Comprendre de façon simple le rendement d’une pile à combustible, même si ce n’est pas sur Wikipedia!

                      La littérature sur les piles à combustibles, science d’un grand âge, jalonnée de Professeurs Nimbus plus ou moins honnêtes et depuis disparus, est truffée d’approximations, sinon de pieux mensonges par omissions. Quelle que soit la façon dont vous synthétiserez 18g d’eau à partir de 16g d’oxygène et 2 gramme d’hydrogène vous obtiendrez toujours la même quantité d’énergie qui est donnée par l’enthalpie de la réaction. Par combustion vous n’obtiendrez que de la chaleur et à l’aide d’une pile à combustible de type PEM (membrane échangeuse de protons) par exemple, vous obtiendrez un mix d’énergie électrique et d’énergie thermique, la somme des deux étant constante et égale à l’enthalpie de la réaction. Pilecombustiblerendement

                     Le passage de la thermodynamique à l’électrochimie et ses tensions se fait par la Loi de Nernst qui définit le potentiel d’équilibre d’une réaction comme le rapport entre l’Energie libre de la réaction et le produit du nombre d’électrons mis en jeu par le Faraday (Eeq=DeltaG/zF). Par analogie et pour représenter graphiquement les phénomènes thermiques il est intéressant de définir le potentiel de chaleur nulle qui est égal à (DeltaH/2F) où Delta H est l’enthalpie de la réaction d’électrolyse de l’eau, 2 le nombre d’électrons mis en jeu par molécule d’eau et F le Faraday (TAB.). Ce potentiel représente la tension d’électrolyse de l’eau à partir de laquelle la réaction électrochimique va être exothermique. Dans le cas de l’électrolyse de l’eau cette tension va être au dessus de la tension d’équilibre, la réaction d’électrolyse étant endothermique.Pilecombustiblepotentiels

             La réaction inverse de synthèse de l’eau dans la pile à combustible va obéir aux mêmes lois, au signe près. Le rendement électrique de la pile sera alors simplement défini comme le rapport entre la tension de la pile pour un courant donné et le potentiel de chaleur nulle représentant le DeltaH de la réaction de formation de l’eau par simple combustion. On voit (FIG.) que pour une tension de 0,74V, à faible courant, le rendement est de 50% et que pour une tension de 0,5V, habituelle à courant fort, le rendement est voisin de 33%.

                 Le rendement ne peut pas excéder 83%, rapport entre le potentiel d’équilibre et le potentiel de chaleur nulle. Les 17% perdus à 298°K sont dus à la variation d’entropie de la réaction. Une élévation de température de la pile va faire croître ce paramètre entropique mais elle va faire aussi décroître les résistances internes ioniques du système qui va améliorer le rendement électrique en particulier à fort courant. La plage courante de bon fonctionnement des piles à combustibles se situe entre 60 et 80°C.

                    Un tel schéma explique pourquoi il est intéressant et même indispensable de mettre une batterie en tampon avec la pile pour assurer les pointes de courant (accélération du véhicule) pour éviter les rendements trop faibles. Elle assure par ailleurs la récupération d’énergie au freinage.

                    Remarque: nous ne parlons ici que de purs rendements électrochimiques en dehors des indispensables circulations de liquides et de gaz et des régulations de températures qui vont consommer de l’énergie.(LIRE pour une approche de bilan global)

                     Remarque: dans le cas d’un accumulateur Ni-Cd la réaction de charge étant endothermique le potentiel de chaleur nulle est également au dessus du potentiel d’équilibre. On peut refroidir ce type d’accumulateur en le chargeant à faible courant. Dans le cas d’un accumulateur Ni-MH c’est l’inverse la charge est exothermique, l’accumulateur chauffe dès qu’on le met en charge.  Dans le cas des accumulateurs Li-Ion les phénomènes thermiques sont beaucoup plus complexes et varient souvent en fonction de l’état de charge de l’accumulateur.

