Il a déjà été souligné ici combien la volonté de nos banquiers centraux européens de vouloir garder la main sur la politique monétaire en maintenant des taux de refinancement des banques à des niveaux supérieurs à ceux de l’inflation sous-jacente et surtout supérieurs au taux américain, introduisait un biais concurrentiel inacceptable. Un pays ne peut aller bien que si son système bancaire fonctionne, la crise financière que nous traversons nous l’a rappelé. Bien sûr les hiérarques de la BCE vont continuer à baisser les taux, la mort dans l’âme, par force. Ils font partie intégrante de cette « Europe frigide » que décrit Elie Barnavi. Europe sans idéal, incapable d’affirmer ses valeurs. Une Europe qu’on ne peut pas aimer. La référence est cependant là: le taux de la FED est quasiment à zéro, actant la gravité de la crise que le monde traverse.
Alors les bons du Trésor américains poursuivent leur baisse. Le 10 ans est à peine au dessus de 2%, du jamais vu dans l’histoire financière des dernières décennies (FIG. courbe verte). Ceux qui prêtent leur argent pour 10 ans à ces taux là savent qu’ils seront finalement perdants, mais ils pensent ainsi éviter le pire. Les papiers émis par les Sociétés ou autres Organismes sont pénalisés par un spread qui atteint 250 points de base (2,5 points de pourcent) pour les Aaa (courbe rouge) et qui atteint encore près de 600 points de base pour les Sociétés classées Bbb par Moodies (courbe bleue). La détente des taux a été nette en Décembre, elle semble se poursuivre en ce début d’année, mais la prime de défiance est encore très élevée, ce que traduit la divergence entre les courbes.
La montée du prix de l’argent va obliger bon nombre d’entreprises à revoir leur politique de dépense de cash. Les projets pétroliers et gaziers les moins rentables vont être repoussés à plus tard. Les grands projets écologiques aux rentabilités douteuses, étalées sur de longues années, vont à coup sûr en pâtir. Citons par exemple l’éolien offshore, le photovoltaïque, les biocarburants de deuxième génération, la géothermie, les piles à combustible. Il n’est pas sûr que les incitations financières provenant des Etats suffiront à relancer la machine. Mais ce sera l’occasion pour toutes ces filières de revenir sur leurs marges abusives occasionnées par des demandes débridées et faussées par l’argent public déversé sans contrôle. Les fêtes solaires espagnoles font parti du passé, nombreux en parlent déjà avec nostalgie.
Le 7 Janvier 2009.
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