DEXIA : un financement d’un projet éolien à 5 millions d’euros par MW!!!

Dexia                          Lors d’une des innombrables réunions de l’ASPO, les 20 et 21 Octobre à Barcelone, Jérôme Guillet, Chef du Département Energie de la Banque DEXIA, a présenté les modalités de financement utilisées par sa banque pour accompagner les projets éoliens offshore. Pour cela il est parti de deux cas concrets le projet Q7 aux Pays-Bas portant sur 383 millions d’euros pour une puissance de 120MW (60 éoliennes Vestas de 2MW) et le projet C-Power, plus récent, en Belgique de 152 millions d’euros pour une puissance de 30MW. Le premier projet correspond donc à un investissement de 3,2 M euros par MW, mais le second atteint le chiffre astronomique de plus de 5 M euros par MW. Il est constitué de 6 éoliennes Repower de 5 MW chacune qui devraient entrer en activité à la fin de l’année.

                     Un tel projet qui date du mois de MAI 2007, ne serait plus financé aujourd’hui. Il montre les excès économiques auxquels était parvenue la profession. Elle profite en particulier de montages financiers complexes et d’une loi qui garantit d’acheter l’énergie électrique plus les droits d’émissions de CO2  à 107 euros/MWh minimum pendant 20 ans.

                     Un amortissement plus réaliste sur 5 ans (les aides gouvernementales peuvent être fugaces, une loi peut en détruire une autre) de cette affaire pour un taux de charge à pleine puissance de 5000 heures par an (57%) correspond à un montant de 203 euros par MWh. Si vous ajoutez des frais financiers de 6% et si vous supposez les frais d’entretien faibles les premières années on arrive à un break-even de 263 euros par MWh.

                     Ces calculs simples montrent que les subventions de l’ordre de 140 à 150 euros par MWh éolien offshore ne sont pas de trop et ils ont même intérêt à durer dans le temps, sous réserve de voir certains bilans déposés.

                      En conclusion, des projets éoliens offshore à 5 millions d’euros par MW ne sont pas raisonnables économiquement. De toutes façons les restrictions de crédits actuelles vont mettre fin à leur financement. Il faut donc s’attendre à quelques mésaventures financières ou abandons de projets dans les semaines ou les mois à venir. Il faudra donc que les industries éoliennes fassent d’énormes gains de productivité pour survivre.

Le 1er Novembre 2008.

Commentaires

3 réponses à “DEXIA : un financement d’un projet éolien à 5 millions d’euros par MW!!!”

  1. Avatar de karva
    karva

    bonjour,
    vos remarques sur l’éolien off-shore sont tout à fait justes: les Allemands, qui n’ont encore construit aucune centrale, ont décidé de payer (EEG 2009) l’éolien offshore à 150Euros/MWh, car leur industrie expliquait que ça ne pouvait pas se développer au tarif précédent (90 je crois).
    Or il faut savoir que l’onshore est proche de la saturation. Ils espèrent encore progresser par « repowering », cad changer de modèles pour meilleure efficacité..Et il reste cher: 90 Euros en 2009 pour un MWh on shore.
    En France, le tarif annoncé par Borloo est de 130 Euros pour le off-shore. Mais la France n’est pas un très bon terrain, la mer du Nord est mieux placée.
    Aberration qui prospère sur les peurs de nos sociétés!

  2. Avatar de Maxime C
    Maxime C

    trés entéressant, en même temps, d’un point de vue économique, il me semble que cela est dans la logique de la transmission par sur le marché concurrentiel des aides publiques à l’innovation.
    les aides publiques rapportent finalement à ceux qui font le plus de gain de productivité. Les plus mauvais coulent.
    Restent aux investisseurs à développer leur savoir faire pour déterminer le mieux du pire.
    On voit peut être là, et je tiens à dire peut être, l’ampleur que peuvent avoir les effets pervers de ce type de système d’aide à l’innovation. Si les investisseurs sont aveugles (et ils le sont souvent puisqu’il s’agit de recherche et d’innovation), ils deviennent moutonniers.
    J’espère que ça aménera réfléchir sur l’équilibrage du financement public de la recherche entre les les structures de recherche publiques et les privées.
    (sachant que dans le secteur énergétique, je ne sais pas où classer EDF).

  3. Avatar de Maxime C
    Maxime C

    juste une remarque,
    si les projets coulent prématurément notons que c’est surtout de l’argent privé qui sera perdu. (ceux qui ont refinancé les emprunts des structures de production en l’occurence).
    pour la collectivité cela pose donc deux problèmes, le besoin de sauver éventuellement les financeurs privé (si si ça arive ;-), et surtout que pendant qu’il y a ce bordel qui s’organise puis éclate, l’argent public n’a pas été utilisé sur d’autres pistes qui ont été snobbé par les investisseurs moutonniers.
    Dans le cas du secteur énergétique contemporain, rappelons quand même les investissements de l’UE dans la recherche sur le solaire à concentration, le transport à haute tension continue, … et de la région bretagne dans l’énergie marine 😉 un petit coucou à Jannick

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