian

      Alors dans ce cas pas de probleme

  2. Avatar de Raymond Bonnaterre
    Raymond Bonnaterre

    Merci, je m’étonnais de ne pas vous voir venir faire du prosélytisme pour le peak machin ou le peak truc, plus tôt. Ces Messieurs, cités ici, sont de votre dogme. C’est pour cela que je m’en moque et considère que leurs soi-disant « réserves imbrûlables » est une grosse ânerie.

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