                 Une PAC utilisée en application stationnaire est une complexe usine à gaz qui partant de gaz naturel produit par reforming de l’hydrogène en émettant du CO2 (LIRE). Son fonctionnement global produisant beaucoup plus de chaleur que d’électricité c’est la quantité de chaleur consommée par le foyer qui détermine la taille de la PAC et non pas la consommation électrique. En application embarquée l’hydrogène, venant du reforming industriel de gaz, est comprimé dans une ou plusieurs bouteilles en matériau composite et la chaleur générée par la pile est perdue. Seule la partie électrique est utilisable, hormis la fonction chauffage de la cabine du véhicule.

                 Tout cela n’annonce pas une future et imminente révolution dans les transports, les solutions PAC se heurtant à la solution 100% électrique sur batterie, à la mise en place d’un réseau de distribution d’hydrogène, à l’obtention d’hydrogène à bon compte sans émissions de CO2, aux prix délirants d’une unité en ordre de marche. Des détails!

Le 22 Décembre 2008.

Commentaires

11 réponses à “Comprendre de façon simple le rendement d’une pile à combustible, même si ce n’est pas sur Wikipedia!”

  1. Avatar de Darkoneko

    Libre à vous d’aller améliorer l’article… ça n’est pas toujours « aux autres » de le faire 🙂

  2. Avatar de MiKA
    MiKA

    petite correction: l’unité est le Kelvin (K) pour la température, et non pas de degré Kelvin (°K)…

  3. Avatar de el gringo

    Dans une réaction d’électrolyse, il faut en effet fournir au moins 0.25 Volts supplémentaire au 1.23 Volts pour que la réaction se produise. Cela est dû au fait qu’il faut aussi fournir de l’énergie pour lutter contre l’entropie de la réaction.
    La différence de potentiel théorique entre le potentiel d’une électrode à oxygène et celui d’une électrode à hydrogène est de 1,23 V en circuit ouvert à 298K. En circuit fermé, cette différence de potentiel est plus faible.
    Cela est dû à la cinétique des réactions électrochimiques, aux chutes ohmiques, à la diffusion des réactifs dans les électrodes, etc …
    Par contre, vous faites une erreur en considérant que l’eau produite doit être sous forme liquide. Elle peut être sous forme gazeuse d’où d’ailleurs l’intérêt de travailler à plus haute température pour les piles bien que cela abaisse un peu leur rendement. Pour certaines piles comme les PEMFC, la température est limitée à 90°C car au delà cela pose des problèmes de perte d’hydratation de l’électrolyte. Si la différence de potentiel théorique change peu avec 1,18 Volts pour la formation d’eau gazeuse, la « tension de chaleur nulle » chute alors à 1.25 Volts en phase gazeuse contre 1.48 Volts en phase liquide.
    Le rendement maximal théorique qui est de 83% (1.23/1.48) lors de la formation de l’eau liquide (DH° = -286kJ/mol) à 298K passe alors à 95% (1.18/1.25) pour la formation de l’eau sous forme gazeuse (DH° = -242kJ/mol) toujours à 298K.
    Dans la réalité, avec une tension mésurée de 0.7 Volt en sortie pour les piles actuelles, le rendement est de 56% (0.7/1.25).
    http://c-velec.etu.inpg.fr/projets/hychain-projet-collectif-2005-2006/images/Transport%20%E9lectrique%20routier%20V%E9hicules%20%E9lectriques%20%E0%20pile%20%E0%20combustible.pdf

  4. Avatar de Raymond Bonnaterre

    L’électrochimie est une science complexe qui Dieu soit loué ne se ramène pas qu’à des considérations thermodynamiques. C’est pour cela que je ne tiens compte que de modèles simples ou l’eau est liquide et le vin d’un bon cru.

