Les cols bleus de Detroit ont voté massivement Démocrate, pour Hillary tout d’abord, pour Obama ensuite. Politiquement, les Démocrates ne peuvent pas laisser choir cette grande industrie automobile pourvoyeuse de tant de centaines de milliers d’emplois à leurs électeurs. Economiquement, cette industrie représente dans les 250 milliards de dollars par an de ventes de véhicules neufs, produits par une industrie locale faisant travailler une multitude de sous-traitants. Socialement pensons toujours qu’il n’y a pas d’Assedic aux USA, le système d’entraide sociale à la mode européenne n’existe pas. L’industrie automobile est un des leviers de la puissance économique américaine. Les deux vont très mal en ce moment. Très mal pour cette industrie parce que les clients ont perdu leur ligne de crédit et leur « hypothèque rechargeable », parce que les modèles proposés ne sont plus dans le vent, parce que les équipes Marketing de ces entreprises se sont complètement trompées: les futurs véhicules seront « Smart and Green ». Mais pour définir et produire ces nouveaux modèles tant désirés, il faut beaucoup de technologie…que les sous-traitants ne maîtrisent pas. L’Amérique, encore plus que l’Europe est technologiquement en retard.
Les constructeurs européens ont poussé aux limites la maîtrise des moteurs à explosion peu polluants, par la diésélisation, par l’optimisation des rendements énergétiques. L’industrie automobile américaine en est encore à envisager de remplacer ses moteurs V6. Le chemin vers les nouveaux modèles hybrides ou électriques performants sera long et ingrat pour cette industrie américaine qui n’a pas suivi technologiquement.
Alors en attendant il faut sauver les « Trois grosses », quitte à les fusionner en partie ou en totalité. Nancy Pelosi la patronne des démocrates à la Chambre des Représentants et dans les faits porte-parole institutionnel du futur Président durant cette phase de transition, propose qu’une aide immédiate soit mobilisée par prélèvement de quelques dizaines de milliards de dollars du plan Paulson. Cette aide qui s’ajouterait aux 25 milliards de dollars déjà décidés (LIRE), aurait trois objectifs:
- restructurer les industries automobile pour assurer leur viabilité économique à long terme,
- satisfaire aux spécifications de consommation en carburants, y compris celles définies par de nouveaux standards,
- déployer les nouvelles technologies indispensables pour être compétitif sur le marché domestique et le marché mondial.
Les objectifs sont clairs mais le chemin est escarpé. Il va falloir ouvrir un guichet pendant plusieurs années, bien pourvu en centaines de milliards de dollars pour les atteindre. Ces quelques dizaines de milliards ne sont qu’une mise en bouche. En effet il ne faut pas oublier les nombreux équipementiers, eux aussi en grandes difficultés, qui viennent d’être mis sous surveillance négative par Standard and Poors qui n’exclue pas « que certains d’entre eux soient contraints de cesser leurs activités ». Il n’est pas sûr que les pays européens et asiatiques apprécient cette « légère distorsion de concurrence ».
Nous assistons en fait à la transformation profonde de tout un pan de l’industrie mondiale, avec l’introduction de technologies innovantes qui vont réduire par trois ou quatre l’apport d’énergie nécessaire par véhicule, qui vont diviser par deux les besoins en pétrole mondiaux, qui vont faire de l’électricité la nouvelle source d’énergie secondaire pour les transports. Reconversion inéluctable pour pouvoir abandonner l’essentiel de la ressource pétrole à la fin de ce siècle. Stratégiquement, l’Europe devra rapidement faire comme les US et aider son industrie automobile à se reconvertir, pour rester dans le coup. Ce ne sera que le énième coup de canif porté aux principes libéraux fondateurs de notre si peu efficace institution.
LIRE le communiqué sur le Site de Nancy Pelosi.
Le 16 Novembre 2008.

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