Peut-on survivre dans l’univers impitoyable du gaz naturel américain

                       Les prévisions dans l’univers du gaz naturel américain ne se réalisent que très rarement. Les dirigeants du hedge fund Amaranth  qui avaient fait perdre à leurs clients en 2006 la coquette somme  de 6,5 milliards de dollars, peuvent en témoigner. Pourtant le marché du gaz aux Etats-Unis progresse, tiré par la génération d’électricité (FIG.). Il a cru de 4,3% en 2007 par rapport à 2006 et il est en croissance de 3,1% en cumulé à fin Août 2008 par rapport à la même période 2007. C’est une source d’énergie qui permet de concevoir des centrales électriques très flexibles, complémentaires des sources d’énergie renouvelable et émettant peu de CO2. Elle a la faveur des producteurs d’électricité américains qui ont peur de futures taxes carbones sur leurs émanations de CO2 et qui, de ce fait, délaissent le charbon.Gazusaconso20022007

                     Fort de cette croissance des consommations les terminaux pour accueillir sur les côtes américaines du Gaz Naturel Liquéfié ont été lancés en grande pompe sur la base de prévisions qui annonçaient une croissance forte de ces importations de GNL. Citons le français Total qui a investi pour pouvoir disposer d’une partie des capacités de regazéification du terminal de Sabine Pass en Louisiane, pour pouvoir traiter jusqu’à 10 milliards de m3 de gaz par an, à partir d’Avril 2009.

                       Mais voila entre temps des petits malins locaux comme Chesapeake ont développé des méthodes modernes de forage pour aller chercher le bon gaz américain, proche des gazoducs existants, situé dans les énormes gisements de schistes bitumineux. Les productions de gaz naturel, stimulées par des cours merveilleux, ont donc fortement crues durant la première partie de 2008 (FIG.II). La production cumulée à fin Août 2007 qui représentait 81% des consommations, représente en 2008 près de  86% des consommations. Les Etats-Unis ont la possibilité de devenir à terme autonomes en production de gaz naturel.Gazusaproduction200808

         Mais la spéculation semble vouloir en décider autrement. Les cours du gaz naturel qui avaient atteint des sommets autour de 13 dollars le million de BTU au mois de Juillet sont retombés de moitié depuis. Alors les cours de Chesapeake dégringolent, des puits de forage ferment. Chevron qui devait forer 6 puits de production dans le Colorado sur le gisement du Bassin de Piceance vient de décider de s’arrêter à deux forages compte tenu de la faiblesse des cours du gaz.

                  On le voit, la vie d’un producteur de gaz aux Etats-Unis est rythmée par les fluctuations de cours à New York qui peuvent varier du simple au double en quelques mois. De telles variations de prix dans quelque domaine industriel que ce soit, sont incompatibles avec un développement industriel de qualité. L’ouverture ou la fermeture de puits est fortement dépendante des cours (FIG.). Il n’est pas certain que tous les petits producteurs locaux arrivent à survivre en ces périodes de vaches maigres. Gazusaforages

Le 23 Novembre 2008.

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