  5. Avatar de Steph
    Steph

    @Raymond : « je ne tiens compte que de modèles simples ou l’eau est liquide et le vin d’un bon cru »
    Bigre ! Les bons crus sont, à ce qu’il me semble, tout sauf simples. C’est même l’un des nombreux cas de complexité où l’on sort du domaine de la technique pour entrer dans celui de l’art… pardon, l’Art. 😉
    Joyeuses fêtes au blog Energie !

  6. Avatar de PM
    PM

    Je vous signale un article allant dans le sens du dernier paragraphe :
    U. Bossel, Does a hydrogen economy make sense ? Proceedings of the IEEE, 2006
    http://www.efcf.com/reports/E21.pdf
    Voici la conclusion : « The title question must be answered with a definitive: « Never » »

  7. Avatar de Baka^3
    Baka^3

    « L’électrochimie est une science complexe qui Dieu soit loué ne se ramène pas qu’à des considérations thermodynamiques. C’est pour cela que je ne tiens compte que de modèles simples ou l’eau est liquide et le vin d’un bon cru. »
    Donc en gros, vous préférez le moteur 2 temps parce qu’il est plus simple à modéliser?
    Je saisis pas bien le propos là.

  8. Avatar de Raymond
    Raymond

    Il y a une raison simple à ne considérer qu’un électrolyte aqueux liquide c’est que je ne vois pas très bien comment assurer le transfert de charge ionique dans un gaz. Je n’ai pas encore étudié l’électrochimie des plasmas, mais ce doit être une spécialité passionnante qui sera absolument indispensable pour faire mouvoir les futurs véhicules intergalactiques. Quand au moteur à deux temps, mon cher Baka, je n’ai toujours pas compris comment ça marche. De mémoire, celui de mon scooter (un Lambretta) était assez sale et plutôt bruyant.

  9. Avatar de baka^3
    baka^3

    Ah bah d’accord, là je comprends mieux.
    Eh bien moi, je n’ai jamais rien compris à la physique nucléaire, mais ils sembleraient que les centrales nucléaires tournent quand même. 🙂
    Je partage avec vous cette réserve pour toute projection se basant sur un bond technologique.
    Mais enfin, pour ce qui est de la PAC, y’a un avenir assez probant à long terme (si les matériaux nécessaires pour en construire en quantité sont bien là).
    Alors évidemment, si c’est pour utiliser du méthane pour faire de l’hydrogène, ça ne sert à rien.
    Mais je vous parie que d’ici quarante ans, je verrai des centrales électriques (énergie primaire à préciser) couplées à de grands champs d’électrolyseurs. Et je vous souhaite de le voir aussi.
    De toute façon, c’est ça où aller à cheval, non?
    Bien cordialement,
    Baka^3

  10. Avatar de Christian
    Christian

    Pour info, on peut utiliser des électrolytes non-volatiles (des liquides ioniques pour être précis), ce qui permet de faire fonctionner la pile vers 120-140°C, ce qui chasse l’eau (qui s’évapore), tout en préservant une conductivité électrique élevée à l’espace compris entre les électrodes…
    Ca marche pas mal… Mais il faudra encore un peu de temps avant de produire en grande série…
    Quant au stockage de l’hydrogène, la chimie de base n’a pas dit son dernier mot… Enfin, je m’en vais lire l’article de U. Bossel quand même…

  11. Avatar de ray
    ray

    Mon cher Christian,
    Les électrolytes non volatils (le coq est un volatile, l’éther est volatil) dont vous parlez sont des sels fondus qui sont d’excellents conducteurs ioniques….tant qu’ils sont fondus (ex.industrie de l’Aluminium). Pour une batterie fixe raccordée au réseau électrique il n’est pas très complexe de maintenir le sel en fusion, mais sur un véhicule à l’arrêt c’est une autre paire de manches. C’est la raison pour laquelle les systèmes à sels fondus dans les applications embarquées comme les transports ne rencontrent que bien peu de succès.

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