La fermeture des centrales nucléaires allemandes est un vrai problème européen

La politique énergétique de l’Europe n’existe pas mais cela n’empêche pas que les réseaux électriques nationaux soient de mieux en mieux interconnectés afin que chacun puisse répondre plus aisément aux fluctuations de la demande et aux aléas de l’offre. Il est évident que la disparition de 7 GW de puissance électronucléaire en Allemagne devra être forcément digérée l’hiver prochain par l’ensemble des réseaux nationaux. Ceci se fera soit en produisant plus de puissance alternative (lignite, charbon, gaz) en Allemagne, soit en produisant plus dans chacun des États limitrophes, soit en orchestrant des délestages d’énergie par-ci ou par-là. Le plus probable est que cet évènement politique entraînera une modification importante des échanges d’énergie électrique entre l’Allemagne et ses voisins.

Allemagne-Electricité-2010

En 2010 les exportations allemandes d’électricité ont représenté en moyenne 10% des productions locales (TAB.). En Février 2011 elles ont même atteint 12% du total et près de la moitié des productions d’énergie électrique d’origine nucléaire.

L’arrêt de 40% des productions électronucléaires (5 TWh/mois) peut donc être théoriquement satisfait par la réduction d’autant des exportations allemandes.

Bien entendu la réalité sera plus complexe durant l’hiver prochain, chacun essayera de produire plus ou de consommer moins, mais il est une évidence: les pays européens limitrophes de l’Allemagne connaîtront des limitations dans leurs importations d’énergie électrique. Dans le cas de la France une telle situation va obliger le producteur national majoritaire à exiger plus de vigilance et de discipline de la part de ses équipes parfois « inattentives ». Sinon, il faudra compter les délestages.

Le 30 Mai 2011

Commentaires

5 réponses à “La fermeture des centrales nucléaires allemandes est un vrai problème européen”

  1. Avatar de Tonton
    Tonton

    En effet la situation risque d’être assez difficile en France cet hiver.
    Cependant je manque de données pour évaluer correctement le déficit d’électricité qu’il va falloir trouver de toute façon.
    Est-ce que les productions maximales de l’ensemble des sources de pointe seront-elles suffisantes ? Peut-être pas, même si le réseau français s’est renforcé avec l’arrivée de plusieurs centrales au gaz.
    Il serait intéressant d’évaluer ce manque, les études doivent déjà faites chez RTE…

  2. Avatar de anonymous56
    anonymous56

    @Raymond
    >la part de ses équipes parfois « inattentives ».
    Qu’est ce que tu entends par là ?
    De plus, avec la sécheresse, le problème va se poser dès cet été à cause du niveau d’eau insuffisant pour la production d’électricité hydoélectrique ou pour le refroidissement des centrales thermiques ou nucléaires.

  3. Avatar de I.Lucas
    I.Lucas

    EDF avait fortement incité les particuliers et les industriels à faire de l’effacement jour de pointe.
    Cela permettait de limiter les pointes. En 1998, la capacité d’effacement était de 6GW.
    Les contrats d’EDF qui favorisaient l’effacement ont étés remplaces par des contrats basés sur le marché qui ne valorisent pas assez les capacités de pointe (ou l’effacement) et le volume des effacements est retombé à 2GW en 2010.
    A quelle vitesse peut on revenir en arrière?

  4. Avatar de Rémy
    Rémy

    L’an dernier EDF m’a refusé un contrat « Tempo » au motif que ces contrats n’étaient plus proposés pour les nouveaux abonnements.
    Leur stratégie était bien de se débarrasser progressivement de tous les contrats de type « effacement de pointe ».
    S’ils veulent de nouveau en faire la promotion, combien de temps leur faut-il pour les mettre en application ?
    Combien de temps avant que le volume correspondant soit significatif ?

  5. Avatar de Ray
    Ray

    « L’Hexagone a exporté en moyenne 7 GW ce dernier mois », indique Colette Lewiner, directrice de l’activité Energie, Utilities et Chimie de Capgemini au niveau mondial. Son maximum d’exportation se situe à 9 GW. Problème : quand vient l’hiver, c’est plutôt à la France d’être importatrice nette. L’année dernière, autour de 19h, l’Allemagne a renfloué les lignes très haute tension qui traversent la frontière. Où trouvera-t-elle cette année ses 7 GW manquants ? D’autant que la reprise économique outre-Rhin fait peser une certaine tension sur la demande d’électricité de la part des industriels.
    « Il est toujours possible de dire à ses citoyens par SMS de consommer moins d’électricité », indique Colette Lewiner. Voire, d’ordonner des coupures de courant. La Californie l’a fait en 2008, orchestrant non pas un black-out mais une série de « brown-out », faits de coupures tournantes. Le Brésil a également procédé à des coupures, lors d’années sèches couplées à des pannes hydrauliques. « Mais voir l’Allemagne le faire, ce serait nouveau » C’est non seulement la sécurité d’approvisionnement électrique allemande, mais européenne qui va se détériorer, indique la spécialiste en énergie de Capgemini.
    http://www.usinenouvelle.com/article/ce-que-la-sortie-du-nucleaire-allemand-va-changer.N152858

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