Parler avec pertinence des énergies renouvelables dans l’absolu est un exercice complexe, à moins de cantonner ses remarques à des généralités portant sur le caractère intermittent de ces générations et la nécessité de mettre en place soit d’onéreux modes de générations de secours, peu utilisés, et nécessairement subventionnés, ou d’onéreuses réserves d’énergies hydrauliques ou électrochimiques censées assurer au réseau la jointure de puissance entre deux périodes fastes de génération. Cette option suppose que les prix du MWh d’électricité en heure de pointe ou en période de pénurie soient suffisamment rémunérateurs pour assurer une rentabilité raisonnable des investissements réalisés dans ces modes de stockage. Cette contrainte rend peu probable la coexistence des deux options, une pléthore de modes de générations de secours conduisant, comme aujourd’hui en Allemagne, à un effondrement fréquent des prix en heure de pointe et donc à une perte de rentabilité des modes de secours par stockage. L’autre option plus économique, sur un réseau interconnecté comme celui de l’Ouest Européen ou ceux de l’Ouest Américain est de profiter des productions bienveillantes des États voisins qui permettent d’importer les bienvenus Gigawatts en cas de pénurie. C’est ce que fait largement l’Allemagne par exemple ou la Californie qui importe un quart de ses consommations d’énergie électrique des réseaux voisins du Nord-Ouest ou du Sud-Ouest américain (EIA).
Par-contre il est possible de parler avec plus de pertinence des avantages et des inconvénients de telle ou telle option d’énergie renouvelable pour un réseau donné bien localisé.
Je voudrais ici parler de la pertinence du choix du photovoltaïque selon les régions.
Pour les États-Unis, au peuple pragmatique, le choix est simple: l’énergie solaire est la bienvenue au sud d’une courbe San Francisco- Denver- Atlanta comprise entre les 40°N et les 35°N (FIG.). Au-dessus des 40°N, quasiment seul le vent a droit de cité.
Bien sûr, ce choix n’est pas celui de l’Europe dont peu de la surface de son territoire est située au sud du 40 ème degré Nord de latitude qui suit sensiblement une courbe reliant Coïmbra au centre du Portugal, Madrid et Naples.
Alors, pour ces raisons géographiques restons modestes et posons-nous la question de la pertinence d’investir dans le solaire en Europe au Nord du 45ème degré nord de latitude soit au nord d’une ligne Bordeaux-Grenoble -Turin. Cette limite sauvegarde l’Espagne, une large part de l’Italie, et l’extrême Sud de la France comme lieux éligibles à la génération solaire d’électricité.
Elle exclut l’Allemagne pour laquelle la génération solaire d’électricité est une activité non pas seulement intermittente mais surtout saisonnière avec une courbe en baignoire (FIG.II)
Mais il semblerait que les opérateurs allemands et les autorités de ce pays se soient aperçus de la bévue. En effet, après les années folles subventionnées de 2010 à 2012, bien peu d’investissements dans le solaire sont à ce jour réalisés Outre-Rhin (FIG.III).
Il ressort de ce simple examen que l’investissement allemand dans le solaire durant la décennie passée, alors que les besoins en énergie stagnaient, a été, pour ce pays et donc pour l’Europe, un pur gâchis économique conduisant à des générations aléatoires et saisonnières d’énergie électrique.
Nul doute que l’inefficacité de tels investissements a participé à la stagnation économique de l’Europe de l’Ouest, que nous mesurons. Le délabrement de la filière industrielle du solaire en Allemagne illustre ce propos. Il manquait juste d’un peu de soleil.
Le 7 Septembre 2016



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